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[Légumineuses] "De la protéine dans 60 % des prairies temporaires"

Chez Didier et Quentin Dupuis à Vausseroux dans les Deux-Sèvres, l’herbe est une culture aussi importante que les céréales. Pour approcher l’autonomie de leur troupeau, les légumineuses annuelles ou pérennes représentent un atout certain.

« Depuis maintenant une dizaine d’années, on a repensé notre système de production, en intégrant davantage de légumineuses dans nos prairies multiespèces et des méteils. Notre objectif étant de produire plus de protéines avec nos fourrages et non avec nos céréales. Au fur et à mesure du renouvellement des prairies, 60 % d’entre elles sont désormais composées avec des légumineuses, principalement du trèfle. Il représente entre 20 et 30 % du mélange. Aujourd’hui, nous sommes totalement autonomes en protéines sur notre atelier naissage et à 90-95 % sur l’ensemble de notre système naisseur-engraisseur. Sur l’élevage, l’herbe est une culture aussi importante que les céréales », explique Quentin Dupuis, à la tête avec son père d’un cheptel de 150 mères parthenaises en système naisseur-engraisseur.

Lire aussi : « Je sème mes prairies sous couvert d’un méteil » chez Philippe Bosc

Pas une goutte d’azote minéral n’est apportée sur les prairies, « le trèfle fait son travail ». Seul un épandage de fumier est réalisé une année sur deux. Les rendements en foin oscillent entre 5 et 6 tonnes de MS. Les prairies sont implantées assez tôt, à l’automne ou au printemps, sous couvert d’avoine/vesce ou de moha. Toutefois, le semis d’automne des prairies devenant compliqué, celui de printemps est privilégié. La première exploitation s’effectue sous forme de fauche. Ensuite, une exploitation mixte fauche-pâture est favorisée. « On privilégie la qualité des fourrages au rendement. »

Lire aussi : « Toujours plus de légumineuses dans les prairies temporaires » au Gaec du Moulinier dans le Cantal

Privilégier la qualité des fourrages

Les éleveurs implantent également chaque année des méteils avant maïs, sur 20 hectares. Composés de 60 % de seigle forestier, de 30 % de vesce velue et de 10 % de trèfle incarnat. « Ce mélange est facile d’implantation, productif et précoce. On a fait le choix de la vesce velue car plus facile d’implantation et d’exploitation que la luzerne tout en s’en approchant en valeur et en rendement. Le méteil permet également d’éponger nos sols hydromorphes l’hiver. Ce mélange est moins sensible aux maladies et au froid », souligne l’éleveur. Il représente un bon précédent cultural pour le maïs qu’il pénalise moins et facilite la préparation au semis. « Il nous assure un gain en carburant et limite l’usure du matériel. »

Lire aussi :« Des légumineuses dans les méteils pour plus d’autonomie » chez Pierre-Joël Lenormand dans l'Orne

Son semis avec un combiné intervient après un apport de 10 tonnes à l’hectare de fumier et une préparation du lit de semence, avec un déchaumeur à dents et à disques. « On essaye de l’implanter tôt, après une prairie temporaire de 5 à 8 ans, entre le 1er et le 15 septembre, afin de lui laisser assez de temps pour se développer avant l’hiver. On roule après le passage du semoir puis on intervient au printemps, avec un apport de deux fois 30 unités d’azote. » La récolte de ce fourrage se fait précocement, aux alentours du 15 avril pour une optimisation de la valeur (15 à 18 % de MAT) avec un objectif de matières sèches à 35-40 %. Il est ensilé puis conservé dans un silo couloir pour un rendement moyen de 6 à 7 t de MS/ha.

Au 1er mai, toutes les surfaces de maïs doivent quant à elles être semées pour une récolte au 15 septembre et un rendement moyen avoisinant les 12 à 14 tonnes de matières sèches. Les méteils s’intègrent dans une rotation maïs-céréales-maïs-céréales. Chaque année, cinq hectares de maïs sont semés après une vieille prairie.

Approcher l’autonomie en engraissement

Les rations des animaux sont distribuées avec une mélangeuse. Les vaches suitées (100 vêlages en octobre-novembre puis 50 en janvier-février) reçoivent une ration à base de deux tiers de méteils, un tiers d’ensilage de maïs, de la paille et du foin. « Depuis l’introduction des méteils sur l’exploitation, on a supprimé les achats de correcteur azoté pour l’atelier naissage (femelles en production et génisses). Sur la partie engraissement (30 taurillons de moins de 12 mois, 40 taurillons de 14 mois à 420 kilos carcasse et femelles en finition dans la démarche label rouge), on a diminué nos achats de correcteur. En engraissement, le méteil atteint au maximum un tiers de la ration (maïs ensilage, céréales, paille et correcteur) quand il est de bonne qualité. »

Cette année, quatre hectares de luzerne ont été implantés pour l’engraissement des animaux. Sa récolte est prévue sous forme d’enrubannage pour garder un maximum de feuilles.

Chiffres clés

162 ha dont 30 de céréales (blé, triticale, orge, épeautre), 25 de maïs, 4 de luzerne à l’essai en implantation, 103 de prairies (dont 14 de naturelles) et 20 de méteils avant maïs
150 vêlages naisseur-engraisseur
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Être exigeant sur la récolte

« On est assez pointilleux sur la récolte de l’herbe en foin. On fane le moins possible et plutôt le matin, pour perdre le moins possible de feuilles », note Quentin Dupuis. Le pressage a lieu, quant à lui, en fin de journée. Environ la moitié des parcelles fauchées en foin est par ailleurs déprimée par les animaux, avant récolte.

Pour la récolte des méteils, il est nécessaire « d’avoir cinq jours de beau temps pour bénéficier d’au moins trois jours de séchage. Par exemple si on fauche le lundi, on laisse sécher le mardi, on retourne le mercredi avec un retourneur d’andains (matériel spécifique de Cuma), on laisse sécher le jeudi et on ramasse le vendredi. Par ailleurs, lorsque l’on fauche le méteil, il doit être bien sec. »

Lire aussi : Des efforts de sélection pour les légumineuses prairiales

Lire aussi : Les ventes de légumineuses dépassent celles de graminées

 

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