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Le Sabot d’or 2022 de la race parthenaise pour Dominique Brémond

Qualités maternelles et docilité caractérisent le troupeau de parthenaises de Dominique Brémond, installé dans le Maine-et-Loire. Le fruit d’une sélection focalisée pendant plus de 25 ans.

Dominique Brémond a été l’un des premiers du Maine-et-Loire, au tournant des années 90, à se lancer dans l’élevage de parthenaises avec des animaux inscrits. À la Plaine, dans les Mauges, il élevait alors depuis déjà quelques années le troupeau familial Rouge des prés croisé charolais, qui présentait beaucoup de viande. « On avait peu de surfaces, une charge de travail importante et des vêlages difficiles avec trop de césariennes. À l’occasion de visites d’élevages parthenais, j’ai découvert avec d’autres éleveurs du coin une race qui était alors petite, ronde, et qui m’a plu », raconte Dominique Brémond. Des animaux aptes à répondre à la demande pour une viande de qualité exprimée par des négociants travaillant autour de son élevage.

« J’ai dès le début compris qu’il fallait travailler sur le lait. » De Soulier, son premier taureau acheté chez Jean-François Malinge - qui avait un bon papier pour le lait - au trophée du Sabot d’or obtenu en 2022, ce sont près de trente années de sélection sur cette cible de la production laitière qui ont été tenues. Le troupeau affiche un niveau d’aptitude laitière 5 points au-dessus de la moyenne de la race.

La production de lait comme fil rouge

La docilité est l’autre caractéristique du cheptel de Dominique Brémond. Pour créer son troupeau, l’éleveur a commencé par croiser un taureau parthenais sur ses charolaises. Mais les produits obtenus avaient trop de caractère à son goût. Il a alors changé de stratégie : ce dernier a vendu ses croisés et acheté une quinzaine de génisses parthenaises pleines, ainsi que sept ou huit laitonnes, et ceci trois années de suite.

« J’ai dès le départ choisi des animaux inscrits avec du potentiel génétique », souligne l’éleveur. Un seul transfert d’embryons a été réalisé. « J’ai eu trois femelles avec beaucoup de volume, mais elles n’ont pas été conservées longtemps car leurs mamelles n’étaient pas fonctionnelles. » Le troupeau a été ainsi construit à partir des génisses nées dans l’élevage, pour atteindre l’effectif de 95 vêlages environ entre les années 2000 et 2015, sur 72 ha de SAU.

Les aplombs et les mamelles ont fait l’objet d’une sélection rigoureuse. « J’ai cherché des bêtes avec une harmonie, de la longueur. On a monté une petite charpente et une ligne qui arrive à plus de rendement, avec toujours des vaches ayant l’aptitude à vêler et à élever leur veau, soulève Dominique Brémond. La parthenaise a un pouvoir de dilatation » s’amuse-t-il d’ailleurs à expliquer. « C’est comme quand on commence à les nourrir pour l’engraissement, elles se développent c’est impressionnant. »

Des veaux qui se débrouillent pour téter

Dans le troupeau de Dominique Brémond, les vêlages se passent sans aide dans la très grande majorité des cas. « J’ai construit un bâtiment pratique en 2006, et depuis, j’ai compté quatre césariennes. Ça fait vingt ans que je ne touche plus un veau : ils tètent seuls. Les vaches peuvent aussi élever des jumeaux. » Le taux de mortalité des veaux affichait 6 % en 2021 et 2,6 % l’année précédente. L’IVV moyen était de 385 jours et 379 jours, respectivement.

Une dizaine de vaches sont mères à taureaux, et sont inséminées. Un taureau est acheté pour saillir les génisses, et un autre pour le reste des mères. « J’ai toujours fait du testage. Je pense qu’il faut être attentif en ce moment à ne pas trop accumuler sur le caractère et choisir des lignées dociles » observe Dominique Brémond.

L’exploitant achète un taureau tous les deux ans à peu près, souvent à la station raciale d’évaluation de Melle, dans les Deux-Sèvres, et parfois en ferme. Des veaux nés chez lui sont chaque année sélectionnés pour être contrôlés. L’un d’eux, Sopalin, a d’ailleurs décroché le record du prix de vente de la station.

Une série de taureaux reconnus

Trois taureaux d’insémination signent le travail de sélection de Dominique Brémond.
Garfield, le premier, a été acheté à la station et recruté à l’âge de 5 ans par Évolution pour l’IA. Garfield a été très utilisé. Il est autorisé sur génisses et apporte du lait et une descendance calme. « J’ai des filles de Garfield âgées de 10 ans. Le jour où je l’ai acheté, je ne l’avais pas remarqué en amont de la vente, mais son calme et sa morphologie, avec sa belle couleur bien éclairée et sa tête, sa finesse et ses aplombs, m’ont convaincu. »

Layon, un veau né dans son élevage et recruté par Évolution à la station, plutôt typé élevage, est le second. Et depuis le printemps 2022, RTT, un taureau mixte qui est né chez Dominique Brémond, est entré en testage.

Flatteur, taureau de monte naturelle acheté à la station, a lui aussi marqué le troupeau. Il était davantage typé élevage, avec du lait et des longueurs. Il a fait preuve d’une exceptionnelle longévité : cinq ans et demi en service chez Dominique Brémond, puis dans deux autres élevages, jusqu’à l’âge de 13 ans.

Macaron, acheté lui aussi à la station, a apporté du format et a participé au concours national qui a eu lieu au Space en 2018. Lambin, acheté en ferme chez Jean-François Malinge, était typé viande, très épais, mais à vêlage facile.

Celui qui est en service actuellement dans le troupeau, c’est Oignon, issu de la station d’évaluation. « J’avais déjà eu un taureau homonyme dans le troupeau, ce qui fait qu’il n’était pas parmi les taureaux que j’avais repéré avant la vente, se rappelle Dominique Brémond. Mais je suis maintenant très content de ne pas l’avoir laissé passer. C’est un taureau qui s’est épanoui après ses deux ans et demi. »

Une dizaine de mâles sont vendus chaque année en reproducteurs, et les autres en jeunes bovins. Des reproductrices sont vendues à des éleveurs qui montent un troupeau, ainsi que des génisses pleines via l’organisme de sélection.

Toutes les autres femelles sont valorisées en filière label rouge. Les poids de carcasse tournent autour de 530 kg. Elles sont vendues à la Scape, une coopérative qui regroupe une soixantaine d’éleveurs spécialisés dans la parthenaise. Les animaux sont abattus à Parthenay (Deux-Sèvres) pour une clientèle d’artisans bouchers et pour Rungis.

Avis d’expert : Nicolas Jeauneau, conseiller Seenovia

« Le cumul sur la facilité de naissance et le lait »

Nicolas Jeauneau de Seenovia

« Dominique est un passionné d’élevage qui sélectionne depuis toujours sur les qualités maternelles et la docilité.

Le cumul sur la facilité de naissance et le lait lui a permis de répondre à des demandes d’éleveurs confortées par les bons résultats techniques et génétiques de son troupeau.

Nous échangeons beaucoup sur la morphologie des animaux pour trier les reproducteurs à vendre en y associant les index père et mère.

Le choix de ses reproducteurs, l’analyse du bilan génétique et des fiches carrières, les échanges avec les divers organismes de sélection lui ont permis d’atteindre un très bon niveau génétique qui lui est récompensé par le Sabot d’or de la race en 2022. »

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