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Le porc, une alternative crédible dans le Limousin

La coopérative Cirhyo développe un modèle de production basé sur la fourniture de porcelets issus de ses centres de naissage. Il est destiné aux agriculteurs en recherche de diversification dans des zones de polycultures-élevages, à l'image de Pierre Fourches.

Jeune agriculteur installé à Seilhac en Corrèze, depuis 2009, Pierre Fourches a décidé d’investir dans l’élevage de porc, en complément de ses 80 vaches limousines en sélection et de 90 hectares de SAU, essentiellement exploités en prairies. Il s’approvisionne auprès de sa coopérative Cirhyo à hauteur de 530 porcelets de huit kilos toutes les neuf semaines. Les porcs charcutiers élevés dans des bâtiments sont vendus sous signe de qualité label rouge Porc Délice. Pour cela, l’éleveur a totalement rénové les bâtiments que son père exploitait avec 100 truies naisseur engraisseur en multiplication. Il vient également de construire un engraissement neuf de 750 places. Avec au total 530 places de post-sevrage et 1 060 places d’engraissement, son objectif est de produire 3 100 porcs par an.

Diversifier ses productions animales

« J’ai toujours été passionné par le porc », explique Pierre Fourches. Aussi, plutôt que d’augmenter la taille de son atelier bovin pour développer son exploitation, il a préféré se diversifier. « Cela permet de créer un revenu supplémentaire non négligeable avec la même surface de terres. » D’autant plus que le lisier est une denrée recherchée dans la région pour fertiliser les surfaces essentiellement consacrées aux prairies, et que les candidats prêteurs de terres sont nombreux. Cependant, pas question pour autant de recréer un atelier naissage. « Trop d’investissements et de contraintes de main-d’œuvre », résume-t-il. La coopérative Cirhyo s’engage à lui fournir des porcelets de qualité issus de l’un de ses centres de naissage . Pas question non plus de choisir l’intégration. Pierre Fourches achète les porcelets sur la base de leur coût de production. Pour maîtriser ses charges, il a pris l’habitude d’anticiper ses achats d’aliment en contractualisant sur des périodes pouvant aller jusqu’à un an, excepté le 1er âge pour lequel il passe par un achat groupé géré par son groupement. En traitant un contrat sur 12 mois en mai 2018 pour ses aliments 2e âge et engraissement, il bénéficie encore maintenant d’un prix beaucoup plus bas que celui du marché actuel. « Les fabricants d’aliment de la région jouent le jeu, explique-t-il. Ces contrats nous permettent d’être décideur du moment où il faut acheter. »

Une plus-value élevée à la vente

Les porcs charcutiers sont abattus à Lapalisse, dans l’Allier, l’un des deux abattoirs Tradival dans lesquels Cirhyo est actionnaire. Pour écraser les charges de transport, l’abattoir demande à l’éleveur de faire des lots correspondant à la capacité de transport d’un camion, soit 200 porcs environ. « C’est l’un des éléments qui a guidé la structuration de l’atelier », explique l’éleveur. Il peut facilement faire partir un lot de 530 porcs en trois départs, d’autant plus que la gamme de poids est large, entre 80 et 115 kg. « C’est un élément essentiel de la rentabilité de l’atelier. La contrainte d’âge minimum à l’abattage de 182 jours imposé par le label rouge n’est pas pénalisante dans ce cas. Le poids moyen des carcasses est supérieur à 100 kg froid. » Un système d’alimentation multiphase à sec associé à un sexage des animaux permet d’obtenir malgré tout de bons TMP. La plus-value technique est de 12 centimes par kilos. À cela s’ajoutent la prime QT et une plus-value label rouge, ce qui permet une rémunération sur la base du prix cadran + 22 centimes par kilo en moyenne sur l’ensemble des porcs vendus. Par ailleurs, la coopérative Cirhyo a récemment versé à ses adhérents producteurs de label rouge Porc Délice un complément de 3,05 euros par porc labellisé, grâce notamment au partenariat signé avec les magasins Lidl qui a permis de développer la production de porcs label rouge.

Tous ces éléments mis bout à bout permettent à Pierre Fourches d’envisager sereinement et progressivement le développement de son activité porc. « Mon objectif est de passer à une bande de 530 porcelets toutes les six semaines au lieu de neuf semaines actuellement. Pour cela, il me suffit de construire trois salles supplémentaires en complément de mon nouvel engraissement. » L’emplacement est réservé. Les équipements – gaine de ventilation, chaîne d’alimentation, circuit électrique… – ont été configurés en vue de cette évolution. Cirhyo est prêt à lui fournir les porcelets et à assurer ses débouchés. À 33 ans, le jeune éleveur a toutes les cartes en main pour mener à bien son projet.

En chiffres

L’EARL Fourches

80 vaches allaitantes en sélection de race Limousine

530 places de post-sevrage et 1 060 places d’engraissement en label rouge Porc Délice

90 hectares de SAU

Les centres de naissage, un des moteurs du développement de Cirhyo

Pour assurer le développement de la production, le groupe Cirhyo mise de plus en plus sur ses « centres de naissages », des ateliers de taille importante (1 500 truies en moyenne) détenus par le groupement. « Ces outils permettent aux éleveurs de concentrer leurs capacités d’investissements dans leurs outils propres », explique Laurent David, technicien Cirhyo. L’objectif affiché est de maintenir et de développer des élevages post-sevrage engraissement chez des agriculteurs qui pratiquent la polyculture-élevage, le modèle de production dominant sur la zone d’influence de Cirhyo. « Pour ces éleveurs, le groupement propose des solutions à la carte pour les accompagner dans leurs investissements, continue le technicien. Certains éleveurs choisissent aussi de recourir au façonnage pour sécuriser leurs revenus. »

La production de porcelets issus de ces centres de naissage est intégralement gérée par le groupement. Elle est supervisée par un technicien. Le prix des porcelets vendus aux éleveurs est indexé sur leur coût de production. Cirhyo gère actuellement 10 centres de naissage. Ils produisent environ 25 % des porcs charcutiers commercialisés par le groupement (60 000 truies, 1,3 million de porcs commercialisés par an). "Notre objectif est de développer une filière verticale, ouverte en amont, avec un groupement qui apporte les meilleurs services possible aux adhérents via son service technique et les appels d’offres pour les fournitures, et un aval fort qui sécurise les débouchés et garantit le paiement des porcs charcutiers." Pour l’aval, Cirhyo s’appuie sur le groupe Tradival dans lequel il est actionnaire. Le groupe détient deux abattoirs et une usine de produits transformés. La part des signes officiels de qualité est importante : 3 000 porcs par semaine en label rouge (Porc Délice et Porcs fermiers d’Auvergne), et 400 porcs par semaine en bio, soit près de 15 % de la production totale du groupe.

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