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Le marché du lait bio peine toujours à se rééquilibrer

Les ventes de produits laitiers bio en supermarché ont moins baissé en 2024 qu'en 2023. Mais après s'être stabilisés en septembre, les chiffres d’octobre ne sont pas bons. Côté positif, la consommation en réseau spécialisé bio reprend des couleurs, offrant une lueur d’espoir à la filière laitière bio.

<em class="placeholder">graphique sur l&#039;évolution des ventes de produits laitiers bio en grande distribution généraliste. </em>
La baisse des ventes s'atténue en 2024 pour les produits laitiers bio en GMS
© Cniel

« Les chiffres d’octobre des ventes de produits laitiers biologiques en grande distribution ont douché les espoirs de la filière laitière bio : -7 % tous produits confondus, sur douze mois glissants, plante Corentin Puvilland, du service économique du Cniel. En septembre, la consommation des ménages était ressortie stable. Des hausses de vente sur un an commençaient même à être observées : + 10 % pour le beurre et + 2 % pour l’ultra frais. C’est sans doute lié au fait que le beurre est un des produits où il y a le moins d’écart de prix entre le conventionnel et le bio. La filière espérait donc qu’un plancher était atteint, avant un éventuel rebond. Ce n'est pas encore le cas. »

En cumul sur l’année 2024 - données arrêtées au mois d’octobre -, la baisse de la consommation est évaluée à -6 % en volume, en grande distribution. « C’est un rythme de décroissance ralenti par rapport à celui des deux années précédentes (-12 %). »

La restauration collective est toujours loin de respecter Egalim

Autre signe négatif : le niveau d’achats de produits laitiers bio dans la restauration collective est toujours très loin de l’objectif de la loi Egalim de 20 % de produits bio. « 8,1 % des produits laitiers utilisés en restauration collective sont bios, précise Yves Sauvaget, président de la commission bio du Cniel. La restauration scolaire est la meilleure élève : 16 % d’après les déclarations sur "Ma cantine", mais la restauration médicale est plus proche de 6 %. Les restrictions budgétaires sont clairement en cause. Les achats de la restauration collective ne progressent que très lentement. Egalim sera respectée en 2038 à ce rythme ! Cela risque de perdurer à cause des restrictions budgétaires, même s’il existe des moyens de cuisiner autrement pour intégrer du bio sans surcoûts. »

Selon les estimations du Cniel, cela correspond à 55 millions de litres de lait bio valorisés par la restauration collective. Si les cantines respectaient Egalim, entre 80 et 120 millions de litres supplémentaires pourraient être valorisés en bio sur ce créneau.

Hausse de la consommation en réseau spécialisé bio

La distribution spécialisée en bio fait echo de meilleurs résultats. « Nous n’avons pas de données précises, seulement des remontées de terrain, qui indiquent que les ventes de produits laitiers bio repartent à la hausse. Même si les hausses ne sont pas spectaculaires, c’est positif, estime Corentin Puvilland. Les enseignes bio ont fait des efforts sur le prix, avec des offres premier prix et des marques de distributeur. »

Autre signe positif : le nombre de références bio, après avoir beaucoup baissé, semble se stabiliser depuis plusieurs mois. Le plancher semble avoir été atteint. « Sur certaines références, une croissance des ventes par rapport à avant la crise nous est remontée », indique Corentin Puvilland.

Enfin, « par rapport à d’autres productions, l’écart de prix est faible entre les produits laitiers bio et les produits laitiers conventionnels. C’est un atout pour sortir de cette crise de la consommation », ajoute Yves Sauvaget.

La collecte et le nombre d’éleveurs poursuivent leur chute

De janvier à juillet 2024, la baisse de la collecte de lait bio se poursuit au même rythme qu’en 2023 : -4,6 % en cumul sept mois. La production diminue dans toutes les régions, sauf en Normandie où la collecte est stabilisée. Sur douze mois glissants, la collecte de lait bio française atteint ainsi 1,2 milliard de litres en juillet 2024. Cette chute de la production suit celle du nombre d’exploitations collectées. La France en comptait 3871 en mai 2024, soit -7,2 % par rapport à mai 2023. « Pour moitié, ce sont des exploitations qui reviennent en conventionnel. Pour moitié, ce sont des exploitations qui arrêtent l’activité laitière », ajoute Corentin Puvilland, du Cniel.

Deux régions - Auvergne Rhône Alpes et Nouvelle Aquitaine - vivent une hémorragie de leur collecte et du nombre de livreurs. « C’est une préoccupation pour toute la filière, conventionnelle comprise. Même si en Auvergne Rhône Alpes il y a un certain nombre de passages en AOP, il y a également beaucoup de cessations laitières », insiste Yves Sauvaget.

Le prix du lait bio s’est établi en moyenne à 491,7 euros les 1000 litres sur douze mois glissants - données arrêtées à juillet 2024. Soit une très légère hausse par rapport au chiffre de juillet 2023 (484,4 €/1000 l).

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