Le kernza, une céréale pérenne, « modèle et prometteuse » pour diversifier les systèmes
C’est une nouvelle culture qui pourrait diversifier les systèmes. Le kernza est une céréale pérenne. Elle fait l’objet de recherches en Amérique du nord et commence à être étudiée en France. Dans le cadre de son doctorat à l’Isara Lyon, Olivier Duchêne mène des expérimentations depuis trois ans. Pour lui, les céréales pérennes sont « un défi pour une agriculture multifonctionnelle ».
C’est une nouvelle culture qui pourrait diversifier les systèmes. Le kernza est une céréale pérenne. Elle fait l’objet de recherches en Amérique du nord et commence à être étudiée en France. Dans le cadre de son doctorat à l’Isara Lyon, Olivier Duchêne mène des expérimentations depuis trois ans. Pour lui, les céréales pérennes sont « un défi pour une agriculture multifonctionnelle ».
Le kernza, c’est le nom d’une céréale originaire des hauts-plateaux d’Iran. Elle est étudiée depuis trois ans à l’Isara, l’école d’agronomie de Lyon, car la graminée présente la caractéristique d’être pérenne. C’est un des axes de travail de Christophe David, Dr en Sciences agronomiques. C'est aussi le sujet de thèse d’Olivier Duchêne, dont les recherches ont débuté en 2017.
Les céréales pérennes sont « un défi pour une agriculture multifonctionnelle » avancent les chercheurs dans un dossier de présentation disponible en ligne.
Thinopyrum intermedium, c’est son nom latin, est une « plante modèle et prometteuse ». Ses principaux atouts : un cycle de production possible sur plusieurs années et une double utilisation grain-fourrage. Le grain est utilisé en alimentation humaine, tandis que la « biomasse végétative » est utilisée en alimentation animale, explique Olivier Duchêne dans un reportage diffusé sur France 3 le 25 août.
Nombreux bénéfices
Le kernza présente aussi l’avantage d’être une espèce rustique, moins sensible aux aléas climatiques et aux maladies.
La plante pérenne, cultivée plusieurs années de suite, permet de laisser le sol couvert et assure ainsi une protection contre l’érosion. La réduction du travail du sol réduit aussi les perturbations pour ce sol. La vie biologique et microbiologique du sol est stimulée tandis que le système racinaire se développe de façon plus importante grâce à l’effet structurant pour les racines du non-passage d’outils. Sur plusieurs années, les racines vont chercher les ressources du sol plus en profondeur. La plante est plus résistante à la sécheresse et moins gourmande en eau que le blé ou le maïs.Sur la durée, la céréale permet aussi une capture des nitrates et un stockage du carbone.
Son point faible : un rendement bas
Les chercheurs le reconnaissent : le rendement en grain du kernza est « très faible ». En « domestication directe », le Thinopyrum a un rendement près de 7 fois inférieur environ à une céréale classique. Son rendement grain peut aller jusqu’à 20 q/ha mais il est souvent inférieur. Son rendement en biomasse végétale est de 10 à 15 tonnes de matière sèche.
Le compromis entre pérennité et rendement grain peut être différent dans le cas d’un croisement Thinopyrum x Triticum, pour obtenir un blé pérenne. La plante offre également un potentiel en amélioration variétale, avec « un fort potentiel pour le transfert de gènes d’intérêt », pour lutter contre les maladies cryptogamiques notamment, précisent les chercheurs.
Des essais sont menés sur plusieurs sites en France et en Belgique, sous la responsabilité de différents organismes. L'Inrae, notamment, s'investit dans le projet. Aux Etats-Unis et au Canada, les recherches ont démarré plus tôt qu'en Europe. Un programme de sélection initié en 1980 a été repris en 2007. Des échanges d’information existent et l’ensemble du programme de recherche fonctionne en réseau.
La bière : débouché en alimentation humaine
Une enquête en ligne a été menée aux USA et en France auprès de 477 producteurs et 91 transformateurs biologiques pour évaluer les attentes et enjeux liés à la production de céréales pérennes.
En alimentation humaine, les débouchés explorés sont classiquement ceux du pain et des pâtes. Plus original : une boisson fermentée.
En France, Christophe Bellet, ancien élève de l’Isara Lyon devenu brasseur à la Brasserie Dulion dans le Rhône, teste ce nouvel ingrédient pour la fabrication de la bière. Une alternative aux céréales traditionnelles qui lui permet d’élargir la palette gustative de ses bières avec des notes épicées atypiques.
Le projet est présenté par Christophe David, dans une vidéo en anglais.
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