Ours : le gouvernement autorise à nouveau les tirs d’effarouchement
Les mesures d’effarouchement des ours, très controversées et retoquées à plusieurs reprises par le Conseil d’Etat, viennent d’être pérennisées par un arrêté publié au Journal officiel le 20 juin.
Les mesures d’effarouchement des ours, très controversées et retoquées à plusieurs reprises par le Conseil d’Etat, viennent d’être pérennisées par un arrêté publié au Journal officiel le 20 juin.
Les autorités françaises avaient autorisé en 2019, à titre expérimental, différentes mesures d’effarouchement pour éloigner les ours des troupeaux pyrénéens afin de prévenir les attaques de troupeaux. Elles ont été reconduites chaque année, toujours à titre expérimental. Les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique estiment, qu’avec trois années de recul, les bilans montrent « l'absence d'effets négatifs apparents » sur la population d'ours et « une certaine efficacité concernant l'évitement de la prédation », selon l'argumentaire posté lors de la mise en consultation publique de l'arrêté fin avril. La décision a donc été prise de rendre ces mesures durables.
Effarouchement « simple » ou « renforcé »
Sur dérogation préfectorale, les éleveurs peuvent donc avoir recours à un effarouchement "simple" avec des moyens olfactifs, lumineux (torches, phares, signaux lumineux de toute nature, guirlandes lumineuses) ou sonores (effaroucheurs sonores de toute nature, à l’exception des dispositifs utilisant des systèmes pyrotechniques tels que les lance-fusées et les canons à gaz, cloches, sifflets, pétards, corne de brume, sirènes, avertisseurs, porte-voix). Un effarouchement « renforcé » à l’aide de tirs non létaux (cartouches à double détonation ou balles en caoutchouc) peut être demandé dans certaines circonstances de répétition des attaques, si les mesures sonores et lumineuses n’ont pas suffi, à l’exclusion du cœur du Parc national des Pyrénées.
Mesures attaquées
Les associations de défense ont toujours dénoncé ces mesures d’effarouchement, notamment les tirs non létaux, et ont plusieurs fois gagné devant le Conseil d’Etat qui, dans sa dernière décision d’avril 2022, avait à nouveau annulé ces dispositions pour l’arrêté de 2021. Alors que l'ours brun est une espèce protégée, le Conseil d'Etat avait estimé que les dispositions de l'effarouchement renforcé ne permettaient « pas toujours de s'assurer que les dérogations ne portent pas atteinte au maintien des populations concernées dans leur aire de répartition naturelle et ne compromettent pas l'amélioration de l'état de l'espèce ». Alors que l’ours a bien failli disparaitre du paysage français puisqu’il ne restait plus que cinq individus dans les années 1990, la population des ursidés est aujourd’hui estimée à 70 (selon les chiffres, encore incertains, de 2021 de l’Office français pour la biodiversité).
L’augmentation du nombre de plantigrades a fait réagir le monde agricole qui considère l’ours comme une menace pour les troupeaux. En 2021, 486 dossiers d’indemnisation ont été enregistrés avec 723 animaux tués (essentiellement des ovins, mais la responsabilité de l’ours n’est pas prouvée pour tous ces décès.
Des éleveurs font régulièrement état d'attaques de leurs troupeaux en estive par des ours, comme cette jeune éleveuse Lydie Pujo le 20 juin sur Facebook.