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Diminuer les résidus de phyto dans les vins avec le lavage des raisins et les exopolymères bactériens

L’IFV, Inter Rhône, l’université de Bourgogne et les laboratoires Dubernet ont testé différentes méthodes pour éliminer les résidus de produits phytosanitaires dans les vins. Le lavage à l’eau des grappes et l’emploi d’exopolymères bactériens sont intéressants.

Machine à vendanger Grégoire en train de verser les raisins dans la benne du tracteur.
Les raisins ramassés à la machine contiennent moins de résidus de phyto ; ils sont majoritairement dans les jus de benne.
© X. Delbecque

Bien que n’éliminant aucune matière active à 100 %, le lavage des raisins semble une technique intéressante pour réduire les quantités de résidus de pesticides dans les vins. C’est ce qui ressort d’une expérimentation menée sur des lots de 10 kg de raisins par l’IFV et dont les résultats ont été publiés dans la Revue des Œnologues de juillet 2023. La modalité la plus intéressante est celle du lavage en statique avec de l’eau acidifiée à pH 2,8. Une simple immersion dans de l’eau courante ou brassée permet de moindres réductions. Quant au lavage en statique dans de l’eau basique à pH 11,7 et au nettoyage dans de l’eau avec des ultrasons, ils n’apportent pas d’efficacité supplémentaire.

Les produits ayant pénétré dans la pulpe sont peu éliminés par l’eau

Néanmoins, même le lavage dans de l’eau acidifiée n’élimine pas toutes les molécules. Il permet de baisser les doses de cuivre de l’ordre de 50 % et celles de diméthomorphe, fenhexamide, fenpyrazamine, fluxapyroxad ou encore iprovalicarb de plus de 80 %. En revanche, le pyriméthanil ou le fluopyram semblent peu sensibles au traitement, avec des réductions respectives de seulement -9 % et -20 %.

En poussant plus loin leurs expérimentations, les chercheurs ont établi que ces matières actives se situent dans la pulpe, contrairement aux autres, positionnées sur la peau. Ce qui explique leur moindre lessivabilité. De son côté, l’acide phosphonique n’est quasiment pas éliminé, ce qui a amené Inter Rhône à tenter la captation par des fibres végétales, sans aucun succès. En 2021, l’IFV a poursuivi ses essais sur des raisins vendangés à la machine et a établi qu’ils sont moins « contaminés » que ceux récoltés manuellement, les résidus se retrouvant majoritairement dans les jus de benne.

Vers des ajouts de bactéries lactiques planctoniques ?

De son côté, l’université de Bourgogne a planché durant trois ans sur les composés extracellulaires de bactéries lactiques. Les chercheurs ont établi l’intérêt d’un ajout de 10 g/l d’exopolymères de bactéries lactiques purifiés et lyophilisés. Les résidus de boscalid, fenhexamide, fluopicolide et pyriméthanil ont pu être réduits d’environ 30 %. Et ce, pour des exopolymères des bactéries Weissella confusa, Leuconostoc mesenteroides et Lactobacillus plantarum. L’ajout de bactéries lactiques sous forme planctonique sur moût s’avère également efficace, avec des diminutions de résidus comprises entre 15 et 30 %.

À l’inverse, les chercheurs d’Inter Rhône et de l’IFV n’ont pas observé d’impact de l’élevage sur levures sèches actives ou écorces de levures, que ce soit sur rosé ou sur rouge. De même, l’élevage sur lies n’impacte aucunement les taux de résidus.

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