Longévité des vaches laitières : 138 jours de lactation supplémentaires grâce à la présence de Blastocystis, biomarqueur intestinal
Les vaches laitières porteuses du protozoaire Blastocystis seraient plus à même d’avoir une meilleure carrière, grâce à un système immunitaire plus robuste. D’ici l’été 2025, Gènes Diffusion et des entreprises de conseils proposeront un kit d’analyse des bouses pour que les éleveurs adaptent leur taux de renouvellement.
Les vaches laitières porteuses du protozoaire Blastocystis seraient plus à même d’avoir une meilleure carrière, grâce à un système immunitaire plus robuste. D’ici l’été 2025, Gènes Diffusion et des entreprises de conseils proposeront un kit d’analyse des bouses pour que les éleveurs adaptent leur taux de renouvellement.
Et si l’identification d’un parasite intestinal, par une simple analyse de bouse, permettait de prédire la longévité des vaches laitières ? C’est ce que la filiale R&D de Gènes Diffusion a trouvé, grâce à l’étude de Blastocytis, identifié comme un biomarqueur de la longévité des vaches laitières. L’idée est la suivante : la présence du protozoaire est signe d’un microbiote intestinal sain, lui-même à l’origine de la construction du système immunitaire des vaches laitières. Et donc d’animaux plus robustes.
Des lactations plus longues pour baisser les émissions de méthane
L’étude a été menée sur 1 500 bovins issus d’une vingtaine de cheptels. « Nous avons trouvé 50 % de prévalence de Blastocystis chez les vaches et les génisses, rapporte Christophe Audebert, directeur du laboratoire GD Biotech. Les animaux non porteurs sortent plus tôt de l’élevage, pour nombre d’entre eux entre le rang 1 et le rang 2 de lactation. Le taux de réforme est plus élevé à trois niveaux : les mammites, les maladies de pied, la santé reproductive. Le lien de corrélation que nous avons identifié est que les animaux non porteurs ont plus de chance d’être malades ou réformés. Mais ils ne sont pas pour autant immunodéficients. »
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Ainsi, l’équipe de recherche est arrivée à la conclusion suivante : la durée de vie productive des animaux porteurs de ce biomarqueur est plus longue. « En moyenne, ils gagnent 138 jours, si nous comptons une durée moyenne de lactation de 345 jours. C’est intéressant d’étudier le biomarqueur chez les jeunes, car c’est à ce moment-là que s’établit le système immunitaire. »
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Pour aller plus loin dans la démarche, GD Biotech met en corrélation le biomarqueur et les émissions de méthane d’un élevage : plus d’animaux avec Blastocystis signifie moins d’animaux réformés rapidement, donc moins besoin d’élèves et donc moins d’animaux improductifs présents dans l’exploitation.
Un prélèvement de matière fécale acheminé à température ambiante
GD Biotech a déposé un brevet - récompensé d’un Sommet d’or – pour CowBiot : « un kit de détection pour prédire la longévité de carrière d’une vache, de la première à la dernière goutte de lait produit ». Concrètement, à partir de juin 2025, les éleveurs pourront, pour une trentaine d’euros, faire analyser la bouse de leurs animaux et ainsi connaître leur prévalence à Blastocystis. « Le prix cible comprend le prélèvement, l’acheminement vers le laboratoire, l’analyse par extraction d’ADN et PCR et l’envoi des résultats. L’avantage, c’est que le prélèvement se fait à température ambiante. Il n’y a pas de préconisation particulière à prendre, à part le fait de bien identifier les pots. » Les kits seront mis en vente par Gènes Diffusion et distribués par les entreprises de conseil qui le souhaitent.
Pas d'héritabilité du biomarqueur intestinal
L’objectif de l’outil, pour l’éleveur, est qu’il adapte son taux de renouvellement futur. S’il n’y a pas de lien d’héritabilité du biomarqueur, Christophe Audebert estime que les résultats pourront être utilisés en parallèle de la sélection génétique : « le génotypage et le biomarqueur sont deux choses indépendantes. En revanche, l’éleveur pourra apporter une réponse génétique différente aux individus porteurs, et donc prédits à une carrière plus longue : favoriser un vêlage facile, utiliser de la semence sexée, etc. »
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« Pas d’héritabilité ne veut pas dire qu’il n’y a pas de transmission de la mère au veau. Nous pensons – mais nous ne l’avons pas prouvé – que le contact entre la mère et le veau à la naissance favorise la présence de Blastocystis chez le jeune. Nous pensons qu’il y a aussi un effet troupeau et que d’autres pratiques, à expertiser, influencent. Mais pour l’instant, nous n’avons pas encore élucidé les conditions environnementales permettant d’être porteur du biomarqueur. »
A retenir
Les animaux porteurs de Blastocystis ont une meilleure carrière laitière
Un kit d’analyse sera disponible à l’été 2025 pour une trentaine d’euros
Les résultats obtenus en race prim’Holstein ont été validés en race Normande