Les « néonicotinoïdes » autorisés jusqu'en 2023 pour soutenir la filière betterave
L’arrêté autorisant les semences enrobées aux néonicotinoïdes pour la culture de betteraves sucrières a été publié au Journal officiel du 6 février. Les professionnels sont satisfaits mais ils regrettent les restrictions imposées sur les cultures implantées les 3 années suivant la culture de betterave traitée. Le gouvernement a par ailleurs finalisé les modalités d'indemnisation pour les pertes occasionnées par la jaunisse.
L’arrêté autorisant les semences enrobées aux néonicotinoïdes pour la culture de betteraves sucrières a été publié au Journal officiel du 6 février. Les professionnels sont satisfaits mais ils regrettent les restrictions imposées sur les cultures implantées les 3 années suivant la culture de betterave traitée. Le gouvernement a par ailleurs finalisé les modalités d'indemnisation pour les pertes occasionnées par la jaunisse.
C’était un des engagements pris par le ministère de l’Agriculture à l’issue de la réunion avec les acteurs de la betterave qui s’était tenue le 6 août 2020. La « loi permettant, par dérogation, l’utilisation jusqu'en 2023 des insecticides néonicotinoïdes pour les seules semences de betterave sucrière, menacées par le virus de la jaunisse » faisait partie du plan d’action prévu pour « sécuriser les plantations, l’approvisionnement des sucreries et donc le maintien d’une filière sucrière forte et compétitive en France ».
Un plan de soutien qui confirme les engagements du gouvernement
Lors d’une nouvelle réunion avec les représentants de la filière betteraves, le 5 février 2021, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a rappelé que les engagements avaient été tenus. Et notamment, celui concernant les néonicotinoïdes. L’arrêté de dérogation pour la culture de betteraves sucrières a été publié au Journal officiel du 6 février. Seront ainsi autorisées dès le 7 février et pour une durée de 120 jours « la mise sur le marché et l'utilisation de semences de betteraves sucrières traitées avec des produits phytopharmaceutiques contenant les substances actives imidaclopride ou thiamethoxam ».
Des successions culturales possibles… et d’autres pas
L’arrêté précise les successions culturales possibles pour les trois années suivant la culture de betteraves dont les semences ont été traités aux néonicotinoïdes. Avoine, blé, choux, cultures fourragères non attractives, cultures légumières non attractives, endive, semences de fétuque, moha, oignon, orge, ray-grass, seigle pourront être semés dès 2022 quand il faudra attendre 2023 pour implanter du chanvre, du maïs, du pavot ou des pommes de terre et 2024 pour le colza, les cultures fourragères mellifères, les cultures légumières mellifères, la féverole, le lin fibre, la luzerne, la moutarde tardive, la phacélie, le pois, le radis, le tournesol, le trèfle, ou encore la vesce. Le nouvel arrêté détaille également les mesures dont la « mise en œuvre peut permettre d'anticiper le semis, la plantation ou la replantation » de maïs ou de colza. Cependant ces modalités d’anticipation doivent encore être précisées par un nouvel arrêté après « avis de l’Anses confirmant le niveau de protection ».
Cette décision s’accompagne de l’annonce du soutien de l’Etat, à hauteur de 7 M€, au plan national de recherche et d’innovation, afin d’accélérer l’identification d’alternatives véritablement efficaces, plan présenté en septembre 2020.
Du côté des producteurs, l’objectif de sauvegarde de la filière va être atteint puisque les professionnels ont annoncé des prévisions de sole betteravière 2021 dont l’évolution reste similaire à celles connues depuis 2018, garantissant ainsi la pérennité de la filière sur le territoire national en 2021.
Usage des néonicotinoïdes autorisé en 2021 mais sous forte contrainte
La CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves) se réjouit du plan de soutien gouvernemental à la filière betterave-sucre pour faire face à la jaunisse. Le dispositif d’indemnisation « enfin finalisé » pour les pertes dues à la jaunisse « permettra de répondre pour partie aux difficultés économiques rencontrées par les betteraviers ». La confédération salue également le « feu vert bienvenu » pour l’usage des néonicotinoïdes en 2021, tout en regrettant « que l’arrêté comporte de fortes restrictions sur les cultures qui pourront être implantées les 3 années suivant une betterave traitée avec des néonicotinoïdes. » Un dispositif à « forte contrainte », observe la CGB.
Lire aussi « Betteraves/néonicotinoïdes : un projet d’arrêté contraignant pour les rotations » dans Réussir Grandes Cultures.