« Le choix de la stratégie de son élevage laitier, c’est d’abord une philosophie de vie »
Voie volume, valeur ajoutée ou autonomie : il existe trois stratégies majeures en élevage laitier pour maximiser son revenu. Laquelle est faite pour vous ? On fait le point avec Cédric Garnier, conseiller à la chambre d’agriculture de Normandie.
Voie volume, valeur ajoutée ou autonomie : il existe trois stratégies majeures en élevage laitier pour maximiser son revenu. Laquelle est faite pour vous ? On fait le point avec Cédric Garnier, conseiller à la chambre d’agriculture de Normandie.

Quelles sont les stratégies possibles pour piloter son élevage laitier ?
En partant de vos observations des élevages normands, y-a-il une stratégie particulièrement gagnante ?
Quelles sont les conditions pour bien vivre sa stratégie volumes ?
Et pour les stratégies valeur ajoutée et autonomie ?
Pour les systèmes autonomes mini-charges, un parcellaire groupé autour du bâtiment est un prérequis. Vu leur forte dépendance aux aléas climatiques, il faudra raisonner son système fourrager en lien avec les besoins du troupeau. »
Faut-il se conformer à une seule voie ?
Des niveaux différents de sensibilité aux aléas
La stratégie volume : recherche de productivité et dilution des charges de structure
- Forces : compétitivité et productivité
- Faiblesses : forte sensibilité à la volatilité des prix du lait et des intrants ; coût alimentaire élevé ; poids des emprunts
La stratégie valeur ajoutée : maximisation du produit et montée en gamme
- Forces : bonne valorisation des produits ; plus grande stabilité des revenus
- Faiblesses : faible productivité du travail ; charges de mécanisation élevées ; dépendance au pouvoir d’achat des consommateurs en période d’inflation, notamment pour les productions sous cahier des charges
La stratégie autonomie : minimisation des charges opérationnelles et du coût alimentaire
- Forces : système herbager ; faible dépendance aux intrants ; coût alimentaire faible
- Faiblesses : très forte sensibilité au climat ; risque de charges de mécanisation élevées
Des résultats favorables aux systèmes les plus productifs mais très variables selon la conjoncture
Stratégie volume | Stratégie valeur ajoutée | Stratégie autonomie | |
UMO totales affectées à l’atelier lait | 2,3 | 2,3 | 2,2 |
Effectif vaches laitières | 131 | 93 | 104 |
Quantité de lait vendue totale | 1 122 000 l | 478 000 l | 666 000 l |
Surface agricole utile | 191 ha | 141 ha | 161 ha |
SFP bovins lait | 96 ha | 102 ha | 102 ha |
Lait/ha SFP bovins lait | 11 739 l | 4 671 l | 6 551 l |
Lait/UMO bovins lait | 498 000 l | 204 000l | 304 000 l |
Chaque groupe est composé de 53 exploitations. Le groupe autonomie compte 19 élevages bio et 4 AOP et le groupe valeur ajoutée 79 % d’exploitations sous signes de qualité (moitié bio, moitié AOP). | |||
Date de clôture mars 2023 | Stratégie volume | Stratégie valeur ajoutée | Stratégie autonomie |
Coût de production (/1 000 l de lait) | 492 € | 789 € | 623 € |
dont achats d’alimentation | 140 € | 78 € | 65 € |
mécanisation | 94 € | 191 € | 159 € |
bâtiments | 47 € | 100 € | 83 € |
travail | 79 € | 189 € | 148 € |
Produits de l’atelier lait (/1 000 l de lait) | 572 € | 792 € | 668 € |
Prix du lait (/1 000 l) | 480 € | 550 € | 501 € |
Produit viande de l’atelier lait (/1 000 l) | 58 € | 106 € | 68 € |
Aides totales (/1 000 l) | 30 € | 107 € | 80 € |
Prix de revient (/1 000 l) | 399 € | 546 € | 456 € |
Rémunération permise/UMO bovins lait | 5,88 Smic net | 2,11 Smic net | 3,46 Smic net |
Prix d’équilibre (/1 000 l) | 389 € | 518 € | 409 € |
Prélèvements permis/UMO bovins lait | 6,37 Smic net | 2,65 Smic net | 4,76 Smic net |
Source : Cédric Garnier, chambre d’agriculture de Normandie |
À partir des données issues de 215 exploitations normandes (clôture mars 2023), ont été identifiés trois types de stratégie : volume, valeur ajoutée et autonomie.
En stratégie volume (le moins de charges de structure aux 1 000 litres), le coût de production s’élève à 492 €/1 000 l. Le poste le plus lourd est celui de l’alimentation. Les produits sont de 572 €/1 000 l, avec un prix du lait de 480 €/1 000 l. Les prélèvements permis s’élèvent à 6,37 Smic/UMO lait.
En stratégie autonomie (le moins de charges opérationnelles), le coût de production est de 623 €/1 000 l. Les postes les plus lourds sont la mécanisation et le travail. Les produits sont de 668 €/1 000 l, avec un prix du lait de 501 €/1 000 l. Le prix d’équilibre s’établit à 409 €/1 000 l. Les prélèvements permis s’élèvent à 4,76 Smic/UMO lait.
En stratégie valeur ajoutée (le plus de produits), le coût de production grimpe à 789 €/1 000 l. Les postes les plus lourds sont la mécanisation et le travail. Les produits sont de 792 €/1 000 l, avec un prix du lait de 550 € et 107 € d’aides aux 1 000 litres. Le prix d’équilibre est de 518 €/1 000 l, les prélèvements permis s’élèvent à 2,65 Smic/UMO lait.
« Ces résultats favorables aux systèmes productifs, obtenus en pleine période d’inflation, sont à comparer à ceux obtenus au cœur de la crise laitière de 2015 où ces trois stratégies menaient alors à des résultats moins différenciés, mais légèrement plus favorables aux exploitations autonomes », décrypte Cédric Garnier, conseiller à la chambre d’agriculture de Normandie.