« J’ai quitté Milcobel au prix du lait trop volatil, pour Sodiaal et sa stabilité, dans le Nord »
Récemment installé sur une exploitation dans le Nord livrant la Belgique, Victor Buns a déchanté face à l’instabilité des prix de l’autre côté de la frontière. Il a rejoint Sodiaal, attiré notamment par le modèle coopératif. Le changement de collecteur s’est fait facilement.
Récemment installé sur une exploitation dans le Nord livrant la Belgique, Victor Buns a déchanté face à l’instabilité des prix de l’autre côté de la frontière. Il a rejoint Sodiaal, attiré notamment par le modèle coopératif. Le changement de collecteur s’est fait facilement.

« Depuis le 1er avril 2024, nous sommes adhérents de Sodiaal », se réjouit Victor Buns à la tête, avec son oncle et un cousin salarié, d’une exploitation de 120 vaches à Bailleul dans le Nord, à la frontière avec la Belgique. L’exploitation était jusque-là adhérente de la coopérative belge Milcobel ; et encore avant cela de Danone, qu’elle avait quitté avec une dizaine d’autres exploitations en 1999 pour traverser la frontière. Pour la ferme, il était alors déjà question, à l'époque, de rejoindre une coopérative plutôt que de livrer à un groupe privé.
Mais le modèle belge ne fait pas rêver les associés actuels de la SCEA Élevage Moreau. « En Belgique, il y a une grosse fluctuation du prix du lait. Cela peut monter très haut mais aussi descendre très très bas. Ce n’est pas facile d’aller voir la banque, ni d’investir avec cette volatilité. On aspirait à plus de stabilité. » Autre raison évoquée, chez Milcobel, tout est en néerlandais, de la carte de vœux aux réunions. Difficile dans ce contexte de s’intégrer pleinement dans la vie de l’entreprise.
Si ces inconvénients font pencher pour un retour en France, pas question de quitter le modèle coopératif. « Les coopératives, c’est par les agriculteurs, pour les agriculteurs », revendique le producteur, qui est aussi adhérent de Terreos pour les betteraves et de Cévinor pour l’atelier taurillons.
Une demande d’adhésion rapidement validée
Cette fois, l’exploitation quitte seule Milcobel pour rejoindre Sodiaal. Si la ferme n’est pas située dans un bassin de producteurs Sodiaal, elle se trouve sur le chemin de la tournée entre les producteurs plus au nord du département, vers Dunkerque et la plateforme Candia de Awoingt, plus au sud. « Le camion sort de l’autoroute pour nous collecter, puis repart. Finalement, nous avons eu de la chance d’être sur le trajet car il n’y a pas un autre producteur Sodiaal à plus de 20 km à la ronde. »
Les deux associés apprennent par le bouche-à-oreille que la coopérative française est à la recherche de volume de lait. Leur connaissance contacte le responsable du secteur nord de Sodiaal. La rencontre avec l’élue du secteur a lieu dans la foulée. « Ils sont venus visiter notre exploitation, écouter notre vision, pour voir si nous correspondions aux valeurs de Sodiaal, se rappelle Victor Buns. Nous avons été rapidement acceptés. En moins d’un mois, nous recevions l’accord de principe. » Un second rendez-vous, toujours sur la ferme, et les signatures sont apposées aux documents d’adhésion.
Des parts sociales financées sur la facture de lait
Victor entamant son parcours d’installation JA à cette période, Sodiaal lui propose de prélever le montant à payer des parts sociales au fur et à mesure sur la facture de lait. « Je n’ai pas eu du tout à sortir le chéquier », se remémore-t-il. Sans restriction sur les volumes, la référence laitière demandée et attribuée est de 1,2 million de litres de lait par an, à laquelle s’ajoutent 800 000 litres octroyés par Sodiaal dans le cadre de la nouvelle installation.
Reste à quitter Milcobel. Habituellement, le règlement intérieur de la coopérative demande que le producteur attende la date d’anniversaire du contrat d’engagement de trois ans pour le dénoncer. Mais le départ de la SCEA s’est fait une période où « Milcobel a simplifié l’entrée dans la coopérative, mais aussi la sortie. » Résultat : un recommandé envoyé et un préavis de trois mois en cours d’engagement ont suffi.
Une ombre au tableau malgré tout : « Nous n’avons toujours pas touché nos parts sociales : 50 000 euros sont bloqués. Nous les récupérerons par cinquième chaque année à partir de la deuxième année, soit en six ans en tout. Et sans intérêt. »