Installation : Alterfixe, une autre voie pour installer des jeunes
Faciliter l’installation de jeunes, pour la plupart non issus du milieu agricole, et la reprise de fermes pour qu’elles ne partent pas à l’agrandissement, tel est l’objectif du projet Alterfixe créé dans le bocage ornais il y a deux ans.
Faciliter l’installation de jeunes, pour la plupart non issus du milieu agricole, et la reprise de fermes pour qu’elles ne partent pas à l’agrandissement, tel est l’objectif du projet Alterfixe créé dans le bocage ornais il y a deux ans.
Quelque quatre-vingts jeunes ont participé aux deux camps d’été Alterfixe organisés en juillet 2022 et 2023 au Gaec du Mont Hardy, à Saint-Hilaire-de-Briouze dans l’Orne. L’idée pour les participants n’est évidemment pas de passer deux ou trois semaines de vacances dans le bocage ornais, même si le lieu s’y prête. L’objectif des organisateurs est de permettre à des porteurs de projets d’installation en agriculture (production laitière, maraîchage…), en grande majorité non issus du milieu agricole, de rencontrer des agriculteurs qui souhaitent transmettre et/ou créer un nouvel atelier sur leur ferme. De les faire se rencontrer pour qu’ils échangent sur leur projet.
Les jeunes peuvent aussi s’inspirer de projets existants et bénéficier de conseils à travers plusieurs ateliers organisés par des partenaires d’aide à l’installation : Terre de liens, Safer, Civam, Bio en Normandie, Ardear Normandie et chambre d’agriculture de l’Orne.
« Une soixantaine de fermes du bocage gravitent autour d’Alterfixe, dont la moitié de façon très active : visite de l’exploitation, échanges avec les porteurs de projets lors des camps, prêt de matériel, etc. », expose Karine Troilo, coordinatrice d’Alterfixe. Avec un tel programme, organiser un camp d’été avec seulement trois salariés (1,5 équivalent temps plein) serait impossible sans l’aide d’une trentaine de bénévoles.
Des camps d’été complétés par un accompagnement
Venus de différentes régions, les candidats à l’installation ont des profils et parcours très variés. « Ces jeunes se sont bien renseignés ou formés avant de venir participer au camp d’été pour mûrir leur projet », confirme Karine Troilo.
Parmi eux, certains sont attirés par l’élevage laitier. C’est notamment le cas d’Emeline Arnaud et de son conjoint, Antoine Soulier, tous les deux ingénieurs en mécanique. « Nous travaillons depuis de nombreuses années sur notre projet. Il est carré », affirme Emeline sur un ton qui ne laisse pas de place au doute.
« Nous souhaitons nous associer avec deux ou trois autres personnes dans une ferme de polyculture élevage en système bio et créer un atelier de transformation pour le lait et les céréales produits sur l’exploitation. Le volet environnemental nous tient à cœur. Selon les opportunités, cela se fera soit en apportant une diversification au sein d’un Gaec existant, soit en trouvant d’autres personnes et la ferme qui convient, décrit-elle. Les nombreux liens créés grâce à Alterfixe complètent nos visites d’élevages, notre formation et mon expérience comme salariée dans une exploitation laitière. » Alterfixe propose en complément des camps, un accompagnement sur cinq mois pour des collectifs en cours de création.
S’installer à plusieurs
Alterfixe est une initiative née d’un double constat. D’un côté, le renouvellement des générations dans les fermes est de plus en plus problématique. De l’autre, de plus en plus de jeunes, non issus du milieu agricole, désirent s’installer. « L’accès au foncier est difficile. Beaucoup de terres partent à l’agrandissement. C’est donc très compliqué pour un jeune de s’installer seul », décrit Karine Troilo. D’où l’idée de créer un lien entre les porteurs de projet et les futurs cédants ou associés, en vue d’une installation en collectif. Le projet bénéficie d’un soutien financier de l’Europe et de la région via la Coop des Territoires : 80 % du budget total.