Bovin lait
Dépendance au soja : La diversification des ressources protéiques s'accélère en filière bovin lait
Répondre à la demande en "zéro déforestation". Réduire l'exposition à la volatilité prix. Améliorer le bilan carbone. La réduction de la dépendance au soja répond à plusieurs enjeux.
Répondre à la demande en "zéro déforestation". Réduire l'exposition à la volatilité prix. Améliorer le bilan carbone. La réduction de la dépendance au soja répond à plusieurs enjeux.
L'objectif des filières n'est pas le zéro soja à tout prix ; c'est surtout de réduire la dépendance au soja importé de lointains pays et associé à des risques de déforestation.
Une étude à laquelle a participé l'Institut de l'élevage, montre qu'avec une stratégie de développement de l'herbe permettant de réduire de 50% le maïs ensilage dans la ration, on pourrait réduire drastiquement (- 80%) le tourteau de soja pour les bovins. Et en produisant plus de ressources protéiques en France et en retravaillant les rations, les élevages bovin lait français pourraient se passer de soja importé d'autres continents. Ce travail de simulation montre donc que cet objectif est possible en bovin lait.
Duralim et l'objectif 0 déforestation pour 2025
Concrètement, les fabricants d’aliments, au travers de la plateforme collaborative Duralim travaille le dossier depuis cinq ans avec un objectif « 0 » déforestation pour 2025 tout cela en partenariat avec l’ensemble des parties prenants amont et aval. Dans ce cadre, Duralim a présenté son nouvel outil : l'Observatoire du risque de déforestation importée.
La réduction de la dépendance au soja est déjà en marche avec le développement des filières non-OGM. Une majorité d'éleveurs a profité du non-OGM pour revoir les rations et les systèmes fourragers et réduire les quantités de tourteau de soja. L'APBO - association des producteurs Bel Ouest - a présenté une enquête réalisée par Seenovia sur 126 fermes adhérentes représentatives, en démarche non-OGM. En moyenne, entre la campagne 2017/2018 et 2019/2020, les quantités de tourteau de soja utilisées par l'atelier bovin lait ont baissé de 29% par exploitation. La volonté de réduire l'exposition aux fluctuations de prix et au risque de rupture d'approvisionnement accélère ce mouvement.
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"La grande distribution pousse les démarches qui garantissent que l'alimentation animale ne provoque pas de déforestation. Nous travaillons avec des fabricants d'aliments sur le dossier "zéro déforestation", en vue d'aboutir d'ici 2025", expose Olivier Legrand, président section LSDH à l'APLBC.
Autre exemple, Lidl s'est engagé, avec Novial, la chambre d'agriculture des Hauts de France, etc. sur le développement de ressources protéiques locales : végétales et d'autres solutions innovantes comme les acides aminés de synthèse. L'enseigne mettra en avant ces démarches sur certaines de ses MDD (marque de distributeur).
Des filières locales de graines et de drêches
Réduire la consommation de soja impliquera plus d'autonomie sur l'exploitation, avec plus d'apport de protéine par les fourrages. Cela demande aussi un développement de filières régionales et nationales de ressources protéiques : graines (pois, lupin, féverole, soja...), tourteaux (soja, colza...), drêches, acides aminés de synthèse...
Le principal frein pour un développement des protéines végétales est côté production ; il faut que les céréaliers aient intérêt à produire ces graines. "Cela demande de gagner en technicité notamment pour pallier les difficultés engendrées par la limitation des solutions phytosanitaires. Il faudra aussi améliorer leur incorporation aux aliments pour améliorer leur digestibilité et efficacité protéique", ajoute Gaël Peslerbe, directeur de Novial.
Des éleveurs se relancent dans la culture de pois, lupin, testent le soja, "des Cuma investissent dans des toasteurs, mais ce n'est pas une solution économique à l'échelle de l'exploitation. Cela vaut plus le coup à l'échelle régionale. Par exemple, la LSDH fabrique des jus végétaux et monte une usine de trituration de soja, avoine, etc. Nous travaillons ensemble pour voir comment faire bénéficier les éleveurs des coproduits de cette usine", expose Olivier Legrand, président de la section LSDH à l'APLBC.
Plan protéine et plan de relance soutiennent des projets collectifs
Le plan protéine, le plan de relance soutiennent des projets collectifs allant dans ce sens : La Cuma Secoppa pour structurer une filière luzerne locale, la SAS Alifel pour le développement de cultures régionales de pois, féverole, soja, les Ets Tromelin pour la culture du pois, lupin et graines de lin en partenariat avec Bleu Blanc Coeur, un collectif de quatre fabricants en partenariat avec des producteurs et une usine de deshydratation pour la filière Sainfoin...
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Chiffres clés
Le tourteau de soja pour l'alimentation animale en France, c'est :
90% sont importés
3,5 à 3,8 millions de tonnes consommées par an, entre 2011 et 2019, toutes filières d'élevage confondues
1,4 Mt consommées par les bovins laitiers (1,63 Mt par les bovins lait et viande).
Source : Institut de l'élevage