“Un bon projet trouve toujours son financement”
La Dépêche - Le Petit Meunier : Concernant le projet de mise à grand gabarit du Canal Seine Nord Europe, au point mort mais non “suspendu”(cf. n°3965), êtes-vous du même avis qu’Yves Gabriel, PDG de Bouygues Construction, quand il déclare que « ce projet n’est pas finançable dans le contexte actuel » ?
Jacques de Villeneuve : La question du financement est fondamentale, mais un bon projet trouve toujours son financement, pour autant qu’il y ait une volonté politique. Le canal à grand gabarit fait sens sur les plans économique et environnemental au niveau européen. Notre Union vise 1 Mt transportées par la voie fluviale par an. Elle sera un contributeur majeur du trafic du Canal Seine Nord. Ce sera autant de camions en moins sur la route… À moyen terme, transporter de moins en moins par la route, mais de plus en plus par le fer ou la voie d’eau, des millions de tonnes de céréales à plus de 100 km, pour être transformées ou exportées, est un enjeu stratégique majeur.
Encore faut-il qu’il y ait des voies ferrées et des canaux aptes à la massification !
LD-LPM : Dans le cadre de votre Union Canal Seine Nord (cf. n°3945), quels sont les premiers résultats de votre étude de faisabilité ? En ces temps de crise, éprouvez-vous des difficultés à boucler votre plan de financement ?
J. de V. : Lorsque nous avons engagé le projet, actuellement en phase d’étude, nous ne nous attendions pas à de telles tergiversations. À l’époque, nous n’anticipions pas de problème véritable sur le montage financier et nous avions la volonté de le mettre en œuvre. Le secteur agroalimentaire contribue largement à l’économie française. Avec plus de 7 M€ d’excédent, il fait même partie des secteurs leaders. Nous pensons qu’il est très important pour le pays de se doter d’outils et de moyens pour se renforcer et continuer à jouer un rôle important sur le marché des céréales. Le Canal Seine Nord y contribuera en donnant de nouveaux débouchés et de nouveaux accès aux productions. À l’image des infrastructures qui ont été réalisées par les générations précédentes, notre projet pour le canal s’inscrit dans la durée.
LD-LPM : Est-ce que l’abandon du canal à grand gabarit mettrait un point final à votre projet de plateforme multimodale ?
J. de V. : Le projet devrait au mieux être redimensionné très sérieusement pour tenir compte de l’absence du grand gabarit. Mais rester au standard Freycinet sera une entrave au développement du transport fluvial.