Spécial Bourse européenne
Transport fluvial, le grand gabarit ne doit pas faire oublier son petit frère
« Du temps de Napoléon, toute l’Europe nous enviait notre réseau de canaux. Aujourd’hui, nous sommes bons derniers, avec moins de 4 % du fret de marchandises qui relève du transport fluvial, contre 40 % en Hollande, se désole Jean-Laurent Hermann, directeur commercial de Rhenus Transport. Et quand l’on voit comment l’Allemagne a amélioré ses voies d’eau, on se demande si nos gouvernements veulent vraiment revenir à ce mode de transport. Car ramener du flux sur nos rivières n’est pas chose aisée. » Et Philip Maugé, directeur Développement du groupe Scat, d’insister : « Si nous avons des facilités à faire des volumes sur le grand gabarit, il existe une forte demande sur le petit gabarit. » Un intérêt qui devrait croître avec l’application au 1er janvier de l’Écotaxe. Un avis partagé par le dirigeant de Rhenus Transport : « Vu le nombre de silos mouillés, qui n’ont d’autres moyens pour limiter son impact que d’aller vers la voie d’eau, on est bien content d’avoir ce petit gabarit. »
L’offre du petit gabarit doit être adaptée à la demande actuelle
« Sur le Rhin, nous pouvons transporter par unité jusqu’à 10.000 t sur 1.000 km en trois jours, souligne Jean-Laurent Hermann. Avec son grand gabarit et ses gros bateaux, c’est le moyen de transport le plus rapide ! » Et « à un prix très compétitif, compte tenu de la concurrence existant sur ce secteur », précise Philip Maugé, qui ajoute : « Sur le petit gabarit, les prix croissent du fait d’une nette disparité entre offre et demande. » La population de mariniers y est issue du baby boom. « Et l’on a des difficultés à maintenir le renouvellement sur ces matériels, qui n’attirent guère les jeunes, regrette-t-il. Et ce, malgré la très bonne rentabilité de l’activité. » En temps de crise, le petit gabarit est de fait privilégié par les industriels dont la production, et le besoin en matières premières, ont baissé.
Reste que « VNF, en raison de ses moyens limités, donne la priorité au grand gabarit et aux voies connexes », déclare Éloi Flipo, responsable Transport et Report modal de VNF. Même si une réflexion, à la demande de chargeurs de l’agroalimentaire, est en cours pour améliorer, sur certaines voies à petit gabarit, le mouillage et les horaires de navigation au niveau des écluses. »