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Les opérateurs anticipent un début de campagne dynamique sur La Pallice
Les opérateurs du port Atlantique, qui ont su capter de nouveaux marchés ces dernières campagnes, affichent leur optimisme pour 2012/2013.
« L’an dernier, la sécheresse violente du printemps sur le grand Ouest français nous faisait craindre pour le bilan de notre activité céréalière 2011/2012 », a rappelé Nicolas Gauthier, président du directoire du Port Atlantique, le 15 juin lors de la Bourse maritime des grains de La Rochelle. Finalement, la campagne se révèle « bonne avec 2,8 Mt exportées » fin mai. Un niveau en net retrait par rapport aux records des années passées (-500.000 t sur un an), mais proche de celui de 2008/2009. Cette fois, la météo « peut nous laisser espérer une bonne campagne, en volume, qualité et donc trafic », poursuit-il. « Avec un rendement moyen de 6,9 t/ha estimé au 14 juin, contre 5,51 t/ha en 2011, nous devrions en 2012 battre des records », confirme Michel Grenot, directeur délégué du groupe coopératif Charente Alliance. À une période charnière pour les marchés, la bourse de La Rochelle, qui a attiré quelque 250 professionnels, reste l’heure des bilans mais aussi des projections d’activité.
Une politique qualitative payante
Dans la région, qui assure une « qualité régulière, nous n’avons jamais opté pour la production de blé fourrager », explique Michel Grenot. Ces choix semblent payants, et ce au sens propre : les blés y sont « vendus 5 à 9€/t plus chers que sur Rouen », voire même 15 €/t selon le DG de Soufflet Négoce, Jean-François Lepy. Au sens figuré, la « qualité des blés sur La Pallice est reconnue et a permis une forte évolution des expéditions sur le pourtour méditerranéen et l’Afrique de l’Ouest », détaille le représentant de Charente Alliance. Un succès confirmé par Vincent Poudevigne, DG de la Sica Atlantique. Bien qu’enregistrant une baisse de 15-20 %, reflétant le recul de la production régionale en 2011, les volumes exportés par la Sica se maintiennent désormais au-delà des 2 Mt. « Nous avons passé un cap », se réjouit Vincent Poudevigne, soulignant : « Nous n’avons pas un marché intérieur et un à l’export, mais un marché meunier. Qu’ils soient à 5 ou 5.000 km, nous fournissons à nos clients les mêmes blés », insiste-t-il. Et « pour la première année, nous avons chargé la quasi totalité de la campagne à 12 % de protéines », insiste Jean-François Lepy, ajoutant : « le travail des coopératives et des OS porte ses fruits ». « La qualité a été telle que la demande a suivi. » Résultat, selon les projections, Soufflet Négoce devrait, comme la campagne précédente, réaliser 1,5 Mt d’exportations de céréales pour 2011/2012. Niveau que devraient aussi atteindre les expéditions de blé sur pays tiers de la Sica Atlantique. Sur ses 2 Mt de céréales expédiées au total, 1,2 Mt sont parties sur le Maghreb – Algérie en tête – et 0,8 Mt vers l’Afrique de l’Ouest. Fait inhabituel, en 2011/2012, « nos blés durs se sont aussi positionnés sur cette destination » (24.000 t en 2011). Un débouché lié à « la qualité exceptionnelle en France » en 2011, faisant face à une offre canadienne en retrait, justifie Jean-François Lepy. Ce courant d’affaires traduit aussi l’installation, dans ces régions, de nouveaux meuniers qui se sont équipés de lignes blés durs pour répondre à l’essor de la consommation de pâtes. Quant aux flux vers l’UE, ils ont surtout concerné le maïs, avec 500.000 t pour la Sica Atlantique.
Exploiter la précocité de la récolte de l’Ouest
Les opérateurs se montrent optimistes pour 2012/2013, en espérant « que le temps revienne au beau fixe pour la qualité », résume le représentant de Soufflet Négoce. Si l’année dernière, la Russie, aux silos bondés, s’était mise à exporter à tour de bras après la levée du contingent, ses offres devraient cette fois être moins agressives. Ses stocks sont moindres et sa production est attendue en retrait. La France, et en particulier la façade Ouest du fait de la précocité de sa récolte, a une carte à jouer dès la moisson. « Nous pouvons nous attendre à un début de campagne actif sur La Rochelle », anticipe Jean-François Lepy. D’autant que « la crise de la dette souveraine a conduit l’euro à des niveaux rendant l’origine française compétitive au vu des premiers appels d’offres ».
L’ensemble des partenaires céréaliers de La Rochelle s’est engagé, avec la SNCF et l’Opérateur ferroviaire de proximité, dans une politique de report modal en vu d’élargir l’hinterland du port. « La production céréalière régionale, de 5,5 Mt environ, part pour moitié à la nutrition animale, laissant un disponible exportable insuffisant », explique Michel Grenot. Il faut donc aller chercher les grains plus loin, dans le Centre. De gros travaux ont été entrepris, et « cette année, près de 25 % de nos préacheminents ont été réalisés par train », contre 10 % il y a quelques années, explique Vincent Poudevigne. Cela « permet de fluidifier et mieux planifier » les approvisionnements. Cette politique de report modal illustre aussi une ambition en matière de développement durable. « Nous recherchons une croissance économique avec de moindres impacts environnementaux et un comportement sociétal exemplaire, en termes de création d’emplois ou même d’engagements avec nos partenaires », indique le DG de la Sica Atlantique qui est engagée dans une démarche Iso 26.000.