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Formation
L’Ensmic de nouveau sur la bonne pente

Effectifs en hausse, projet de moulin expérimental fédérateur… l’école affiche un regain de dynamisme

DE L’ALLANT. Le déménagement de l’Ensmic à Surgères (17) ne s’est pas fait sans heurts. Comme tout grand changement, le projet a eu ses opposants, parmi le corps enseignant de l’école d’abord, mais aussi les anciens élèves et donc les professionnels. Isolement, distance de Paris rendant caduc le partenariat avec Jussieu pour la formation Ingénieurs, contrainte lourde du déménagement… les arguments des réfractaires étaient divers. Et les débuts de l’école en Poitou-Charentes n’ont pas apaisé leurs craintes. En effet, les effectifs, déjà en retrait les précédentes années en raison notamment du désintérêt des jeunes pour les filières techniques, ont continué de fondre. En 2007, ils n’étaient plus que 16 élèves, contre des promotions de 90 dans les années 1990 ! Certains annonçaient la fin de l’école. Mais en 2008, le nombre d’étudiants se redresse, l’école est dotée d’un nouveau directeur et les projets se multiplient avec la profession. Espérons que cette année marque un renouveau pour cet établissement, véritable institution de la filière.

Vingt-cinq élèves ont cette année intégré l’Ensmic pour suivre un enseignement classique ou par voie d’apprentissage. Un chiffre en progression par rapport à l’an passé, sans doute dû au travail de promotion mené par la précédente équipe dirigeante. Mais, comme l’indique Paul Revollon, nouveau directeur de l’établissement, « il y a encore de gros efforts à fournir ». Enseignant-chercheur, le responsable, qui a pris ses fonctions le 1 er septembre, quitte un poste à l’Institut national d’horticulture. Issu du monde forestier, il a vécu l’expérience d’une délocalisation. « Je mesure donc l’ampleur du changement, qui ne se fait pas en un jour. » Ne venant ni du milieu du lait ni de celui de la farine, Paul Revollon assure pouvoir diriger l’établissement avec neutralité. « Un atout pour garantir un développement équilibré des deux entités », rassure-t-il.

Renforcer l’attractivité de l’école

« Nous travaillons avec l’ANMF (Association nationale de la meunerie française), l’Aemic (Association des anciens élèves des écoles des métiers des industries céréalières), France export céréales et l’Onigc (Office national interprofessionnel des grandes cultures) aux moyens de mieux faire connaître la formation auprès des professionnels. » Pour dynamiser le recrutement, de nouvelles stratégies sont à l’étude. Les étudiants vont, comme d’habitude, aller à la rencontre d’élèves de terminale « décrire leur vie à l’école et leur ressenti » du milieu céréalier. La nouveauté, c’est qu’ « ils seront couplés avec un professionnel qui, lui, pourra présenter les métiers, les évolutions de carrières, évoquer la mobilité… Un binôme que l’on pense très performant », s’enthousiasme Paul Revollon. Et d’assurer : « Nous avançons en ce sens avec Jean-Marie Poncey », le président de l’Aemic. Les JTIC doivent faire l’objet d’une nouvelle rencontre pour organiser « la phase opérationnelle ». « Il nous faut cibler les régions opportunes, à savoir céréalières. Nous y sélectionnerons les grands lycées et viserons les viviers scientifiques. » Ensuite, il conviendra d’ « identifier les professionnels locaux et de caler les rendez-vous avec les proviseurs ». Marie-Noëlle Ayçoberry, nouvelle directrice adjointe chargée du dossier « communication-recrutement », travaille en étroite collaboration avec l’ANMF, qui entend nous « apporter un soutien logistique fort ». C’est un projet auquel je tiens et « que nous allons faire avancer tous ensemble », assure Paul Revollon. Mais « le recrutement doit rester en phase avec la demande des professionnels », tempère-t-il cependant. « Les élèves doivent trouver du travail à leur sortie de l’école ». D’où l’importance de la concertation. Et « il ne faut pas monter en puissance trop vite » : le volume des classes doit correspondre à celui de l’équipe pédagogique. Les effectifs sont par ailleurs limités. L’Ensmic ne peut accueillir plus de 32 élèves en tout par promotion.

Surgères, un choix légitime ?

L’implantation de l’école de meunerie à Surgères a fait des vagues. Pourtant, pour Paul Revollon, qui a pu porter un regard nouveau et sans affect sur la question, plusieurs arguments semblent accréditer ce choix. « Lors de la réunion de l’Onigc Poitou-Charentes, j’ai pu mesurer la plus-value que constitue l’Ensmic, et le futur moulin expérimental qu’elle abritera, pour faire connaître les céréales françaises à l’international. » Par ailleurs, l’établissement est implanté dans une région céréalière, à proximité d’un des principaux ports céréaliers français. De plus, l’université de La Rochelle affiche une orientation agroalimentaire. Enfin, l’école, assortie de ses divers projets, a été accréditée pôle d’excellence rurale et a suscité un engagement fort des collectivités locales. Et Paul Revollon de résumer sa mission : « Asseoir l’Ensmic dans ce qui me paraît être un centre agroalimentaire de l’Ouest ».

Pour ceux qui considèrent l’emplacement excentré, des professionnels de l’autre bout de la France continuent d’entretenir des liens privilégiés avec la formation, notamment en engageant des apprentis. Concernant l’équipement, le bâtiment réservé à l’Ensmic va se voir doté du moulin pilote, mais également de l’atelier boulangerie-biscuiterie-viennoiserie, aujourd’hui dans la zone laitière. L’école ouvre déjà ses portes à des formations professionnelles et mène des études technologiques pour certaines entreprises.

Le contenu des cours sera par ailleurs amené à évoluer. L’Etat prévoit en effet une rénovation des BTS, théoriquement en 2009. La formation en meunerie et industries céréalières deviendrait une option d’un BTS agroalimentaire. Et « nous sommes contraints à certains programmes », explique le directeur. Un travail a déjà été mené en interne pour cette refonte, mais « nous ne travaillons que sur des hypothèses ». La nouvelle organisation devrait en tout cas laisser davantage de souplesse et donc permettre d’aborder de nouveaux volets, comme la gestion des achats par exemple. Si tous les projets relatifs à l’école aboutissent, les partenariats avec les industriels devraient être amenés à se multiplier, pour la promotion, mais aussi pour l’utilisation de l’outil de mouture. « Nous devons juste apprendre à travailler ensemble », résume Paul Revollon. Le fatalisme ne serait donc plus d’actualité pour l’avenir de l’école qui semble susciter un nouvel enthousiasme dans le petit monde des céréales.

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