Le Port de Rouen optimiste pour 2009, malgré la crise
La mise en place de nombreux projets devrait bénéficier aux céréales
PROGRESSION. Le trafic maritime du Grand Port Maritime de Rouen (GPMR) s’est élevé à 22,7 Mt en 2008, en progression de 2 % par rapport à 2007. Un chiffre révélé le 15 janvier au cours de la conférence de presse annuelle de bilan et perspectives, qui fait montre d’une année 2008 « satisfaisante » pour les dirigeants du premier port céréalier d’Europe, étant donné le contexte difficile de cet exercice marqué par des tensions sociales (grève d’un mois en raison de la réforme de la manutention) et la crise économique mondiale. « Rouen a tout de même été un peu moins touché par la crise compte tenu du fait qu’il traite beaucoup de marchandises de première nécessité », selon Philippe Deiss, nouveau directeur général du GPMR depuis septembre 2008.
Trafics céréaliers 2008 en forte hausse
Ce sont les vracs solides qui ont permis la hausse générale du trafic. Ils progressent spectaculairement de plus de 20,4 %, notamment avec le retour de belles exportations de céréales, en contraste avec l’année 2007. Le trafic céréalier, principalement de blé et d’orge, affiche une augmentation de 22,5 % à 6,35 Mt, malgré un début d’année difficile, le second semestre 2008 étant le meilleur début de campagne depuis 1999. Concernant les mouvements des vracs liquides, 2008 a été marqué par un repli de 7,7 %, en raison du recul des trafics de produits pétroliers raffinés. On note cependant une progression de près de 50 % du trafic de biocarburants, liée à l’augmentation du taux d’incorporation dans les carburants. Une décision qui a notamment eu pour conséquence le développement de la filière bioénergie sur le port de Rouen, avec le doublement de la capacité du site Saipol/Diester Industrie, et l’implantation de l’usine Tereos à Lillebonne. Pour répondre à cette montée en puissance, les flux d’huiles de soja et colza se sont développés. 203.000 t ont ainsi été importées en 2008 contre 60.000 t en 2007. La poursuite du développement de cette filière est d’ailleurs l’un des objectifs de l’année 2009. La bonne progression des exportations de farines en sacs est également à noter, notamment suite à la reprise de contrats avec Cuba et la bonne tenue des volumes expédiés sur l’Angola.
Actualité riche en 2009
Le port de Rouen s’attend à un trafic 2009 au moins égal à celui de 2008, malgré la crise. Le programme de chargement céréalier serait correct pour le 1 er semestre 2009. A priori, la demande sera là, mais cela reste difficile a prévoir, d’après Manuel Gabo-rieau, responsable céréales à la direction commerciale du GPMR. Parmi les objectifs de la filière céréalière en 2009, « expédier plus de blé vers l’Egypte (cf. n°3776) et poursuivre les envois d’orges de brasserie vers la Chine. »
Selon Philippe Deiss, « L’année 2009 sera l’an 01 de la réforme portuaire du GPMR », qui va impulser la stratégie du Port. Le projet de gain d’un mètre de tirant d’eau pour favoriser l’accès de navires de plus grande contenance en fait partie. Le but ? Augmenter la compétitivité du GPMR et anticiper une augmentation des flux liée à une croissance de la demande mondiale. Car sur les perspectives à terme, selon Martin Butruille, directeur commercial du GPMR, « à dix ans, nous serons bien au-delà des 6 Mt en céréales ; nous pensons atteindre les 7-8 Mt. » Deuxième actualité, le Grenelle de l’environnement, dont l’objectif est d’intensifier les acheminements fluviaux et ferroviaires. Le ferroviaire a transporté 600.000 t de céréales en 2008 et le fluvial 1,3 Mt, pour respectivement 10 % et 18 % de parts de marché. Pour ces deux modes, l’objectif serait d’atteindre les 25 %. Le fluvial compte notamment sur la construction du canal Seine-Nord Europe. Une actualité d’importance car « le fluvial sera demain une composante essentielle de notre développement », selon Philippe Deiss. Le but sera dans un premier temps de sécuriser les flux céréaliers déjà existants, en évitant qu’ils se détournent vers le nord. Dans un second temps, attirer de nouveaux flux, notamment les céréales en provenance du nord de la Picardie et de la Champagne.