Le port Atlantique La Rochelle profite de la parité monétaire
La compétitivité des céréales françaises, améliorée par la faiblesse de l’euro, dope le trafic céréalier
La Bourse maritime des grains, proposée comme chaque année par le Port Atlantique de La Rochelle, a attiré vendredi 18 juin environ 300 professionnels des filières céréalière et oléagineuse pour sa 16e édition. Les principaux opérateurs portuaires ont profité de l'événement pour tirer les bilans de cette campagne à l'occasion d'une conférence de presse.
Une campagne dans le top trois du port
En 2009, quelque 7,5 Mt ont transité par les installations du port de La Rochelle. « Les deux opérateurs céréaliers du site portuaire rochelais, le groupe Sica Atlantique (64 % du tonnage, cf. n°3850 p2) et Socomac (groupe Soufflet, 36 %), ont participé activement à ce résultat. Ils ont assuré près de 40 % de ces tonnages, soient 3 Mt », salue Michel Grénot, président du Conseil de développement du port. Un niveau semblable à celui de 2008 mais bien supérieur aux chiffres de 2007, avec ses 2,3 Mt. Et 2010 démarre bien. « Un record absolu » de trafic a même été établi au mois d'avril avec près de 470.000 t de céréales et oléagineux travaillées, rappelle Michel Grénot, soit environ 50 % de l'activité totale du port. Un score réalisé alors même que les opérateurs se trouvaient confrontés à la grève SNCF, à la pénurie de camions monopolisés par la gestion de l'intervention en orge, et aux travaux assurés sur les voies par Réseau ferré de France. « En un mois, nous avons chargé 312.000 t avec une capacité de 320.000 t », souligne Vincent Poudevigne, directeur général de Sica Atlantique.
Au total, la campagne 2009/2010, avec 1,4 Mt de céréales pour Socomac (+0,2 Mt sur un an) et 2,4 Mt pour Sica Atlantique, devrait se classer dans les trois meilleures performances de La Rochelle. « En janvier, nous ne pensions pas pouvoir réaliser de tels résultats. Mais une parité euro/dollar à 1,25 ouvre bien des portes », se réjouit Jacques Martin, responsable négoce de Socomac.
Si le maïs part surtout sur l'UE, les expéditions sur pays tiers représentent les deux tiers de l'activité en blé. Sur ce marché, La Pallice est recherchée pour la constance et l'homogénéité de ses lots tout au long de la campagne. Aussi, « il est très important que la première impression des clients soit la plus représentative possible de l'ensemble de la récolte », insiste Michel Grénot. Comme s'en réjouit Jacques Martin de Socomac, l'ensemble de la filière a désormais bien conscience que « l'export n'est plus une variable d'ajustement » du bilan français mais bien un marché à part entière, qui de surcroît « fait le prix du blé ». L'occasion pour les dirigeants d'insister, à leur tour (cf. n°3850), sur la nécessité de mener une réflexion sur l'amélioration des taux protéiques alors que 80 % de blés exportés alimentent des meuniers. Et, comme le souligne Xavier Beulin, président du Grand port maritime de La Rochelle, il ne faut pas croire que la distance de ces consommateurs soit synonyme d'anonymat. Comme tout utilisateur, ils viennent à la rencontre de leurs fournisseurs et ont des attentes précises en matière de qualité. Le taux protéique moyen à La Pallice se situerait à 11,5 %, contre 11 % à Rouen. A court terme, si l'isolement des lots à plus fortes teneurs fait partie des pistes, Michel Grénot enjoint aussi les producteurs de Poitou-Charente à ne pas moissonner fin juin mais bien fin juillet, pour ne pas pénaliser ce critère.
Retour à la case départ concernant l'opérateur ferrovaire de proximité
Le dossier de l'opérateur ferroviaire de proximité piétine. Le grand port maritime souhaite amplifier le trafic par voie ferrée de manière à massifier les flux et ainsi « gagner des parts de marché et étendre son hinterland », notamment depuis le centre de la France. Le partenariat avec SNCF-Géodis, qui a « réorienté sa stratégie », ne sera pas mis en place, a indiqué Xavier Beulin. « Le protocole, avec un engagement 50/50, signé en décembre en présence de Dominique Bussereau et prévoyant un démarrage de l'activité en avril 2010 » est caduc. « Nous cherchons d'autres solutions », assure le président du Grand port. « Notre engagement à développer l'activité ferroviaire devrait débuter en fin d'année et s'accélérer en 2011 et 2012. » Le ferroviaire, et plus largement la révision de l'aspect terrestre du port, sont des éléments « importants pour notre développement économique », insiste le directeur général du Grand port maritime, Nicolas Gauthier. Les financements attribués à ces projets dans le cadre du plan de relance économique ont à cet égard été salués par les dirigeants.