L’axe Saône-Rhin pourrait drainer 300.000 t de céréales
La liaison Saône-Rhin pourrait être relancée et intéresser les céréaliers des régions traversées
LE PROJET DE LA LIAISON Saône-Rhin, jonction fluviale entre le Rhône via la Saône et le Rhin, pourrait être relancé avec la nouvelle dénomination « Saône-Doubs-Rhin », à la lumière d’une récente étude. Stoppé en 1997 pour des raisons politiques, il entre aujourd’hui dans les problématiques du Grenelle de l’environnement et des hausses des prix de l’énergie. A la clé : un trafic compris entre 11 à 19 Mt en 2025, dont 300.000 t de céréales qui pourraient transiter par ce biais depuis la Haute-Saône.
Entre 12,3 et 21 Mt de fret en 2030
Les promoteurs du projet estiment qu’il est temps de relancer le dossier, selon le rapport présenté le 20 avril par le conseil général du Haut-Rhin, arguant que « les perspectives importantes d’impact économique dans les régions traversées confirment cet intérêt dans un contexte de ralentissement économique, voire de déclin industriel sur certains territoires. »
En 2030, le nombre d’emplois créés ou conservés dans les trois régions traversées serait de 70.000. Selon l’étude de marché et les modélisations réalisées, le potentiel de trafic serait compris entre 12,3 et 21 Mt à cette même période. Le volume de conteneurs maritimes représenterait entre 4,5 et 6 Mt.
Les perspectives concernant les céréaliers, notamment ceux de la Haute-Saône, sont à noter. Près de 250.000 t partiraient de ce département vers l’Alsace, selon une étude socio-économique réalisée auprès des filières installées sur le tracé potentiel du futur canal “Saône-Rhin”. Les ports alsaciens se démarquent par une forte activité de stockage avant exportation ou transformation (amidonneries) le long du Rhin. D’autres transferts Haute-Saône/Bourgogne/Italie totaliseraient 50.000 t.
Ce sont donc potentiellement 300.000 t qui transiteraient par ce nouveau canal en provenance de la Haute-Saône. Les céréaliers de la Côte-d’or seraient moins intéressés car ils se situent à l’écart de la liaison et sont essentiellement orientés vers le sud de l’Europe. La filière serait en tout cas très demandeuse de silos en bordure des voies navigables.
Faciliter les liaisons Méditerranée/ Europe du Nord et de l’Est
Cette liaison permettra à terme de relier les bassins fluviaux d’Europe du Nord et de l’Est (Rhin, Main, Danube) avec celui de la Méditerranée, via la Saône et le Rhône. Elle évitera la saturation du transport routier dans cette zone et agrandira l’hinterland du port de Marseille-Fos. Pour les pays irrigués, l’accès à la méditerranée et au Maghreb sera facilité.
Mais ce projet est en concurrence avec un autre tracé, le canal Saône-Moselle. La liaison Saône-Rhin se raccorde au début du Rhin navigable, contre la moitié pour le second. Elle permettrait le transport de plus de marchandises : 11 à 19 Mt contre 4 à 15 Mt pour le second à l’horizon 2025.
Selon Pascal Viret, président de l’association “Saône-Rhin, voie d’eau 2010”, qui soutient le projet : « L’hinterland sera beaucoup plus riche avec la liaison Saône-Rhin qu’avec l’autre. » Les auteurs de l’étude ont désormais pour objectif d’inscrire la jonction Saône-Rhin dans le cadre des liaisons prioritaires, sur le plan national mais aussi européen.