Alpina Savoie
La flambée des prix du blé dur accable le n° 3 français
Alpina Savoie, 3 e producteur national de pâtes et 2 nd fabricant de couscous, a obtenu du tribunal de commerce l’ouverture d’une procédure de Sauvegarde, comme l’indique un communiqué du 3 juillet. La société, basée à Chambéry, fait « face à une situation économique délicate qui se traduit par des tensions fortes de trésorerie ». La flambée des cours des matières premières a en effet accentué les difficultés de l’industriel, déjà fragilisé par deux années de résultats financiers négatifs.
Une Procédure de Sauvegarde enclenchée
Le dispositif amiable de procédure de Sauvegarde accorde à l’entreprise une période transitoire durant laquelle elle peut établir un plan stratégique pour retrouver durablement « profitabilité et pérennité ». La société a déjà procédé à une réorganisation de son équipe dirigeante. Celle-ci est composée que de 3 personnes « déjà en poste dans l’entreprise », précise le communiqué. Ainsi, le mandat de Franck Rouard, qui présidait le directoire depuis neuf ans, a pris fin le 27 juin dernier. Philippe Freychet, directeur administratif et financier, lui succède à ce poste. Denis Loeper, directeur opérationnel, prend la direction du groupe et Jérôme Grandi, directeur commercial et marketing, est nommé membre du directoire.
La société mère, Chiron-Moulins de Savoie, a racheté, fin 2000, une entreprise voisine, nommée Richard Alpina, à l’activité MDD particulièrement développée. De la fusion entre les deux entités est née Alpina Savoie. Le marché des MDD, largement approvisionné par les producteurs italiens, étant très concurrentiel et difficile, cette acquisition aurait fragilisé l’entreprise. Doté d’un moulin blé dur d’une capacité de 230 t/j et de 12 lignes de fabrication, Alpina Savoie emploie 220 salariés et assure habituellement un chiffre d’affaires d’environ 63 M€.
Une filière affaiblie
Le cas d’Alpina Savoie n’est que l’illustration extrême des difficultés économiques rencontrées par les industriels de la filière. Durant la campagne 2007/2008, les utilisateurs de blé dur ont été pris à la gorge par la hausse vertigineuse et continuelle des cours, effective jusqu’à fin février 2008. Ils étaient tiraillés entre cette progression et sa nécessaire, mais ardue, répercussion jusqu’au consommateur final. Il faut en effet compter quatre mois pour voire les tarifs s’ajuster en rayon. Les transformateurs ont donc dû augmenter leurs besoins en fond de roulement et s’endetter. La filière a relayé tout au long de la campagne les graves difficultés financières rencontrées et même alerté les autorités publiques. Aujourd’hui, « tous les industriels de la filière sont dans le rouge », rapporte Christine Petit, directrice générale du Sifpaf, syndicats des fabricants de pâtes et des semouleries, insistant : « l’industrie pastière connaît une période de crise sans précédent. C’est l’ensemble de la profession qui est menacée ! » Autre victime avérée : la Grande Semoulerie de l’Ouest (GSO). L’unité du groupe Nutrixo basée à proximité d’Angoulême devrait mettre la clef sous la porte d’ici la fin de l’année. « Cette industrie ne représente déjà plus que 40 % du marché contre 80 % il y a 20 ans ! »