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Moisson de maïs français 2024 : des mycotoxines, mais pas de panique !

Diverses sources privées ont rapporté d’importants taux de mycotoxines contenus dans certains lots de maïs. Toutefois, que ce soit du côté de l’AGPM (Association Générale des producteurs de maïs) ou des opérateurs souhaitant conserver l’anonymat, la situation est tout à fait gérable.

Photo de grains de maïs.
Les opérateurs français devront s'adapter à l'apparition de mycotoxines sur le maïs grain en cette récolte 2024.
© Vijayanarasimha-Pixabay

Depuis plusieurs semaines, des sources privées signalent l’apparition de mycotoxines (de type DON – Déoxinivalénol, soit une mycotoxine dite « au champs ») dans les lots de maïs grains français récoltés en 2024. L’AGPM (Association générale des producteurs de maïs), via sa directrice générale Céline Duroc, confirme : « nous avons en effet été alertés, et nous en constatons dans toutes les régions ». Toutefois, aucune raison de paniquer d’après la représentante de la filière : « les débouchés en alimentations humaine et animale seront approvisionnés. Un travail, classique, des opérateurs sera à entreprendre », rassure-t-elle.

Lire aussi : Moisson 2024 - Une campagne maïs tout en contrastes

« Les débouchés en alimentations humaine et animale seront approvisionnés. Un travail, classique, des opérateurs sera à entreprendre », déclare Céline Duroc, directrice générale de l’AGPM.

Une bonne moisson française de maïs 2024

Les divers opérateurs contactés souhaitant conserver l’anonymat confirment les propos de Céline Duroc dans l’ensemble. « Les volumes sont tellement importants qu’il y a de quoi faire, malgré des taux parfois élevés de mycotoxines dans certains lots », témoigne l’un d’entre eux. En effet, la récolte est estimée à 13,9 Mt par l’AGPM. Des analystes privés évoquent une fourchette allant de 14,3 à 14,6 Mt. Rappelons que mi-septembre, certains prévoyaient plus de 15 Mt. Mais les pluies ont encore retardé les travaux de récolte et réduit les potentiels durant l’automne. Il n’en reste pas moins qu’une moisson nationale aux alentours des 14 Mt reste un bon résultat. Les rendements sont certes en baisse par rapport à 2023, passant de 102,5 q/ha à 99,5 q/ha selon l’AGPM, mais s’affichent en progression par rapport à la moyenne quinquennale, d’après Agreste.  

Lire aussi : Récolte maïs grain 2024 : plus de 15 Mt en France ?

 

Mais c’est précisément à cause de la lenteur des récoltes, liée aux conditions humides qui se sont poursuivies durant les coupes, que les mycotoxines ont pu se développer. « Le temps pluvieux a ralenti les travaux, et quelques producteurs ont tenté de laisser sécher au maximum au champ », commente un opérateur anonyme. 

Du fait de la moisson tardive, « il y aura plus de mycotoxines que l’an dernier, impliquant un travail d’allotement de la part des organismes stockeurs (OS) plus important », déplore Céline Duroc. Mais elle insiste sur le fait que les débouchés, qu’ils soient intérieurs (amidonnerie, nutrition animale) ou à l’export, seront alimentés.

Les organismes stockeurs peuvent gérer les mycotoxines, mais pas sans contraintes

Les sources privées confirment que les vendeurs de maïs français seront effectivement en mesure de répondre à la demande. Sachant que l’industrie de la nutrition animale procède à des mélanges dans ses formules : blé, orge, maïs, sons, tourteaux etc., diluant les mycotoxines. Mais ce ne sera pas sans difficulté. L’un des intervenants explique que « la mycotoxine, qui se fixe sur l’extérieur du grain, est nettoyable, un travail qui sera à la charge des organismes stockeurs. Cela a un coût : environ 7-8 €/t ». Un autre rapporte qu’auparavant, « certains FAB (fabricants d’aliments pour animaux) étaient très peu exigeants. Cette année, ils font plus attention et demandent des seuils maximums de DON. Des taux trop élevés peuvent être mortels pour les animaux. Les porcelets sont par exemple très sensibles. » Céline Duroc confirme que des adaptations seront nécessaires, « des animaux étant plus sensibles que d’autres ». Un autre acteur du marché indique que les mycotoxines « créent quelques tensions entre des acheteurs et des vendeurs, qui recherchent des solutions ». Enfin, d’autres industriels pourraient réduire l’usage de graine jaune dans leurs formules.

« La mycotoxine, qui se fixe sur l’extérieur du grain, est nettoyable, un travail qui sera à la charge des organismes stockeurs. Mais cela a un coût : environ 7-8 €/t », rapporte un intervenant du marché.

Des DON à plus de 3 000 ppb voire… 7 000 ppb

« Des volumes ne pourront effectivement pas être utilisés en alimentation humaine, et seront déclassés en alimentation animale », pointe Céline Duroc. La réglementation en vigueur, modifiée en juillet 2024, fixe le seuil de DON maximal à 1 500 ug/kg (ou encore ppb, soit partie par billion/milliard) pour ce débouché. Or, des acteurs du marché rapportent des teneurs dépassant parfois les 3 000 ppb, et même jusqu’à 7 000 ppb dans quelques cas. Rappelons que la réglementation européenne, pour la nutrition animale, recommande un seuil maximal de 8 000 ppb. Ce qui fait dire à un opérateur qu’il « risque d’y avoir un marché scindé en deux : l’un pour l’alimentation humaine, l’autre pour l’alimentation animale ».

« La moisson touche à sa fin, et il se peut que quelques parcelles ne soient récoltées qu’en décembre », relate Céline Duroc.

La présence de mycotoxine est donc relevée un peu partout en France. Mais il est encore tôt pour régionaliser les dégâts plus en détail. « La moisson touche à sa fin, et il se peut que quelques parcelles ne soient récoltées qu’en décembre. Et les analyses ne sont pas terminées », justifie Céline Duroc. Impossible ainsi de régionaliser précisément les problèmes. Toutefois, « les secteurs qui auront récolté plus précocement seront moins exposés. Mais moins exposé ne veut pas dire absence de mycotoxine », prévient la représentante de l’AGPM.

Quelles sont les régions les plus touchées ?

Les quelques remontées de terrain obtenues par la rédaction de La Dépêche-Le Petit Meunier autorisent quelques précisions. Un intervenant explique « qu’au nord de Paris, on nous signale très peu de mycotoxines, tout comme sur une zone allant de Brest jusqu’à la Sarthe. En revanche, les pires zones, pour l’instant, se situeraient dans la zone Ouest-Centre : Indre et Loire, Eure et Loire, Loiret, etc., soient les secteurs qui ont été les plus touchés par les intempéries automnales. Ces dernières ont frappé la France par l’Ouest ». Rappelons que ces informations sont à prendre avec beaucoup de précautions, les sources officielles n’ayant pas été encore en mesure de les confirmer, étant donné que la coupe n’est pas achevée, et que des analyses doivent encore remonter.

La France n'est pas le seul pays touché par les mycotoxines 

L'Hexagone n'est pas le seul pays touché par des taux de mycotoxine élevés. Plusieurs sources privées rapportent également des soucis au sein des pays exportateurs de l'est de l'UE, notamment la Hongrie et la Roumanie, qui ont par exemple été touchés par la tempête Boris. Rappelons que le déficit hydrique a dégradé les potentiels pendant l'été dans ces pays. Sont survenues par la suite de fortes pluies, engendrant l'apparition de DON, soit la double peine : volumes en baisse, qualité dégradée.

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