Agroalimentaire
La Commission européenne publie pour la première fois ses prévisions d’échanges
Dans un souci de transparence, comme Dacian Ciolos, le commissaire à l’Agriculture, en avait pris l’engagement en juin devant les ministres de l’Agriculture du G20, la Commission européenne vient de rendre publiques, pour la première fois, ses prévisions à court terme pour les principales matières premières agricoles européennes. Un exercice qu’elle entend répéter trois fois par an et qui sera complété par un bilan céréalier mensuel. Ces perspectives 2011/2012 sont basées sur les analyses des experts des services de la direction générale de l’Agriculture de la Commission. Avec une production de 277,8 Mt (281,7 Mt selon le CIC de septembre), il est prévu que le marché céréalier reste « tendu » jusqu’à la fin de la campagne, avec des stocks en baisse sensible. Des inquiétudes pointent aussi dans le secteur laitier, la filière restant largement tributaire de l’évolution de la situation sur le marché mondial.
Des stocks céréaliers de fin de campagne attendus en baisse de 6,5 Mt fin 2011/12
Les disponibilités de la campagne céréalière 2011/2012 sont estimées à 325,5 Mt dans l’UE à 27, soit une baisse de près de 5 % par rapport à la campagne 2010/2011. Cette diminution s’explique par une baisse sensible des stocks en début de campagne (54,5 Mt en juillet 2010 contre 37,1 Mt en juillet 2011 et 32,8 Mt, selon le CIC). La récolte est prévue à 277,8 Mt, en baisse de 0,2 % sur un an. Les exportations accuseraient une baisse sensible à 21,8 Mt (31,8 Mt en 2010/2011) et les utilisations totales seraient freinées (0,6 Mt) du fait de la hausse des prix. Elles s’élèveraient à 271 Mt dont 166,6 Mt pour l’alimentation animale et 9,1 Mt pour la production de bioéthanol. Sur la base de ces prévisions, les stocks de fin de campagne devraient diminuer de 6,5 Mt pour s’établir à 30,6 Mt et les stocks publics resteraient vides.
Malgré une hausse de 3,4 % de la superficie à 11,4 Mha, la production de graines oléagineuses est prévue en baisse de 2,2 % à 28,1 Mt (colza 19 Mt, -7,2 % ; tournesol 7,8 Mt, +12,4 % ; soja 1 Mt, -0,9 %). La production de protéagineux est prévue en baisse d’1,6 % à 2,8 Mt.
La production de lait en poudre progresse
La production de viande bovine devrait croître d’1,3 % en 2011 en raison d’une augmentation du poids à l’abattage et d’une demande dynamique à l’exportation. Toutefois, compte tenu d’une baisse du cheptel, la production devrait baisser de 2 % en 2012. En 2010 et 2011, les exportations de viandes fraîche et transformée ont fortement augmenté, surtout vers les marchés russes et turcs. Mais en 2012, selon les services de la Commission, les exportations de viande chuteraient de 29,6 %. La consommation de bœuf et de veau dans l’UE devrait décroître légèrement jusqu’en 2012.
La production de porc est prévue en hausse d’1,7 % en 2011. La Commission s’attend à une croissance identique l’an prochain. Selon les données disponibles à la fin août, les exportations pourraient être supérieures de 13,4 % au volume de 2010, la Corée du Sud et la Chine étant des marchés très porteurs, y compris pour les produits porcins à haute valeur ajoutée. Les exportations pourraient baisser de 4,3 % en 2012 et les importations diminuer de 30,5 % en 2011 et de 24 % en 2012 par rapport à 2010.
La production de poulet devrait se maintenir au niveau de 2010 et augmenter de 0,6 % en 2012, en raison d’une forte demande intérieure. On s’attend à une hausse de 18,8 % des exportations en 2011 et à une baisse d’1,6 % en 2012. La consommation dans l’UE est prévue en hausse de 0,8 % en 2012. Les productions ovine et caprine devraient continuer à baisser en 2011 (-0,8 %) et en 2012 (-2,4 %). Les importations de viande ovine ont diminué de 10 % en 2011 mais les livraisons originaires de Nouvelle-Zélande devraient augmenter légèrement en 2012. Ce pays, principal fournisseur de l’UE, a dû faire face en 2008/09 à une forte sécheresse et à un taux de fécondité des brebis en baisse.
La situation a été favorable en 2010 et au cours des sept premiers mois de 2011 pour le secteur laitier. Les prévisions pour la fin 2011 et 2012 dépendent dans une large mesure, comme le souligne la Commission, de l’augmentation de la production et des livraisons aussi bien de l’UE que des principaux pays fournisseurs (Nouvelle-Zélande, Australie, Etats-Unis) et du maintien d’une demande forte sur le marché mondial, soutenue par la Chine et les autres pays d’Asie du Sud-Est et du Proche et Moyen-Orient. La Commission estime la production de lait dans l’UE à 150,8 Mt en 2011 et 151 Mt en 2012. Une progression due à une hausse des rendements laitiers dans tous les Etats membres. Ceux-ci sont passés en moyenne de 5,9 t à 6,3 t par tête de 2001 à 2008, alors que le cheptel est en régression constante (22,9 M de têtes en 2011 contre 24,2 M en 2008). Malgré une demande forte, tirée par la Chine, les exportations de l’UE devraient continuer à décliner au profit surtout de la Nouvelle-Zélande. La production de lait écrémé en poudre serait en augmentation de 9 % en 2011 et une hausse supplémentaire de 4 % est prévue pour 2012. Les stocks d’intervention constitués en 2009 seraient totalement écoulés fin 2012.
