« Il faut s’attendre à ce que la baisse d’activité se prolonge » sur la fin 2009, Jean-Luc Cade, président de Coop de France Nutrition animale
La Dépêche-Le Petit Meunier : Le secteur de la nutrition animale subit une baisse d’activité importante en 2009. Quelles en sont les raisons et les conséquences ?
Jean-Luc Cade : Après une reprise d’activité en 2007 et 2008, la production française d’aliments composés subit en effet une baisse de plus de 7 % sur les huit premiers mois de l’année 2009 par rapport à la même période de l’année 2008. Ce repli résulte en premier lieu d’un recul de 12 % des aliments bovins. Il faut cependant garder en tête que les tonnages de référence 2008 étaient élevés du fait de la hausse de la demande des producteurs laitiers en liaison avec un marché du lait rémunérateur. Il s’agit plus en l’occurrence d’un retour à la normale. Par contre, les baisses d’activité de 5 % en volaille et de 7 % en porc sont plus inquiétantes, d’autant plus que ces aliments constituent le gros des tonnages !
Compte tenu de la situation de crise dans laquelle se trouvent la plupart des filières animales, il faut s’attendre à ce que cette baisse d’activité se prolonge sur les derniers mois de l’année. En tablant sur 21,3 millions de tonnes pour 2009, on serait en baisse de 1,5 % par rapport à 2006, dans le prolongement de la diminution des tonnages observée à partir de 2002.
Après le ralentissement des restructurations constaté en 2006 et 2007, on assiste depuis deux ans à une reprise des regroupements dans le secteur de la nutrition animale. Ce phénomène est général et concerne toutes les régions, avec l’apparition de pôles coopératifs régionaux.
LD-LPM : Comment s’articule l’action de Coop de France Nutrition Animale, au sein Coop de France et avec ses partenaires de la nutrition animale ?
J-L C : Nous revendiquons fortement notre appartenance à Coop de France. C’est une richesse pour nous. Nos coopératives d’aliments sont à l’interface des productions végétales et animales, actrices dans de multiples filières. De par leur approche industrielle et leur proximité avec les éleveurs, elles font traditionnellement le lien entre le monde de la production et celui de la transformation. Elles jouent un rôle déterminant dans l’organisation des filières, le rapprochement de l’offre et de la demande. Les problématiques qu’elles nous remontent relèvent tant du métier de fabricant stricto sensu que de l’organisation des filières. Nous nous attachons donc à travailler de manière équilibrée selon ces deux axes : l’axe métier avec nos partenaires que sont le Snia, l’Afca-Cial ou Tecaliman, l’axe filière, au sein de Coop de France, en lien étroit avec ses autres métiers. Ainsi, nous recherchons le maximum de synergies tant avec les sections Métiers du grain ou Déshydratation sur des problématiques de matières premières, qu’avec les sections Bétail et Viande ou Aviculture sur celles propres aux filières animales. Le plan de relance des protéagineux en est un bon exemple. Exerçant un métier au service des filières, nous nous reconnaissons pleinement dans le Pôle Animal de Coop de France.
LD-LPM : Pouvez-vous nous parler de votre thème d’assemblée générale ?
J-L C : En dehors de nos filières agricoles, notre métier reste parfois mal perçu. Il nous semble donc important de donner davantage de sens à notre action au quotidien. C’est dans cet esprit que, cette année, nous avons souhaité tourner notre assemblée publique vers les citoyens et les consommateurs. Dans le contexte de crise économique que nous traversons actuellement, il nous a semblé plus important que jamais d’identifier leurs attentes vis-à-vis des denrées animales. En effet, la compétitivité de nos filières passe par une réponse adaptée aux besoins des marchés dès l’amont. Les coopératives de nutrition animale y ont leur rôle à jouer et s’emploient à le faire.
Ainsi, autour du thème “ les réponses des coopératives de nutrition animale aux attentes de la société ”, nous avons souhaité mettre en lumière les actions mises en œuvre par nos coopératives pour répondre à cinq préoccupations de la société en partant de témoignages de nos adhérents. Ainsi, notre table ronde réunira des coopératives de toutes tailles et de toutes régions pour nous faire partager la maîtrise du coût alimentaire à la Cavac, l’engagement dans le Bio du Gouessant, la réflexion développement durable de Soal, les axes Nutrition/Santé de Terrena ou la réponse à la segmentation des marchés par Altitude.