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Marché du blé : comment l'Égypte veut réduire sa dépendance aux importations ?

L'État égyptien cherche à faire des économies par tous les moyens. Reste à savoir s'il parviendra à atteindre ses objectifs.

 

© Clker-Free-Vector-Images-Pixabay

La solution à la réduction de la dépendance égyptienne aux importations de blé tendre se trouve peut-être dans l'utilisation d'autres céréales pour fabriquer le pain. C'est en tous cas ce qu'envisageraient les autorités égyptiennes, rapportent cinq sources privées au média Reuters le 4 octobre 2024.  

Lire aussi : Importations de blé : la Turquie va-t-elle prolonger son embargo ?

Le gouvernement souhaiterait en effet incorporer davantage de maïs et de sorgho dans les farines, afin de réduire les coûts d'importation de blé. Rappelons que l'Égypte subventionne le pain, afin d'alimenter sa population. 

1 Mt/an d'importations de blé en moins ?

Dans le détail, un plan aurait été présenté fin septembre aux meuniers et boulangers locaux, dans lequel la farine contiendrait un quart de maïs et de sorgho, le reste étant toujours dévolu au blé. La mesure s'appliquerait d'ici avril 2025. Les autorités espèrent réduire par ce biais ses importations de blé de 1 Mt/an, rapportent deux sources privées à Reuters.

Des meuniers et boulangers égyptiens guère emballés...

Néanmoins, les meuniers et les boulangers ne seraient guère emballés par ladite mesure. En effet, en plus de surcoûts de fabrication, ils craignent que la qualité des pains n'en soit affectée, témoignent-ils auprès du média. Ce dernier rapporte qu'une vingtaine d'années auparavant, le maïs était effectivement utilisé, mais la couleur et l'odeur du pain s'en retrouvaient affectées. Raison pour laquelle les lobbies industriels avaient fait pression sur le gouvernement pour l'utilisation exclusive de blé dans la farine... et avaient obtenu gain de cause.

D'où viendraient le maïs et le sorgho ?

Le trader Hesham Soliman, basé au Caire, a précisé à Reuters que le gouvernement pourrait faire d'importantes économies si le maïs et le sorgho proviennent du marché domestique. En cas d'importation, les gains pécuniaires s'en retrouveraient nettement plus marginaux. « Le gouvernement n'économiserait que 35 à 41 $/t, dans le meilleur des scénarios », témoigne-t-il, en se basant sur la différence de prix blé/maïs au départ des ports russes.

« Le gouvernement n'économiserait que 35 à 41 $/t en remplaçant le blé par du maïs et du sorgho [importés] dans le meilleur des scénarios », témoigne Hesham Soliman, trader basé au Caire.

Et si l'Égypte n'avait pas acheté 3 Mt de blé d'un coup ?

L'Égypte se trouve au cœur d'une crise économique : déficit budgétaire important, forte inflation. Ainsi, le pays cherche à faire des économies par tous les moyens. Il essaie depuis des années de réduire les coûts engendrés par son programme de pain subventionné. Par ailleurs, le GASC (General authority for supply commodities) s'essaie aux gros achats, afin de profiter de prix actuellement bas. Il y a quelques semaines, une acquisition de plus de 3 Mt avait été annoncée par diverses sources privées. Mais il s'avère finalement qu'elle a concerné bien moins de volumes. La semaine passée, bis repetita : diverses sources privées rapportent un achat égyptien de 3,12 Mt, livraison novembre 2024-avril 2025, essentiellement d'origine russe. Mais encore une fois, d'autres sources privées expliquent qu'il se pourrait que les volumes soient bien plus faibles. 

Ainsi, achats volumineux et utilisation d'autres céréales dans la farine de pain ont un même but : réduire le train de vie de l'État égyptien. Il s'agira de scruter de près dans les prochains jours/prochaines semaines les actions du gouvernement, qui auront potentiellement des effets sur les cours mondiaux et hexagonaux. En effet, la France constitue un fournisseur de blé de l'Égypte, certes occasionnel (surtout cette année). Une réduction de la dépendance égyptienne aux importations réduirait les débouchés pour l'origine hexagonale. Tout comme le fait de manquer de grosses opportunités d'affaires, lorsque le pays importateur se positionne pour de volumineux tonnages.

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