“Il faut mettre en avant la notion de produit France !”
La Dépêche-Le Petit Meunier : Vous avez été réélu, en novembre, président de l’Association nationale de la meunerie française (ANMF). Quels seront les grands enjeux de ce second mandat ?
Joseph Nicot : Nous avons tous compris que la meunerie a changé d'époque en 2007/08 avec l'évolution du marché des matières premières. Notre organisation syndicale devait s'adapter. Dans ce contexte, j’ai accepté un nouveau mandat à la présidence du conseil d'administration sous réserve de pouvoir m’appuyer sur la compétence d'un président délégué, Bernard Valluis, qui nous apporte une grande expertise dans le domaine des matières premières. Nous manquions d’antériorité et de temps pour nous consacrer à certains sujets, comme celui d’Euronext. Bernard Valluis a l’expérience des marchés et des arcanes de la politique, notamment bruxelloise.
Notre nouvelle organisation devrait assurer une meilleure efficacité de notre syndicat qui est de faire en sorte que les entreprises de meunerie puissent travailler dans les meilleures conditions. La question des matières premières et de la promotion de nos productions font aussi partie de nos principaux chantiers pour les années à venir.
La Dépêche-Le Petit Meunier : Quelles sont les ambitions de l’ANMF en matière de promotion des produits meuniers ?
Joseph Nicot : Il faut mettre en avant la notion de produit France ! Cela s’entend en matière d’origine de la matière première, de lieu de transformation, mais aussi de la provenance des ingrédients que nous incorporons à nos farines. Cela se justifie notamment par l’application scrupuleuse de règles sanitaires européennes mis en place en France, puisque l’Hexagone s’inscrit dans un schéma interprofessionnel ambitieux au regard de ce qui se fait ailleurs en Europe et dans le monde. Ces efforts doivent être pris en compte. Valoriser et favoriser le produit France serait un juste retour des choses pour tous ceux qui travaillent en ce sens.
Les céréaliers ont en particulier réalisé d’importants progrès dans la gestion de leurs intrants, illustrant, au-delà des obligations légales, une réelle prise de conscience. Il faut savoir tirer profit de ces avancées et les transmettre au consommateur ! Nous travaillons par ailleurs, avec nos clients, sur les cahiers des charges, mais aussi la réglementation pour faire évoluer le produit France.
La Dépêche-Le Petit Meunier : Quelle est la portée du dossier matières premières sur lequel l’ANMF doit avancer ?
Joseph Nicot : Nous allons nous impliquer de manière plus forte sur la recherche génétique et l’évolution des variétés de blé. Nous souhaitons structurer davantage le dialogue avec les semenciers pour que les travaux de sélection collent aux attentes technologiques des meuniers et de leurs clients, mais également qu’ils s’adaptent aux grands changements actuels, notamment climatiques.
La Dépêche-Le Petit Meunier : Vous évoquez la question de la génétique, faut-il comprendre OGM ?
Joseph Nicot : Nous allons avant tout avancer sur les variétés actuelles avec des modes de sélections classiques.
Si le dossier des OGM s’invite dans l’actualité, nous ne le fuirons pas mais l’aborderons avec lucidité.
La Dépêche-Le Petit Meunier : Comme d’autres intervenants des filières des grains, vous avez demandé aux autorités nationales de pouvoir utiliser des camions de 44 tonnes au lieu de 40 tonnes. Avez-vous été entendus sur ce sujet ?
Joseph Nicot : Nous déplorons que nos demandes ne soient pas prises en compte plus rapidement. Chaque jour qui passe fait dépenser des unités carbone supplémentaires qui pourraient être économisées !