Spécial Bourse européenne
Fret maritime, une hausse conjoncturelle
Si le BDI (Baltic Dry Index) – indice représentant le coût du fret de vrac sec (céréales, charbon, minérai, etc.) – a quasiment doublé sur le mois de septembre, remontant à un niveau plus vu depuis octobre 2011, « la hausse est ponctuelle, estime Jérôme Pelagos, du cabinet de courtage éponyme Globalement, le marché est en faveur des affréteurs, suite aux nombreux navires commandés après la crise financière et qui n’ont commencé à arriver qu’en 2010 ». Et Jean-Baptiste Fabre, également courtier en fret mairime, d’ajouter : « Si on a senti un peu plus de demande fin septembre, à l’échelle de l’année, la demande n’a pas atteint l’offre de navires. »
Impact sur la compétitivité des exportations françaises
« Concernant la compétitivité des céréales françaises, vu que nos marchés captifs sont dans la grande majorité des marchés de proximité, l’augmentation du fret nous est plutôt bénéfique car elle éloigne la concurrence. En revanche, la baisse du fret rétrécit le globe », explique Jean-Philippe Everling, DG de Granit Négoce. Néanmoins, le fret n’est pas l’élément prépondérant. « C’est la qualité de la marchandise qui va jouer en premier et, à qualité égale, le prix de la marchandise, et ensuite le fret », complète Jérôme Pelagos. Les courtiers n’ont pas non plus « le nez collé sur le BDI », remarque Jean-Baptiste Fabre, car cet indice est essentiellement axé sur les grands bateaux type Capesize et Panamax. Pour rappel, « les bateaux en sortie de France pour l’export vont des caboteurs de 2.000 t au Panamax de 75-80.000 t. Les premiers couvrant de plus petites distances, typiquement à destination de l’Afrique du Nord, ou du bassin méditerranéen, précise Jérôme Pelagos. Néanmoins, le BDI a forcément un peu d’impact sur nos marchés. » « Pour la majorité des exportations françaises, c’est-à-dire du nord/sud de la France vers le bassin méditerranéen, les taux de fret ont augmenté de 10 à 30-35 % depuis la sortie de l’été, confirme Florian Gallard, responsable Fret maritime chez Granit Négoce. Mais c’est difficile de dire combien de temps cela va durer. Jusqu’à la fin de l’année, le marché du fret devrait plutôt suivre une tendance haussière. Mais les changements peuvent aller très vite, notamment sur les petits navires, dont les prix sont très sensibles à l’offre et la demande. »
Des solutions ponctuelles de couvertures pour les négociants
« Il peut arriver aux grands groupes de négoce de louer des bateaux sur des périodes de six mois, un ou deux ans, qu’ils peuvent utiliser pour eux ou sous-louer », indique Samuel Fouché, du pôle Fret chez Granit Négoce. « Cela nous arrive, mais de façon périodique, ajoute Florian Gallard. C’est un bon outil pour couvrir une position ouverte. » En ce qui concerne le marché Future du fret maritime, « nous regardons le marché papier, qui est corrélé au marché physique, mais une couverture restera exceptionnelle », indique Samuel Fouché.