La résistance aux antibiotiques recule encore
Les résultats du réseau Résapath pour l’année 2014 ont été présentés à Paris par l’Anses le 2 novembre dernier. Ils confirment à nouveau la diminution de la résistance des bactéries aux antibiotiques. La tendance est générale pour toutes les espèces d’animaux de rente et particulièrement chez le porc.
Sur près de 3000 antibiogrammes enregistrés par le Résapath, la sensibilité aux antibiotiques ne cesse de croître. C’est le cas pour les céphalosporines, en particulier pour le ceftiofur, pour lequel 97 % des bactéries E. coli se sont révélées sensibles. De même, concernant les quinolones et fluoroquinolones, la sensibilité des E. coli va de 73 % (acide oxolinique) à 89 % (enrofloxacine). Voilà pour les bactéries provoquant des pathologies digestives, qui représentaient la majorité des antibiogrammes (35 %) sur des prélèvements réalisés sur les porcelets (48 %), les truies (17 %) et les porcs à l’engraissement.
Les autres pathologies représentant plus de 10 % des antibiogrammes sont d’ordre respiratoire (17 %), urinaire (13 %) et septicémique (11 %). Les résultats 2014 montrent que plus de 94 % des Actinobacillus pleuropneumoniae sont sensibles à la majorité des antibiotiques testés, à l’exception de la tétracycline (86 %). De même, la sensibilité de Pasteurella multocida dépasse les 98 % pour la plupart des antibiotiques testés. Enfin, concernant Streptococcus suis, aucune antibiorésistance n’a été observée vis-à-vis de l’amoxicilline et 93 % sont sensibles aux aminosides. « C’est le résultat des efforts que font les filières en général, et le porc en particulier », soulignait Jean-Yves Madec, directeur de recherches à l’Anses de Lyon, et présenté comme « monsieur antibiorésistance ».
Des ventes d’antibiotiques à interpréter avec prudence
Le chercheur saluait évidemment la tendance constante de réduction du recours aux antibiotiques, toutes espèces d’animaux de rente confondues. Les tonnages d’antibiotiques vendus à destination des animaux sont passés de 1 311 tonnes en 1999 à 781 tonnes en 2014, soit une réduction de 40 %. Ce qui fait de la France un « très bon élève » au sein de l’Europe, avec en moyenne 94 mg d’antibiotique par kg de poids contre 109,7 mg pour l’ensemble des pays. « La France est, derrière les Pays-Bas, le pays qui a le plus réduit sa consommation d’antibiotiques pour les animaux. C’est tout particulièrement vrai pour le porc et son exposition aux céphalosporines dont les ventes ont chuté de 78 % entre 2010 et 2014."
Toutes espèces confondues, entre 2010 et 2014, les ventes d’antibiotiques ont chuté de 23 %. Toutefois, la lecture « brute » des statistiques de ventes d’antibiotiques en 2014 fait apparaître une inversion de la courbe et une remontée par rapport à 2013 : + 12 % pour l’ensemble des ventes (781 tonnes) et + 6 % pour les porcs. Mais Gérard Moulin, de l’Agence nationale du médicament vétérinaire, fournit l’explication suivante : « L’augmentation observée des ventes serait à mettre en relation avec la loi d’avenir pour l’agriculture (13 octobre 2014) qui, entre autres, mettait fin aux remises, rabais, ristournes. » D’où un stockage des médicaments important fin 2014 chez les distributeurs et/ou vétérinaires, pour anticiper l’application de la loi applicable au 1er janvier 2015. Selon Gérard Moulin, ce stock d’antibiotiques serait équivalent à 3 ou 4 mois, des chiffres confirmés par l’analyse des ventes en début 2015, en net recul. Le rapport de l’année 2015 sera plus intéressant et il conviendra de considérer la moyenne de ces deux années (2014 et 2015) pour avoir une vision objective de la réduction des ventes.
Résapath : 69 laboratoires en réseau
Le réseau Résapath s’inscrit dans le plan Ecoantibio et poursuit sa progression. En 2014 les 69 labotatoires de 97 départements participant ont récolté 37 000 antibiogrammes. Ils concernent, dans l’ordre, les bovins (28 %), la volaille (22 %), les chiens (19 %), les chevaux (9 %), les porcs (8 %) et les chats (5 %).
Pour l’espèce porcine, toutes pathologies confondues, les antibiogrammes ont porté en majorité sur E. coli (56 %). En ajoutant ceux qui concernent Streptococcus suis, Actinobacillus pleuropneumoniae et Pasteurella multocida, ces espèces bactériennes représentent 80 % des antibiogrammes collectés par Résapath en 2014.