Note du Haut-Commissariat au Plan
La France devrait produire plus de bio et de fruits et légumes, selon Bayrou
Une note du Haut-Commissariat au Plan diffusée le 21 octobre pointe certaines faiblesses de l’agriculture française face à l’évolution de la consommation alimentaire.
Une note du Haut-Commissariat au Plan diffusée le 21 octobre pointe certaines faiblesses de l’agriculture française face à l’évolution de la consommation alimentaire.
Si l’agriculture française peut encore renforcer ses points forts que sont les filières lait, céréales et boissons alcoolisées pour exporter, elle doit corriger ses faiblesses, que sont les fruits, les produits de la mer et le bio, pour mieux répondre à l’évolution de la demande française, selon une note du Haut-Commissariat au Plan (HCP) publiée jeudi 21 octobre.
« C’est dans les évolutions de l’alimentation que les producteurs agricoles français doivent puiser les éléments stratégiques propres à fédérer tous les maillons de la chaîne, de la production au marché et à la table, pour que la France redevienne ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : le pays qui dispose de la terre la plus fertile, des connaissances agronomiques les plus avancées et du projet agricole et agroindustriel durable et exigeant écologiquement le plus en phase avec les temps qui viennent », écrit François Bayrou, Haut-Commissaire au Plan dans l’introduction de l’étude Consommation et pratiques alimentaires de demain : quelle incidence sur notre agriculture ?
Si la quantité d’alimentation continue à progresser dans le monde, l’agriculture française doit répondre à « une exigence qualitative croissante » qui se dégage « singulièrement en Europe et particulièrement en France », selon lui.
Le déficit commercial en bio devrait être un sujet de mobilisation
Partant de ce constat, « le déficit commercial en matière de produits agricoles et agroalimentaires bio de 1,7 milliard d’euros en 2019 devrait être un sujet de mobilisation tant il est inacceptable au regard de la tradition agricole française », juge François Bayrou. La production française de produits bio ne couvre que 67% de la demande nationale en volume, un tiers du bio consommé en France est importé, rappelle la note du HCP.
La France a-t-elle les moyens de se nourrir de façon durable ?
— AC (@ChouetteAgile) October 21, 2021
Dans une note stratégique, le Haut-commissariat au plan pointe les faiblesses de notre agriculture pour répondre aux changements d’habitudes alimentaires des Français. https://t.co/I1SFq2F5iT@SAFThinkTank @mlh2011
Malgré la crise que traverse actuellement la filière laitière bio par exemple, le HCP estime que la France doit accélérer sur la production bio pour répondre à une consommation française sur une croissance à deux chiffres et à une tendance à la hausse également observée au niveau européen et mondial. On soulignera que la note ne parle pas de la rémunération des agriculteurs bios. François Bayrou évoque seulement la nécessité de mobiliser la recherche agronomique, d’effectuer des progrès en matière de machinisme agricole ou encore de faire appelle à la robotisation. « Sur les petites surfaces dévolues aux cultures maraîchères, des robots pourraient se charger infatigablement, jour et nuit, de l’arrachage des mauvaises herbes », écrit-il.
Les cinq légumes composant la ratatouille représentent 650 millions d'euros de déficit commercial
Autre point faible de l’agriculture française pointé par le HCP : la diminution des surfaces du verger français de plus de 12% en vingt ans et un déficit commercial de 5,9 milliards sur les fruits et légumes. Et ce alors que la végétalisation des repas est une tendance bien identifiée en France, selon le Credoc. Tendance qui s’est renforcée pendant le confinement.
Le HCP déplore ainsi la chute de la surface des verges de pommiers (-29%), cerisiers (-34%), poiriers (-52%) et pêchers (-59%) en vingt ans et souligne que les cinq légumes qui composent une ratatouille représentent un déficit en commerce extérieur de 650 millions d’euros en 2019 (289 millions pour la tomate, 160 pour les poivrons, 110 pour les courgettes, 47 pour les aubergines et 44 pour les oignons).
François Bayrou prône ainsi la mise en place « d’une politique concertée entre professionnels et pouvoir publics pour que la France se fixe comme objectif de redevenir un des vergers de l’Europe ».
Une réorientation de la structure agricole nationale possible si les conditions de production sont garanties comme équitablement socialement, économiquement et écologiquement entre les producteurs français et leurs concurrents, notamment européens, note le Haut-Commissaire au Plan.
La note pointe par ailleurs la nécessité de renverser « une situation qui fait de la France un importateur net de produits de la pêche et de l’aquaculture (avec un lourd déficit de 4,4 milliards d’euros en 2019) alors qu’elle possède le deuxième domaine maritime mondial ».
Une restauration de l'image des agriculteurs nécessaire
Cette « entreprise de reconquête des territoires abandonnées depuis des années dans une dérive continue », devra aussi passer par « une restauration de l’image de la profession agricole et des agriculteurs » juge François Bayrou. « Le procès en trahison de la nature qui leur a été fait a été pour eux tous une blessure considérable. Ils se vivaient depuis le début des temps comme les amis et les experts de la nature. Se trouver mis en accusation comme au mieux des indifférents et au pire des prédateurs de la nature a été pour eux une offense et un motif de découragement insupportables », écrit-il dans la note. Un découragement qui se résoudra par « des progrès décisifs dans l’organisation coopérative, technologique, des modes d’élevage de troupeaux », assure-t-il.
Et d’indiquer que les modes de production dans l’élevage doivent évoluer, vers un « élevage plus extensif, l’élevage en plein air, un accès direct à l’herbe ».
Lire l’intégralité de la note ici :