« J’ai perdu l’accès aux données de mon élevage depuis la cyberattaque de l’Arsoé de Soual »
La gestion administrative de Nicolas Betbeder, éleveur de blondes d’Aquitaine dans les Landes, est fortement perturbée depuis que l’Arsoé de Soual, coopérative basée dans le Tarn qui héberge de nombreux services numériques à destination des éleveurs du grand sud-ouest, a été paralysée par une cyberattaque le 15 décembre 2024.
La gestion administrative de Nicolas Betbeder, éleveur de blondes d’Aquitaine dans les Landes, est fortement perturbée depuis que l’Arsoé de Soual, coopérative basée dans le Tarn qui héberge de nombreux services numériques à destination des éleveurs du grand sud-ouest, a été paralysée par une cyberattaque le 15 décembre 2024.
« Depuis la cyberattaque survenue sur l’Arsoé de Soual le 15 décembre dernier, je n’ai plus accès aux données de mon exploitation sur l’outil de gestion de troupeau Synel. Tout est bloqué. Adieu le suivi agile et intuitif de chaque animal directement sur mon smartphone, nous avons dû revenir au papier. Je perds un quart d’heure à chaque déclaration de naissance : il faut retourner au bureau, imprimer le bordereau, le garnir, le dater, signer, scanner et envoyer le document à l’EDE, alors que la déclaration prenait moins d’une minute par le biais de l’application. Je m’astreins à le faire au fil de l’eau pour m’assurer de tenir le délai réglementaire maximum de sept jours. Comme la majorité des vêlages de l’exploitation est concentrée sur l’automne, les naissances sont plus rares en cette période. Cela signifie moins de déclarations papier, mais me prive de la possibilité de grouper cette charge. Les premières ventes de l’année auront lieu dans quelques semaines. Je ne sais pas encore comment cela va se passer.
« Nous avons donc dû faire une croix sur les bilans techniques de suivi de troupeau »
Sans parler des bilans de fin d’année : nous n’étions pas prêts pour un tel retour en arrière. Je dois retrouver manuellement les entrées et les sorties pour finaliser les variations d’inventaire du bilan comptable. Mon conseiller Bovins Croissance n’a plus non plus accès aux données, nous avons donc dû faire une croix sur les bilans techniques : bilan de reproduction (IVV, index…), bilan de carrière des reproducteurs… Même en recherchant d’éventuelles traces écrites sur les calendriers et autres supports, ce qui prend beaucoup de temps, nous manquons d’éléments car tout était saisi sur Synel. Or, ces bilans sont cruciaux pour mesurer la progression de l’élevage. Actuellement, seuls les inséminateurs ont encore accès aux données du troupeau sur leur logiciel et peuvent notifier leurs interventions, bien que l’IA représente une part très limitée des accouplements.
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Très peu d’informations circulent sur l’état de santé du système, et sur une date de retour à la normale. Nous naviguons à vue. J’espère que la situation se rétablira rapidement, et que je pourrai récupérer l’historique de mon exploitation, dont la généalogie de mon troupeau inscrit au herd-book. Plus largement, cet événement est inquiétant car il met en exergue la vulnérabilité de notre système d’information face aux cyberattaques. »
Chiffres clé de l'EARL Reflets de l’Adour (Landes) : 85 ha, 60 mères blondes d’Aquitaine en système broutard et engraissement des femelles, Label Rouge IGP Bœuf de Chalosse