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Un système charolais naisseur-engraisseur simple et performant

Dans la Meuse, le troupeau charolais de cent mères de la SCEA de Handevillers est de très bon niveau génétique. Sa conduite est équilibrée entre technicité et simplification, et apporte de la stabilité à l’exploitation avec les 200 hectares grandes cutures.

À la SCEA de Handevillers, à Pillon dans la Meuse, Florian Berthelémy est installé depuis 2016. Il travaille avec son associé Jean-Philippe Loison, et peut compter sur son père Jean-François, retraité et salarié à temps partiel, et sur son apprenti Quentin Maire, étudiant en alternance en BTS, qui est présent deux semaines par mois. « Notre système repose sur l’équilibre entre les 200 ha de grandes cultures et le troupeau allaitant. En 2024, ce sont les vaches qui donneront le meilleur résultat économique », présente l’éleveur. Les prairies permanentes de la Woëvre, plaine humide au pied des côtes de Meuse, occupent 125 hectares. Toutes les autres surfaces méritant d’être drainées et cultivées le sont depuis plus de vingt ans. Le troupeau charolais a été créé par Jean-François Berthelémy dans les années 80, et les bâtiments ont été montés étape par étape. « On sature tous les bâtiments. Pour valoriser au mieux les prairies, le troupeau est calé entre 95 et 105 vêlages. Par rapport aux aléas climatiques, ça ne passerait plus avec 120 vêlages. »

Pour bien travailler sur les deux ateliers de l’exploitation, avec cent charolaises à vêler et l’engraissement de tous les mâles et toutes les femelles, le curseur est placé entre technicité et simplification de la conduite du troupeau. « Je suis en cours de recadrage de la période de vêlage », illustre Florian Berthelémy. Ils commencent le 1er septembre et 60 % interviennent avant fin décembre, mais pour l’instant, ils finissent en mars. « Mon père faisait vêler tout l’hiver. En un sens, ça me convient d’étaler un peu la charge de travail de l’automne par rapport aux semis. » 

De même, le troupeau a un excellent niveau génétique, mais faire vêler les génisses à deux ans demanderait un suivi plus conséquent de leur conduite et n’est pas à l’ordre du jour. Le troupeau fait en effet partie du schéma de création du programme Charolais univers de la zone Elitest. Une grande partie est inscrite au herd book et l’élevage est suivi en VA4 au contrôle de performances depuis longtemps. « On vend un ou deux mâles en station d’évaluation quand cela se présente, mais je ne vends pas de reproducteurs à la ferme et je ne fais pas de concours. C’est à mon avis un métier différent du mien. »

 

80 % des vaches porteuses du gène sans cornes

Le troupeau représente bien le charolais du Grand-Est issu d’IA, avec des pattes fines, plutôt typé élevage et fournissant des carcasses importantes en engraissement. L’insémination animale est employée tant que les vaches sont en bâtiment, puis un taureau de monte naturelle prend le relais au pré. Les accouplements sont déterminés en échange avec Emmanuel Richier d’Elitest. « On n’emploie que des taureaux sans cornes, homozygotes ou hétérozygotes. Quatre-vingts pourcents des vaches sont porteuses du gène maintenant. Aujourd’hui on écorne un veau sur vingt à peu près », explique Florian Berthelémy. « Les aplombs sont l’autre priorité. On a beaucoup de progrès à faire sur ce critère. » Près de la moitié des vaches sont parées sur l’année (facture d’environ 700 euros). Le pareur passe en décembre, puis avant la mise à l’herbe pour celles qui ne marchent pas très bien. Les éleveurs ont un ou deux cas de dermatite digitale à soigner dans l’année. « La moitié des causes de réforme des vaches sont la fertilité et les pattes. » Environ 80 % des veaux sont issus d’IA. Elitest assure le suivi de la reproduction avec un passage par mois dans l’élevage sur la période. Les chaleurs sont détectées avec le système Sensehub, sur les génisses depuis longtemps, et maintenant pour les vaches aussi (62 colliers en tout).

Les vaches sont au pâturage sans complémentation jusqu’à leur vêlage. Leur préparation repose sur une vaccination contre les diarrhées néonatales du veau et une complémentation en oligo-éléments par voie injectable. Elles vêlent toutes en bâtiment pour sécuriser une éventuelle intervention, même si une contention est à disposition au pré. En septembre et octobre, elles ressortent au pré deux à trois semaines après avec leurs veaux.

Des récoltes de stocks terminées mi-juin

L’alimentation hivernale du troupeau est fondée sur l’ensilage d’herbe en récolte très précoce et l’ensilage de maïs. Dans la Woëvre, la portance des prairies ne permet pas de sortir trop tôt, mais en été il y a de très fortes chaleurs. « Je dois terminer la récolte des stocks sur prairies au 15 juin, et ce qu’on récolte plus tard est du surplus », indique Florian Berthelémy. Les fauches commencent la première semaine de mai (70 ha avec un rendement de 4,3 tMS/ha) et les deuxièmes interviennent début juin. Quarante hectares de foin sont récoltés (5,5 tMS/ha en première coupe et 2,2 en deuxième coupe). Le maïs ensilage pousse bien (rendement moyen de 14 tMS/ha) et les éleveurs en cultivent entre 24 et 26 hectares. Pour équilibrer ces deux fourrages, les besoins en orge autoproduite sont peu élevés (25 tonnes). Un seul type de correcteur azoté, un VL 40 cette année, est acheté pour tout le troupeau. De même, toutes les catégories d’animaux ont le même aliment minéral (4-21-7).

Toujours dans ce positionnement entre technicité et simplification, le pâturage est tournant, mais pas dynamique, avec un temps de séjour d’une semaine dans des paddocks de deux hectares pour un lot d’une trentaine de vaches suitées avec un taureau. Aucune complémentation n’est donnée aux veaux au pré. En bâtiment, ils auront reçu auparavant un mash fermier. Des points d’arrivée du réseau d’eau dans chaque ilôt permettent de ne pas avoir beaucoup de travail sur cette période de moisson. Toutes les pâtures sont autour des bâtiments.

Le lot des réformes pâture toute la saison, puis passe en bâtiment pour une finition de 2,5 à 3 mois jusqu’à un état assez avancé. Les génisses sevrées fin juin et fin août ressortent un mois autour du bâtiment avec une ration à disposition à l’intérieur (foin, ensilage d’herbe, céréales et 50 g de correcteur). Toutes celles qui ne sont pas mises à la reproduction sont engraissées jusqu’à 28 mois. Comme les vaches, après pâturage, elles passent en finition en bâtiment pendant un mois. Les vaches après vêlage sont sur une base d’ensilage d’herbe et foin, avec du maïs ensilage et 100 g de correcteur. Les jeunes bovins sont abattus à dix-huit mois en moyenne en réalisant des croissances d’autour de 1 300 g/j entre la naissance et l’abattage. Tous les animaux sont vendus à des négociants. Le fumier des bovins est en partie épandu sur les champs (15 tonnes par an), et le système est autonome pour la paille de litière.

Équilibre entre charolaises et grandes cultures

Chiffres clé

324 ha de SAU dont 127 ha de prairies permanentes, 26 ha de maïs ensilage, et 171 ha de cultures (blé, colza, orge, maïs grain, tournesol
112 vêlages de charolaises
1,31 UGB/ha SFP de chargement global
2,5 unités de main-d’œuvre

Une SCEA sur trois sites

Florian Berthelémy s’est installé avec ses parents, qui sont désormais à la retraite. Entre-temps, ils s’étaient associés avec leur voisin Jean-Philippe Loison, installé à un kilomètre. Ils travaillaient depuis quinze ans avec lui pour les cultures et détenaient déjà une bonne partie du matériel en copropriété. Celui-ci souhaitait arrêter le lait, et ses bâtiments ont été facilement réaménagés pour accueillir les jeunes bovins, les génisses en engraissement et les génisses à la reproduction. Il a seulement fallu démonter la salle de traite. Florian Berthelémy et Jean-Philippe Loison ont chacun leur site d’élevage pour le travail du matin, puis travaillent ensemble sur le reste de la journée. Sur le site d’origine du troupeau sont logées les mères et les petites génisses. L’exploitation fonctionne au final sur trois sites : un îlot de 110 hectares situé à vingt-cinq kilomètres du siège est consacré aux grandes cultures.

 « Une bonne production de viande vive et des charges maîtrisées »

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Emeline Yvon de la chambre d’agriculture de la Meuse (à droite) avec une conseillère en apprentissage 

« La SCEA de Handevillers obtient de bons résultats grâce à sa maîtrise du coût alimentaire, avec 129 euros par UGB contre 153 pour le cas-type régional de naisseur-engraisseur de jeunes bovins. Ceci tient à la récolte très précoce des fourrages. En parallèle, le niveau génétique du troupeau permet de produire des carcasses lourdes (502 kgC pour les vaches). La production brute de viande vive est de 69 039 kg soit 341 kg/UGB. Les frais vétérinaires (40 €/UGB) et l’ensemble des charges opérationnelles sont maîtrisés.

L’élevage a encore des marges de progrès par l’amélioration de l’intervalle vêlage-vêlage, qui est à 422 jours en cours de groupement des vêlages. Il a dû faire face en 2024 à un gros problème sanitaire avec le passage du virus de la FCO 3 entre le 15 août et le 15 septembre, juste au moment du début des vêlages. Quelques avortements et la mort de neuf veaux à l’âge de 48 heures sont intervenus, alors que les mères n’ont pas présenté de symptômes, mais étaient positives. »

 

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