Intégrer la construction de retenues d’eau par les agriculteurs dans une réflexion sur le partage des réserves
Pour les agriculteurs, la gestion de l’eau est un enjeu majeur pour sécuriser les productions. Le réchauffement climatique pose cependant la question du partage de l’eau. La création de retenues d’eau doit tenir compte de ces changements et aller de pair avec une évolution des pratiques agricoles. Faire des réserves n’empêche pas d’améliorer les pratiques d’irrigation et de s’interroger sur les modèles agricoles à privilégier.
Pour les agriculteurs, la gestion de l’eau est un enjeu majeur pour sécuriser les productions. Le réchauffement climatique pose cependant la question du partage de l’eau. La création de retenues d’eau doit tenir compte de ces changements et aller de pair avec une évolution des pratiques agricoles. Faire des réserves n’empêche pas d’améliorer les pratiques d’irrigation et de s’interroger sur les modèles agricoles à privilégier.
Pour le BRGM, le service géologique national, le niveau des nappes phréatiques en sortie d’hiver est satisfaisant dans la majorité des régions, à l’exception de quelques bassins pour lesquels les apports pluviométriques des mois d’hiver ont été insuffisants pour combler les déficits des recharges. Ce constat dressé début avril faisait suite à un mois de mars très sec, avec un déficit de précipitations de 50 % au niveau national.
Lire « Nappes phréatiques : un niveau à surveiller dans le couloir du Rhône et dans le Haut-Rhin ».
S’il se prolonge, ce déficit de précipitations peut être très préjudiciable à l’agriculture. Pourtant, les stress hydriques printaniers et estivaux semblent s’accroître. L’évaporation « augmente sous l’effet de la hausse des températures moyennes en lien avec le changement climatique, » observe Réussir Grandes Cultures, tandis que les pluies « se font rares au printemps et à l’été ». Conséquence : « l’alimentation en eau devient de plus en plus critique pour les cultures, » note Gabriel Omnès dans son article.
Lire « Irrigation : le stockage de l’eau, toujours l’objet de réserves ».
Les périodes de sécheresse sont synonymes d’arrêtés contraignants pour l’irrigation. Pour cette raison, les agriculteurs voudraient pouvoir multiplier les retenues de substitution qui permettent de stocker l’eau qui tombe en hiver et de constituer des réserves. Pour la profession agricole, cette solution permet de sécuriser l’accès à l’eau. Mais il faut être prudent. C’est l’avis de Sami Bouarfa, de l’Inrae, qui souligne que « la création d’une retenue d’eau n’est jamais anodine ». Dans Réussir Grandes Cultures, il prévient : « Cela a des impacts sur le cycle de l’eau et sur la vie aquatique qu’il convient d’évaluer systématiquement. »
Discussions, contestations et tensions
Localement, les projets soulèvent souvent des tensions entre partisans et opposants à ces réserves destinées à l’agriculture. Les débats se multiplient. Les contestations et les conflits grandissent.
« Outre la question de la répartition de la ressource entre les différents usages (irrigation, eau potable, industrie, énergie…) se pose la question du modèle agricole à qui profitent ces retenues, » analyse Réussir Grandes Cultures.
Les retenues d’eau vont être conditionnés à des « changements radicaux » des pratiques agricoles, explique encore Réussir Grandes Cultures, prenant l’exemple d’un projet coopératif près de Niort.
Lire « Des retenues d’eau conditionnées à des changements de nos pratiques agricoles ».
Dans les régions, tout projet de création de retenue d’eau située dans le périmètre d’un schéma d’aménagement et de gestion des eaux (Sage) doit être compatible avec les dispositions du schéma directeur prévu.
La construction doit respecter des règles précises pour limiter les impacts.
Lire dans l’Anjou agricole « Créer une réserve d’eau pour irriguer »
De longues démarches administratives
Les projets peuvent mettre du temps à aboutir car ils font l’objet de nombreuses réflexions et procédures administratives. En Dordogne, le Gaec Landat témoigne dans Réussir Grandes Cultures de ce parcours du combattant qui a duré 10 ans.
Lire « Gestion de l’eau : " Nous avons rempli notre réserve après 10 ans de démarches " ».
Pour Mathieu Daim, dans le Puy-de-Dôme, les démarches ont été moins longues. Le projet d'une réserve d'eau de 10 000 m3 a pu être mené à bien en deux ans.
Lire « Une réserve d’eau individuelle de 10 000 m3 chez un agriculteur irrigant en Limagne »
Cellule interministérielle sur les projets de gestion de l'eau dans les territoires
Pour se prononcer sur les projets de territoire concernant la gestion de l’eau, le Gouvernement vient de créer une cellule interministérielle. Parallèlement, le sujet fait l’objet d’une consultation citoyenne, lancée le 1er mars pour une durée de 6 mois.
Eric Frétillère, le président des Irrigants de France en est bien conscient : « l’eau est un enjeu à l’échelle des territoires ». Le stockage de l’eau est une réponse pour répondre aux besoins de l’agriculture dans les années à venir. Mais il faut de l’eau pour tous et éviter la guerre de l’eau.