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Haies : un rapport ministériel confirme leur diminution constante

Malgré les programmes de plantation, la surface en haies et alignements d’arbres en France métropolitaine est en diminution constante. C’est ce qui ressort du rapport remis le 26 avril par le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) au ministre de l’Agriculture. Un « pacte en faveur de la haie » va être lancé dans les prochains jours.

Destruction haie
Dans son rapport, le CGAAER indique que « l’accent est souvent mis sur la création de nouvelles haies » mais qu’il convient avant tout de « mieux protéger le linéaire existant ».
© Marie-Annick Carré (archives)

« Le linéaire de haies agricoles poursuit sa régression en dépit des mesures de protection instaurées par la PAC et le droit de l’environnement. » Tel est le constat du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) réalisé dans le cadre de leur mission d’inspection commandée par le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Mise en œuvre mi-novembre 2022, la démarche visait à « disposer d’un état des lieux des connaissances scientifiques sur la haie », à étudier la « prise en compte de celle-ci dans les systèmes agricoles », à « examiner l’ampleur et les causes du phénomène d’arrachage de haies » et à « proposer des mesures incitatives sur les haies », précise le ministère dans un communiqué publié le 26 avril.

 


L’ampleur du phénomène d’arrachage des haies pointée

Le rapport du CGAAER a été remis le 24 avril au ministre Marc Fesneau. Il est intitulé « La haie, levier de la planification écologique ». Le document de 116 pages est disponible en ligne. Il permet de « constater l’ampleur du phénomène d’arrachage de linéaires de haies », observe le ministère.

« Depuis 1950, 70 % des haies ont disparu des bocages français », peut-on lire dans le rapport.  « sous l’effet conjoint du remembrement agricole et du déclin de l’activité d’élevage » et « malgré les programmes de plantation », le CGAAER dresse le bilan d’une « constante diminution » de « la surface en haies et alignements d’arbres en France métropolitaine ». Entre 2017 et 2021, la perte est estimée à 23 500 km/an.

Depuis 1950, 70 % des haies ont disparu des bocages français.

L’état des lieux réalisé permet aussi de remettre en perspective « les bienfaits agronomiques, en matière de sols, de biodiversité, d’eau, de stockage de carbone et de fourniture de biomasse (bois-énergie) que revêt une haie ».

Les rapporteurs constatent « l’absence de données consolidées sur les haies » et recommandent donc « d’avoir recours à une nouvelle méthode d’extraction des informations pour suivre l’évolution du linéaire de haies ». Pour la mission, « il convient avant tout de mieux protéger le linéaire existant ». Pour cela, il est nécessaire :

  • d’assurer le déploiement du plan de gestion durable des haies
  • de renforcer le dispositif spécifique d’éco-conditionnalité « BCAE8 » du plan stratégique national (PSN) e de la PAC, sous l’angle de la simplification et des contrôles.

Le rapport propose de « revaloriser le bonus haie dans l’éco-régime de la PAC, de subventionner les plans de gestion durable et d’étudier des mesures fiscales (extension du crédit d’impôt " DEFI travaux ") », ceci afin d’assurer une rémunération des « principaux gestionnaires » : les agriculteurs.


Un pacte en faveur de la haie

Le ministère va lancer dans les jours qui viennent une concertation pour construire un « pacte en faveur de la haie » avec la secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, Bérangère Couillard. Les travaux s’appuieront sur quatre pistes de recommandations issues du rapport, listées dans le communiqué du ministère.

  • L’importance de la connaissance de la haie, en matière de recherche appliquée et de diffusion des savoirs, de meilleure connaissance des linéaires de haie dans nos territoires, mais également en matière de formation des techniciens et conseillers sur la haie et de ceux qui les entretiennent au quotidien (agriculteurs, entrepreneurs…).
  • La nécessité de projets de filières, s’appuyant sur des initiatives locales, de haies gérées durablement et valorisées économiquement, comme levier de développement et de plantation de haies.
  • La réaffirmation de la haie comme objet agroécologique, qui doit être géré durablement. Cela pose la question des réglementations qui s’appliquent sur la haie et notamment la protègent, mais également de la promotion et de la reconnaissance d’une gestion durable de celle-ci, à même d’assurer la pleine atteinte de ses bienfaits économiques et environnementaux.
  • L’accompagnement par la puissance publique, et en particulier l’Etat, du déploiement et de la gestion durable de haies dans les territoires.  

 

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