Protéagineux : Les filières régionales prennent leur essor
Une lame de fond pour les légumineuses : les régions de France mettent en place des filières de valorisation ancrées dans le territoire et qui doivent déboucher sur des contrats rémunérateurs. Exemples.
Une lame de fond pour les légumineuses : les régions de France mettent en place des filières de valorisation ancrées dans le territoire et qui doivent déboucher sur des contrats rémunérateurs. Exemples.
L’échelle régionale s’empare du développement des légumineuses. Des projets émergent impliquant souvent de nombreux acteurs du territoire : chambres régionales d’agriculture, conseils régionaux, les Draaf ainsi que les acteurs de l’interprofession (instituts techniques, organismes de recherche) et du privé (distributeurs, transformateurs).
Grand Ouest : Leggo met l’accent sur la consommation humaine
Avec ses 40 500 hectares de légumineuses à graines, l’Ouest représente 10 % de la production française, avec une forte orientation vers l’alimentation animale. Les chambres régionales d’agriculture de Bretagne, de Normandie et des Pays de la Loire ont monté le projet Leggo (Légumineuses Grand Ouest) pour structurer une filière orientée cette fois-ci vers l’alimentation humaine. L’association créée à ce titre avec les divers partenaires va recenser les besoins des acteurs de l’amont. La faisabilité technique de la filière est également questionnée : choix des variétés, culture, conditions de tri et de stockage… avec la finalité d’une juste rémunération aux producteurs.
Nouvelle-Aquitaine : Légumineuses, colza et tournesol dans Protéi-NA
Un plan protéines régional a été élaboré dans la grande région Nouvelle-Aquitaine. Des réflexions ont débuté en 2018, avant l’édification du plan de relance national. Mais les deux plans ont la même ambition : augmenter l’autonomie protéique au bénéfice des filières. Appelé Protéi-NA, le projet travaille sur le volet de l’alimentation animale pour les plantes riches en protéines, pas seulement les légumineuses à graines mais aussi le colza et le tournesol ainsi que des espèces prairiales. Toutes ces espèces couvraient près de 500 000 hectares en 2017 dans la région. Des groupes de travail œuvrent sur plusieurs axes définis : suivi de la recherche, références technico-économiques, structuration des filières, investissements pour les cultures, stockage et transformation, accompagnement des éleveurs, communication et formation. Un appel à projets régional « structuration amont-aval » pour les cultures riches en protéines est en cours de réflexion.
Grand Est : deux projets avec Arpeege et Partage
Des milliers de tonnes de soja sont importées par an dans le Grand Est pour l’alimentation animale. Le projet Arpeege (Autonomie en ressources protéiques et énergétiques des élevages du Grand Est) doit remédier à cette dépendance en proposant des pistes pour rapprocher les intérêts des éleveurs et des céréaliers. « Ce projet de trois ans est soutenu par l’Europe dans le cadre d’un PEI, Partenariat européen pour l’innovation. Il regroupe 24 partenaires, précise Maelle Simmen, chez Terres Univia. Nous voulons créer de nouvelles coopérations entre éleveurs et céréaliers et travailler sur la production et l’utilisation de nouvelles ressources protéiques énergétiques, comme le soja non OGM. »
Maëlle Simmen met en avant un autre projet : Partage (Programme agronomique régional pour la transition agroécologique du Grand Est) qui concerne en partie les protéines végétales. L’un des objectifs est d’améliorer la gestion de l’azote en renforçant l’entrée d’azote symbiotique par la présence de légumineuses. Des réseaux d’agriculteurs se mettent en place sur les deux projets pour mener des expérimentations in situ.
Provence : la part belle aux légumes secs avec le projet Pacaleg
La Provence Alpes Côte-d’Azur s’intéresse à la filière des légumes secs, en particulier le pois chiche. Le projet Pacaleg vise à structurer une filière régionale de production et de transformation. L’enjeu est de créer de nouveaux produits alimentaires à base de légumineuses. Le projet aidera les entreprises agroalimentaires à les produire ou à les intégrer dans des recettes. Il viendra en appui de la création de collectifs de producteurs et de transformateurs avec des partenariats économiques équitables. Pour les producteurs, le but est d’améliorer la connaissance de la production pour optimiser les itinéraires techniques et augmenter la valeur ajoutée des légumes secs locaux grâce à la qualité de production.
Fileg pour construire des fondations solides en Occitanie
L’Occitanie a son projet de structuration de filière de légumineuses à graines, dénommé Fileg. Il est coordonné par Terres Inovia. « Le projet concerne aussi bien les débouchés de l’alimentation animale qu’humaine, présente Christophe Vogrincic, responsable zone Sud de Terres Inovia. Le but est de créer de la valeur ajoutée avec l’ensemble des acteurs et notamment pour les agriculteurs. » Le projet a démarré en 2017 avec une étude de faisabilité. « Nous travaillons maintenant à la structuration de la filière, en fluidifiant par exemple les échanges entre amont et aval. Parfois, les acteurs d’un même secteur ne se connaissent pas vraiment et il est utile de définir les besoins des uns et des autres, remarque Christophe Vogrincic.
Les légumineuses identifiées sur leur provenance occitane
« La contractualisation est à l’étude avec la nécessité de bien maîtriser la notion de l’offre et de la demande. L’idée est d’apporter une identité territoriale aux légumineuses produites en Occitanie, ajoute Christophe Vogrincic. La recherche et développement est également un axe important. Plusieurs structures sont déjà engagées dans ce type d’actions mais parfois sans coordination entre elles. Des expérimentations vont être mises en place à compter de 2021, estampillées Fileg, avec du transfert de connaissances. »
L’Occitanie compte entre 8 et 10 % de ses grandes cultures en légumineuses, dont le soja pour moitié. L’objectif est de passer à 20 % d’ici 2030-2040. L’intérêt est agronomique en plus d’être économique. « Les légumineuses sont la clé de voûte de l’agroécologie, selon Christophe Vogrincic. Avec Fileg, nous nous inscrivons dans un temps long. Nous construisons actuellement des fondations solides, condition pour avoir une filière durable. »