« Nous avons ajouté du pois protéagineux à notre assolement dans le Loir-et-Cher grâce à un prix garanti et une assurance sur la production »
Agricultrice à Villemardy, dans le Loir-et-Cher, Valérie Leguereau cultive du pois protéagineux depuis 2024, pour ses atouts agronomiques et aussi grâce à un contrat garantissant une rémunération minimale, même en cas d’échec de production. Intérêt de cette diversification culturale.
Comment donner le goût du pois protéagineux aux agriculteurs ? La coopérative Axéréal avec la start up Intact a créé une filière avec une garantie de rémunération sur cette espèce délicate à produire. Agricultrice avec Julien Leguereau à Villemardy dans le Loir-et-Cher(1), Valérie Leguereau a sauté sur l’occasion. « Le pois de printemps répond à notre recherche de diversification de production sous contrat. Sur l’exploitation, avec un historique de rotation blé tendre-blé dur-orge-colza, nous avons débuté une diversification en 2017 (avec le sorgho) pour des raisons agronomiques et économiques. Des parcelles étaient fortement infestées en ray-grass et, économiquement, nous ne voulions pas mettre tous nos œufs dans le même panier. Nous n’avions jamais fait de pois auparavant et avons démarré une production en 2024 avec 11 hectares. »
Une garantie de prix minimum s’ajoutant à celui du cours du marché
Le protéagineux est produit sous contrat avec la filière Intact. En cours de construction à Baule (Loiret), l’usine d’Intact va extraire des protéines pour l’alimentation humaine (substitut à la viande) et de l’alcool neutre pour des spiritueux - un contrat a été récemment signé avec le groupe Rémi Cointreau - ou la grande parfumerie. « Nous avons une garantie de prix à 65 euros la tonne avant semis via ce contrat, qui s’ajoute au prix du pois au cours du marché », précise Valérie Leguereau. « Il s’agit d’une garantie sur une durée de cinq ans qui engage les agriculteurs à produire du pois tous les ans, de façon durable et sur une surface significative supérieure à ce qu’exige la PAC », ajoute Simon Boulenger, animateur filières chez Axéréal.
Une assurance spécifique en cas d’échec de production du pois
Autre spécificité du contrat : : un système assurantiel a été mis en place permettant aux producteurs d’être indemnisés en cas d’échec de production, dû à des aléas climatiques par exemple. La coopérative Axéréal prend en charge ce coût assurantiel mais compte obtenir un financement européen via un dispositif spécifique (ISR, instrument de sécurisation du revenu) qui sert à soutenir localement des cultures soumises à des aléas de production. « En 2024, la moitié des producteurs de pois sous contrat, notamment ceux ayant eu recours à des variétés d’hiver de pois, ont ainsi été indemnisés à cause des conditions climatiques qui ont mis en échec la production, » précisait Pierre Toussaint, directeur agronomie transitions innovation chez Axéréal, le 19 décembre lors du colloque GIS Grandes cultures.
« Toutes ces garanties nous ont incités à cultiver du pois de printemps ainsi que son intérêt pour lutter contre les graminées, économiser de l’azote et apporter des bénéfices au blé qui lui succède, souligne l’agricultrice. En outre, cette production via le contrat avec la filière Intact se fait dans une démarche bas carbone. »
Une production de pois sous démarche environnementale bas carbone
Les agriculteurs souscrivant à ce contrat doivent en effet être certifiés dans une démarche environnementale définie par Axéréal (Cultiv’Up Régénératif) et reconnue équivalente HVE2 et par un organisme certificateur au niveau mondial pour les industries de l’aval. Cette exigence, qui comprend certaines spécificités dans l’itinéraire cultural du pois et de la rotation plus largement, répond à la démarche de réduction de l’empreinte carbone dans laquelle s’est engagée l’usine Intact.
Cette culture sous contrat comprend quelques exigences, notamment celle de recourir à des variétés de pois jaune qui présentent les caractéristiques de qualité demandée pour le débouché. « La culture de pois de printemps ne demande pas de charges très importantes en intrants, ajoute Valérie Leguereau, deux fongicides, deux désherbages, des semences certifiées et une fertilisation PK. En 2024, nous avons obtenu 45 q/ha de rendement. Nous prévoyons d’en cultiver 19 hectares en 2025. »