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Innovation : pourquoi cinq coopératives agricoles s’allient à Hectar

Les coopératives Axéréal, Val de Gascogne, Eureden, Natup et EMC2 viennent d’officialiser un partenariat avec l’accélérateur de start-up du campus cofondé par Xavier Niel. L’objectif : permettre aux start-up de proposer des solutions concrètes accessibles aux agriculteurs.  

[Mis à jour le 17 février avec une vidéo]

Jeudi 9 février, les responsables innovation de cinq coopératives agricoles se rendent à Lévis-Saint-Nom, dans les Yvelines, au campus Hectar cofondé par le milliardaire Xavier Niel et l’ex-conseillère d’Emmanuel Macron Audrey Bourolleau.

L’objectif : donner le coup d’envoi du partenariat entre l’accélérateur de start-up d’Hectar et Axéréal, Val de Gascogne, Natup, EMC2 et Eureden.

On veut ramener les start-up sur terre

« On veut ramener les start-up sur terre avec un pool d’acteurs du terrain », résume dès le début de la visite du campus, Francis Nappez, directeur général d’Hectar. Bien réparties géographiquement en France et représentant 45 000 agriculteurs, ces cinq coopératives vont faire partie des jurys de sélections des promotions de start-up et ainsi les aiguiller sur les sujets d’innovation.

Campus Hectar


Accompagnement intensif de start-up

L’accélérateur d’Hectar a pour objectif d’accompagner 80 start-up en deux ans. Après un an de fonctionnement, trois promotions de start-up ont déjà été accompagnées durant trois mois intensifs. Parmi elles, Yacon&Co par exemple qui vient d’être référencé par Naturalia ou encore Mycophyto qui vient de réaliser une levée de fonds. L’accélérateur compte dix partenaires financiers : S&D Sucden, LVMH recherche, Edaphon, Make sense, BNP Paribas, Christian Dior Parfums, Timac Agro, French Impact, HEC Incubateur et CCI Paris Ile-de-France.

Association à but non lucratif, Hectar n’apporte pas de soutien financier à ces start-up mais leur fait bénéficier de son réseau comprenant plus de 1000 personnes parmi lesquels des fonds d’investissement, des agriculteurs, des professionnels de la communication pour les aider sur la phase de commercialisation notamment.

« Un de nos objectifs c’est d’accompagner les start-up sur la complexité technologique mais aussi l’accessibilité financière de leurs solutions auprès des agriculteurs, pour qu’elles trouvent leur marché. Quel prix pour quelle solution ? pour quelle valeur créée à la fin ? », avance Francis Nappez.

Des solutions dont le modèle économique pour les fermes n’est pas éprouvé

Et c’est là où les coopératives agricoles vont avoir un rôle à jouer. « Aujourd’hui il existe tout un tas de solutions dont le modèle économique pour les fermes n’est pas éprouvé. Je pense que ce que l’on veut apporter avec ce partenariat c’est challenger le modèle économique du point de vue de l’agriculteur mais aussi du point de vue des ensembles d’acteurs de la chaîne de valeur. Les nouvelles solutions doivent nous permettre d’apporter les services de proximité qu’attendent de nous les agriculteurs », explique Laurent Lemarchand, directeur innovation de Natup, qui se fait porte-parole des cinq coopératives pour l’occasion.


 

Quelles solutions pour l’agriculteur ?

Que doivent apporter ces nouvelles solutions pour l’agriculture selon lui ? « Elle doivent créer de la valeur dans les fermes, avoir un effet environnemental positif et apporter plus de confort de vie pour les exploitations agricoles », détaille-t-il.

« On parle beaucoup de l’économie du carbone, il faut aller trouver des modèles économiques autour de l’entretien de la biodiversité, même chose autour de la gestion de l’eau. Il y a aussi un énorme enjeu autour du machinisme et des solutions technologiques pour avoir potentiellement accessibles des solutions permettant en grande partie de s’affranchir de la chimie au profit de solutions mécaniques avec un rendement économique qui soit le même », précise Laurent Lemarchand.

« L’innovation absolue ne fonctionne pas […] Chez Hectar, nous sommes conscients que l’agriculture est complexe, avec l’enjeu de recruter, d’avoir de la valeur économique et de se diversifier. L’innovation va absorber la complexité », poursuit Francis Nappez.

Francis Nappez, directeur général d'Hectar


Quelles sont les autres activités d’Hectar ?

Créé en 2021, le campus Hectar qui s’étend sur 600 hectares dont 250 hectares de forêt et comprend une ferme laitière bio, emploie aujourd’hui 25 salariés.

A côté de l’accélérateur, le campus propose avec l’école 42, créée aussi par Xavier Niels, un programme sur l’intelligence artificielle dédiée à l’AgriTech, pour amener les futurs développeurs et codeurs à s’intéresser et développer des solutions pour l’agriculture.

Hectar a aussi créé le studio, incubateur de start-up avec Technofounder.

Très décrié lors de son lancement, par le monde agricole en particulier, Hectar est certifié Qualiopi et propose une formation de cinq semaines en distanciel pour aider des entrepreneurs agricoles (néoagriculteurs ou agriculteurs souhaitant se diversifier, souvent des trentenaires ou quadras en reconversion) à affiner leur projet agricole. Et ce grâce notamment au mentoring réalisé avec l’un des 250 mentors (vétérinaires, agriculteurs, communicants) mis en relation avec l’entrepreneur.

A Lévis-Saint-Nom, le campus abrite aussi le démonstrateur de McKinsey qui permet de modéliser l’impact de l’évolution des pratiques agricoles sur la chaîne de décarbonation de la baguette. Une sorte de « serious game » emprunté au mode de l’industrie automobile qui devrait se décliner prochainement sur le lait.

Autre activité d’Hectar : l’accueil de stagiaires de troisième et de primaires pour les sensibiliser aux enjeux de l’agriculture. 1100 élèves ont transité par le campus en 2022.

Hectar accueille par ailleurs de nombreux séminaires durant lesquels les participants sont sensibilisés aux enjeux de la transition agricole, grâce notamment à cinq salles pédagogiques sur le social, la floriculture, l’enjeu de l’érosion des sols, la floriculture et l’Agritech. Cette dernière salle devrait aborder l’enjeu des datas. « Les Gafas préparent beaucoup de choses, on va regarder si le terroir français est propice à leurs innovations pour l’instant plutôt orientées vers les grandes fermes de Californie ou du Brésil », souligne Francis Nappez.

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