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« Si des femmes veulent prendre la tête de coopératives agricoles qu’elles viennent chez Hectar ! »

Valoriser leurs compétences, affirmer leur leadership, encourager leur culture du réseau et l’entraide, voilà ce que dix femmes du monde agricole apprennent à la formation Farm’Her proposée par Hectar. Reportage.

Groupe d'agricultrices en formation au campus Hectar cofondé par Xavier Niel et Audrey Bourolleau
Audrey Bourolleau (5e à gauche), cofondatrice d’Hectar, entourée de la deuxième promotion de Farm’Her parmi lesquelles Aude Gaillard (première à gauche), Camille Moissonnière (4e à gauche), Sandrine Durgeau (7e à gauche), Lucie Gantier (8e à gauche).
© Nathalie Marchand

Vendredi 16 juin 13h, à Lévis-Saint-Nom dans les Yvelines, Lucie, Camille, Aude et Sandrine sont regonflées à bloc. Elles font partie de la deuxième promotion de Farm’Her, programme d’accompagnement développé par le campus Hectar pour permettre aux femmes entrepreneures du monde agricole de faire entendre leur voix.

Farm'Her : une formation pour renforcer son leadership

« Cette formation conforte, redonne de l’énergie », confie Camille de la Moissonnière qui après un début de carrière chez Air France a repris l’exploitation céréalière familiale normande en 2019. « On va peut-être avancer plus vite dans nos projets, mieux et embarquer d’autres personnes », s’enthousiasme Aude Gaillard, ingénieure agronome, installée sur l’exploitation laitière familiale bretonne depuis 2020. « Cela me conforte dans le choix fait au niveau local de créer le groupe Bottées (au niveau de la Cavac, ndlr) », témoigne pour sa part Lucie Gantier, bien connue sur les réseaux sociaux sous son pseudonyme Les Jolies Rousses, diplômée de philosophie et installée en poules pondeuses sur l’exploitation agricole vendéenne de son mari depuis 2019.

La formation nous a fait prendre conscience de nos forces

« C’est intéressant, on a toutes l’impression d’arriver sans avoir aucun problème mais on s’est rendu compte qu’on se dilue un peu, on essaie trop d’être comme tout le monde. La formation nous a fait prendre conscience de nos forces et que l’on avait un rôle à jouer en tant que femme », explique pour sa part Sandrine Durgeau, diplômée de sciences humaines, qui après un début de carrière dans le marketing s’est installée sur la ferme de son conjoint en Centre Val de Loire.

Voir le témoignage en vidéo de Lucie Gantier, alias Les Jolies Rousses

Avec six autres femmes (une directrice d’union d’entreprises vinicoles, une responsable du développement durable et du sourcing bas carbone chez Avril, la cofondatrice de la start-up de pâtes à la ferme Papote, et trois agricultrices dont une originaire de la Réunion), elles terminent la formation en leadership proposée par « la business school agricole » cocréé par Xavier Niel et Audrey Bourolleau  (ex-conseillère agricole d'Emmanuel Macron) et financée par le groupe Engie au titre de sa politique RSE.  

 

Confiance en soi et repositionnement positif

Au programme de cette formation en leadership qui s’étale sur un mois (avec deux jours en présentiels et trois fois trois heures en visio) pilotés par la consultante Ingrid Bianchi spécialiste en ressources humaines : « appréhender les biais et représentations de genre », « identifier ses freins », « adopter une autre perception de soi », « miser sur ses soft kills », « développer son intelligence émotionnelle », « travailler son assertivité » et pour finir « valoriser sa singularité » et « affirmer son ambition ». « Quand dans ma carrière j’ai eu des doutes, elle m’a beaucoup aidée. Je me suis dit que l’on pouvait offrir ce soutien aux agricultrices », confie Audrey Bourolleau, à l’occasion de la prise de photo de la deuxième promotion Farm’Her à l’entrée du campus Hectar.

Au-delà de l’expertise apportée par la formatrice, le travail en groupe constitue un élément fondamental. « Le premier jour est essentiel pour constituer le groupe », souligne Aude. Les dix femmes sont en lien sur un groupe whatsApp et devraient rester en contact après la formation. « Ensuite on attaque le programme centré sur la confiance en soi, le repositionnement positif. Cela nous permet de mieux se comprendre pour mieux s’affairer et anticiper ses projets », poursuit Lucie. « Cela renforce l’esprit d’entrepeneure », reprend Aude. « Le fait d’être ensemble est hyper encourageant, cela permet de remobiliser nos forces, cela redonne confiance en soi », exprime Camille.

Appel à volontaires pour la prochaine promotion

Il s’agit de la deuxième promotion organisée par Hectar, la première ayant été financée par PepsiCo. Le campus ouvre dès à présent l’appel à volontaires pour la prochaine session.

« On veille à avoir une diversité de profils en termes de métiers, et de territoires, et une mixité au niveau de l’âge. Si des femmes veulent prendre la tête de coopératives qu’elles viennent chez Hectar ! », promeut Valérie Fuchs chargée des relations médias d’Hectar. Elles peuvent d’ores et déjà s’inscrire en ligne.

Un angle différent des formations agricoles classiques

Par rapport aux formations classiques du monde agricole, souvent techniques ou économiques, « cette formation part complètement d’un autre angle », commente Camille. Les entrepreneures agricoles y ont découvert qu’elles avaient des qualités spécifiques à mettre en avant, « comme la capacité à aimer » et le « courage » poursuit-elle. « Le monde agricole ne favorise pas cet échange », exprime aussi Aude. La jeune éleveuse souligne avoir appris dans la formation « à ne pas s’oublier ! ». « S’écouter c’est aussi ce qui va nous permettre de faire durer dans le temps nos projets agricoles », poursuit-elle. « Nous sommes multicasquettes, entrepeneures, agricultrices, épouses, mères, on a parfois besoin de se poser pour se ressourcer », dit-elle, soulignant avec le sourire qu’elle vient de s’octroyer le temps d’aller chez le coiffeur !

Le monde agricole a besoin d’ambassadrices c’est l’évidence

Alors que leur formation se termine, Lucie, Camille, Aude et Sandrine réfléchissent déjà au moyen de faire essaimer ce qu’elles ont appris autour d’elles afin d’en faire profiter à d’autres entrepreneures agricoles. « Il faut réseauter », lâche Lucie qui se projette déjà dans la mise en œuvre d’un plan d’action au sein du groupe les Bottées de la Cavac. « Le monde agricole a besoin d’ambassadrices c’est l’évidence », commente Aude. « Il faudrait aussi aller dans les lycées agricoles, où certaines étudiantes abandonnent pour leur dire qu’il y a de la place pour les femmes dans le monde agricole », reprendre Lucie. Elles en sont toutes persuadées : leur capacité à observer, écouter, le fait qu’elles aient aussi eu des débuts de carrière en dehors de la ferme leur donne un avantage pour appréhender les transitions que doit mener l’agriculture.

14h, la pause du midi se termine, une photo de la promotion Farm’Her 2 et les dix femmes repartent en salle de travail pour terminer le bilan de la formation. Au même moment un bus s’arrête devant Hectar. « Il s’agit d’étudiants d’HEC venant s’informer sur l’agriculture », confie Audrey Bourolleau, assez fière d’avoir conclu ce partenariat avec la grande école de commerce.

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