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Bas carbone : décryptage du plan de Julien Denormandie pour l’agriculture

Moindre recours aux engrais de synthèse, une meilleure exploitation du potentiel de séquestration du carbone dans les sols et l’agroforesterie et une moindre importation de viandes pour la restauration collective, tels sont les principaux leviers d’actions mis en avant par le ministre de l’agriculture dans sa feuille de route bas carbone.

Bas carbone
© Pixabay

Jean Castex avait demandé fin 2020 à quatre ministères de rédiger une feuille de route montrant que leurs décisions sont en accord avec les objectifs nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le ministère de l’Agriculture a publié mercredi 23 juin son plan d’action climat. Julien Denormandie y met en lumière les actions engagées pour atteindre les objectifs climatiques de la France.

Réduire le recours aux engrais de synthèse

Dans le premier axe de son plan d’action climat, le ministère de l’agriculture et de l’Alimentation détaille les moyens engagés pour accélérer le développement des pratiques agricoles permettant d’atténuer ses émissions de gaz à effet de serre. L’objectif : réduire les surplus azotés, optimiser l’usage des fertilisants organiques et diminuer le recours aux fertilisants minéraux.

  • Pour ce faire, le ministère met en avant les mesures du plan France Relance qui visent à aider les agriculteurs à acquérir des agroéquipements d’épandage performants ou à moderniser les bâtiments d’élevage afin d’en réduire les émissions.
  • Autre levier actionné par le ministère : le développement des légumineuses dans les rotations via France Relance. « Actuellement, près d’1 million d’hectares sont semés avec des espèces riches en protéines végétales (soja, pois, légumes secs, luzerne, légumineuses fourragères…). L’objectif est que d’ici fin 2022, les surfaces semées avec ces espèces aient augmenté de 40%, soit 400 000 hectares de plus en 2 ans. A horizon 2030, l’objectif est de doubler ces surfaces pour atteindre 8% de la surface agricole utile, ou 2 millions d’hectares », peut-on lire dans le plan d’actions.
  • Pour atteindre l’objectif de réduction du recours à la fertilisation chimique, Julien Denormandie mise aussi sur la hausse de la surface certifiée en agriculture biologique en affirmant « maintenir dans le PSN un soutien massif en faveur du développement de l’agriculture biologique » et le développement des exploitations et de la surface certifiée en haute valeur environnementale (HVE). A propos de la HVE, le plan précise qu’une « étude sur l’impact environnemental de la certification environnementale est en cours de lancement courant 2021 ». « Les résultats de cette étude permettront de nourrir les évolutions du référentiel HVE qui sont à réaliser d’ici fin 2022 ».

Lire aussi : [Pac] « La HVE risque de siphonner l’agriculture biologique » selon la Fnab

Développer le potentiel de séquestration du carbone dans les sols agricoles et l’agroforesterie

Il n’est pas question dans la deuxième partie du plan de réduire les émissions de gaz à effet de serre mais de permettre à l’agriculture de renforcer son pouvoir de séquestration du carbone à travers plusieurs actions. Le ministère de l’Agriculture met ainsi en avant sa volonté stratégique de :

Pas d’objectif de réduction de cheptel mais une moindre consommation de viande

Le plan du ministère publié le 23 juin ne remet pas en cause le rôle de l’élevage alors qu’une version de 2018 du plan du ministère de l’Agriculture dans le cadre de la stratégie nationale bas carbone (SNBC) prévoyait une réduction des cheptels bovins laitiers et allaitants de 13 et 12% respectivement entre 2015 et 2030 et une réduction du nombre de truies de 14%, selon nos confrères d’Agra Presse le 18 juin dernier. Certes, le plan pointe la nécessité d’optimiser les pratiques de conduite d’élevage pour maîtriser les émissions de méthane mais il souligne que « l’élevage est essentiel à nos territoires. En particulier, il est incontournable pour assurer un bouclage des cycles de l’azote et permettre de disposer d’amendements organiques pour fertiliser les cultures en lieu et place d’engrais minéraux ».

Pour autant dans l’axe 3 de son plan le ministère de l’agriculture affirme « soutenir la demande et la consommation en produits alimentaires vers des pratiques à moindre impact environnemental ». Et pour évaluer l’efficacité de cette partie du plan d’action, sont affichés les indicateurs de suivi suivants : quantité de viande autre que la volaille consommée par semaine et par habitant et quantité de légumineuses consommées par ménage et par an.

Pour y parvenir le ministère met en avant un plan de promotion de 3 millions d’euros de la consommation de légumes secs et surtout sa volonté de réduire le recours aux viandes importées par la restauration hors domicile.

Le plan d’action pour le climat du ministère de l’Agriculture à retrouver ici :

Lire aussi : Les dépenses de la Pac ne rendent pas l’agriculture plus verte, selon la Cour des comptes européenne

Le réseau action climat déçu

« Ce plan d’action climat n’est que l’agrégat des politiques actuellement en place sans rien de nouveau », déclare, déçu, le Réseau action climat France qui compte parmi ses membres France Nature environnement, Greenpeace, Les Amis de la Terre, Oxfam France ou encore WWF. Selon le collectif d’association ce plan ne permettra pas de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. « Pire, elles risquent d’en émettre davantage et pourraient même avoir d’autres conséquences négatives », poursuit le Réseau action climat France qui s’inquiète notamment du développement de la mention HVE « trop peu contraignante ». Et le réseau de regretter que le plan ne se dote d’aucun objectif de réduction de la consommation d’engrais azotés de synthèse, ni d’un objectif de baisse du cheptel français, notamment au niveau des élevages industriels.
 

 

 

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