« Malgré l’inflation, l’appétit des consommateurs pour les avocats reste fort »
Dynamique de consommation, nouvelles origines, émergence d’un avocat français… Zac Bard, président de l’Organisation mondiale de l’avocat (WAO), fait le point pour FLD.
Dynamique de consommation, nouvelles origines, émergence d’un avocat français… Zac Bard, président de l’Organisation mondiale de l’avocat (WAO), fait le point pour FLD.
Dynamique de consommation, nouvelles origines, émergence d’un avocat français… Zac Bard, président de l’Organisation mondiale de l’avocat (WAO), fait le point pour FLD.
FLD : La consommation de l’avocat est-elle dynamique en Europe ?
Zac Bard : Les avocats s’avèrent très populaires en Europe (Union européenne à 27 + Royaume-Uni + Norvège + Suisse), où leur consommation a augmenté au cours des dix dernières années. Ainsi, en 2021-2022, elle a atteint 795 000 t, une hausse de 3 % sur un an et de 0,6 % sur cinq ans. Alors que le Royaume-Uni (107 000 t) l’Allemagne (111 000 t) et la France (158 000 t) continuent de montrer la voie, les avocats gagnent en popularité dans de nombreux autres pays, comme l’Italie (+37 % sur un an), ainsi que dans les pays d’Europe de l’Est comme la Pologne, la Slovénie et la Croatie (+102 % sur la zone sur cinq ans !).
FLD : A quoi est dû ce succès selon vous ?
Z. B. : L’avocat est apprécié pour sa texture, son apport nutritionnel complet et peut se consommer de multiples façons à tout moment de la journée. La popularité croissante des produits non carnés dans les nouvelles habitudes alimentaires a aussi boosté sa consommation car il constitue un substitut très intéressant à la viande grâce à son fort taux de graisses mono-insaturées. En parallèle, la WAO travaille à la promotion de l’avocat en Europe. Un exemple : la publication d’un livre de recettes en téléchargement libre, traduit en 16 langues. Ce livre promeut l’avocat en donnant aussi des informations sur la production et les bénéfices santé de ce fruit.
FLD : Dans un contexte d’inflation et de baisse de pouvoir d’achat des consommateurs, un ralentissement des achats d’avocat est-il à craindre ?
Z. B. : S’il est vrai qu’ils analysent plus attentivement leurs paniers d’achat en raison de l’inflation et des prix des denrées alimentaires, l’appétit des consommateurs pour les avocats reste fort. Ces dernières années, les volumes mis sur le marché en France, par exemple, ont augmenté, avec une croissance de 8 % pour la période 2021-2022.
FLD : L’avocat est-il concurrencé par d’autres fruits ou légumes parce qu’ils sont produits localement ou avec moins d’eau ?
Z. B. : Bien qu’il soit parfois classé parmi les “fruits exotiques”, l’avocat est un super aliment qui contient plus de vitamines et de minéraux que de nombreux fruits et légumes et est un excellent substitut aux produits carnés, ce qui explique en partie pourquoi il est largement consommé en France et en Europe. Quant à la problématique de l’eau, la quantité dont les agriculteurs ont besoin dépend de l’endroit où ils sont cultivés. Actuellement, dans les régions où l’irrigation est nécessaire, la quantité d’eau requise pour produire 1 kg d’avocats se situe en moyenne entre 85 et 1 000 litres. Cette quantité d’eau peut, à première vue, sembler élevée, mais si on la compare à celle d’autres fruits, l’avocat se situe bien en dessous de la moyenne du secteur.
FLD : Et en production, l’avocat est-il populaire ?
Z. B. : L’avocat reste une culture attrayante pour les producteurs compte tenu de la croissance de la consommation, de l’accès au marché et des progrès réalisés dans les pratiques agronomiques. La culture de l’avocat est en expansion : au cours des deux dernières années, la superficie des plantations a augmenté de 30 000 ha par an en moyenne.
FLD : Quelles sont les nouvelles origines émergentes pour l’avocat ?
Z. B. : L’avocat est une culture subtropicale qui nécessite un climat sans gel, avec peu de vent et des sols bien aérés. Ces conditions idéales ne sont disponibles que dans quelques régions du monde, notamment en Espagne, en Israël, au Chili, au Maroc, en Afrique du Sud, au Pérou, en Tanzanie, en République dominicaine, au Kenya, en Colombie, au Mexique, au Zimbabwe, au Guatemala et aux États-Unis. Les nouvelles origines qui entrent sur le marché européen, comme le Portugal et le Guatemala, sont importantes pour soutenir l’offre, en raison des tendances de la consommation et des autorisations d’accès au marché accordées aux pays qui créent du changement. Pour les origines de production plus proches, Éric Imbert du Cirad a estimé que le marché européen va fortement adopter ces origines méditerranéennes car elles sont de proximité et répondent aux exigences environnementales (empreinte carbone), sanitaires et sociales et aux cahiers des charges de la grande distribution.
FLD : Y a-t-il un avocat origine France sur le marché ?
Z. B. : La France métropolitaine est le 44e producteur mondial d’avocats, avec une production principalement concentrée dans les régions méditerranéennes (Corse, Pyrénées-Orientales, Côte d’Azur) avec une commercialisation locale. La France produit aussi dans ses DOM-TOM (Guyane, Réunion, Martinique, Guadeloupe et Polynésie française). Selon le service de la statistique du ministère de l’Agriculture, 2 070 t au total ont été produites en France en 2020 sur 238 hectares cultivés.
« L’avocat constitue un substitut très intéressant à la viande grâce à son fort taux de graisses mono-insaturées ».
La WAO en trois mots. L’Organisation mondiale de l’avocat (WAO) est une organisation à but non lucratif fondée en 2016. Ses membres sont des producteurs, des exportateurs et des importateurs du monde entier. La WAO partage des informations sur l’avocat (diversité, nutrition, santé) mais travaille également à sensibiliser et à communiquer sur le cycle de production et les travaux sur des modes de productions plus durables et éthiques.