Abricot : à quoi s’attendre pour la récolte européenne 2025 ?
Medfel a fait le point sur les récoltes d’abricot en France, en Italie, en Espagne et en Grèce. Les quatre pays producteurs ont été marqués par des conditions climatiques défavorables, comme la Turquie, premier producteur mondial.
Medfel a fait le point sur les récoltes d’abricot en France, en Italie, en Espagne et en Grèce. Les quatre pays producteurs ont été marqués par des conditions climatiques défavorables, comme la Turquie, premier producteur mondial.

Déficit de production en Italie mais surtout en Grèce, stabilité (qui sera sûrement revue à la baisse) en Espagne et un retour presque à la normale en France : la récolte européenne d’abricot ne sera pas pléthorique cette année.
Medfel a comme chaque année était le théâtre des prévisions des campagnes de fruits d’été. Celles pour l’abricot ont été présentées le 23 avril. Avec 508 000 tonnes, c’est une baisse de -10 % sur un an que l’Europe devrait observer (mais +1 % par rapport à la moyenne quinquennale).
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« L’abricot n’aime pas le changement climatique »
« Il y a une relative stabilité du verger, le renouvellement des surfaces est compliqué, les producteurs subissent des contraintes climatiques : manque de froid, grêle, etc., rappelle Eric Hostalnou, chef de service Fruits & Légumes à la Chambre d’Agriculture des Pyrénées Orientales. L’abricot est une espèce compliquée qui décourage de nombreux producteurs. »
« C’est un rendez-vous manqué pour l’abricot européen car on n’a pas le potentiel à cause de problèmes climatiques, regrette Raphaël Martinez, directeur de l’AOP Pêches et Abricots de France. L’abricot n’aime pas le changement climatique. Et on s’aperçoit que c’est de plus en plus compliqué : hivers doux, reprises de gel, printemps humides. Dans de nombreuses régions la production baisse. En France on ne plante plus d’abricot ou pas suffisamment. »
En Espagne, une tempête de grêle à Lleida
L’Espagne, à l’instar de la France, a connu des conditions pluvieuses pendant la floraison, compliquant la réalisation de prévisions. Le risque de sécheresse a été momentanément écartée. Les volumes d’abricots devraient être proches de ceux de l’année dernière, les Espagnols sont « optimistes mais prudents ».
L’Aragon, une région qui se diversifie sur l’abricot, est en très légère hausse. La petite hausse en Catalogne signe un retour à la normale. Mais les choses peuvent évoluer très vite. Le week-end dernier (19-20 avril), une tempête de grêle de forte intensité a touché la zone de Lleida, causant d’importants dégâts sur les vergers de fruits à noyau. « Lleida est un bassin important dans la zone de fruits à noyau, confirme Javier Basols, représentant la fédération des coopératives agricoles espagnoles. Hier [le 22 avril] les techniciens d’Agroseguro [qui gère le système espagnol d'assurances agricoles] ont commencé à faire leurs évaluations. D’après les premières observations, les dégâts sont importants pour de nombreuses parcelles donc les prévisions devront être revues à la baisse. » Lleida est toutefois un bassin de production important en pêches et nectarines, un peu moins en abricot.
A Murcia, la floraison a été importante et les capacités d’irrigation ont été récupérées. Les prévisions devront être revues, en fonction de comment les fruits réagiront face aux pluies abondantes et de la charge en fruits réelle des arbres après les chutes physiologiques.
Les températures plus fraîches que la normale avec un manque d’ensoleillement retardent la récolte des variétés précoces de fruits à noyaux, de 10 à 15 jours. Même constat en Andalousie.
Prévisions de récolte 2025 d’abricot en Espagne :
136 000 tonnes (+1 % sur un an et +48 % sur cinq ans) dont :
- Valencia : 1 200 tonnes ;
- Murcia : 71 500 tonnes ;
- Aragon : 27 050 tonnes ;
- Catalogne : 17 000 tonnes ;
- Castilla-la-Mancha : 11 500 tonnes.
L’abricot en Grèce, très touché par une vague de froid en mars
Après une récolte d’abricot relativement “normale” l’année dernière, la Grèce connait une saison plus compliquée en 2025 en raison du froid dans le nord du pays (parfois jusqu’à -5°C) pendant la floraison. Les dégâts sont très importants sur les variétés précoces (jusqu’à 80 % de pertes). Pour les autres variétés plus tardives, les pertes sont moindres.
« Le début de saison est attendu pour le 15-20 mai, soit un retard de 5 à 10 jours par rapport à une année normale (10 mai). Actuellement le temps est défavorable (froid, pluies) pour l’avancement normal de la production », précise Georges Kantzios de la coopérative Asepop Grèce, insistant qu’il est encore tôt pour estimer finement la production.
Prévisions de récolte 2025 d’abricot en Grèce :
67 750 tonnes (-34 % sur un an et -14 % sur cinq ans) dont :
- Macédoine et autres régions du nord : 36 500 tonnes ;
- Sud (Péloponnèse, Stéréa, Crète) : 31 200 tonnes.
L’abricot en Italie, entre la perte continue de surfaces et des dégâts liés au froid
L’Italie, après une saison 2024 « à peu près normale » devrait voir sa récolte 2025 d’abricot en baisse, en raison d’une baisse des surfaces qui se poursuit et d’une vague de froid fin mars qui a touché les vergers aussi bien au nord (Emilie-Romagne) qu’au sud dans une moindre mesure. En outre le printemps est très pluvieux. « Le potentiel ne va pas s’exprimer totalement », confirme Tomas Bosi du CSO Italy. Et par rapport à l’année dernière, nous avons un retard de 7 à 10 jours. »
Il confirme que les surfaces d’abricotiers sont en réduction constante. « Nous ne plantons pas beaucoup, il n’y a pas de changement variétal. » Le CSO Italy estime la perte des surfaces de -3 à -4 % chaque année.
Prévisions de récolte 2025 d’abricot en Italie :
199 600 tonnes (-19 % sur un an et -13 % sur cinq ans) dont :
- Emilie Romagne : 58 000 tonnes ;
- Italie du Sud, Sicile, Sardaigne : 123 100 tonnes ;
- Autres régions : 18 400 tonnes.
En France, une alternance positive mais des pluies pendant la floraison
La région Rhône-Alpes devrait retrouver un retour à la normale avec un potentiel d’abricot à plus de 50 000 tonnes, ce qui en refait la première région de production française. Avec une stabilité en PACA et dans la vallée du Roussillon, l’offre française d’abricot ne devrait pas être pléthorique. Mais c’est un mieux après une saison 2024 amputée de près de 40 %.
L’offre 2025 aurait pu être élevée en raison de l’alternance mais elle sera finalement modérée en raison d’une chute physiologique importante en raison de pluies pendant la floraison. Les variétés à floraison précoce sont pénalisés, ça se passe mieux avec moins d’éclaircissage pour les autres variétés. En vallée du Rhône, le niveau de floraison a été très élevé, surtout par rapport à l’année dernière. « On a eu peur suite à beaucoup de chutes mais après les premiers comptages l’optimisme est là ! On va avoir de la qualité et le potentiel est là », se réjouit Jean-Raphaël Betton, producteur de l’AOP Pêches et Abricots dans la Drôme.
Comme en Espagne, la saison française aura du retard. Le potentiel devrait s’exprimer pleinement mi-juin. La qualité sera au rendez-vous : « ce sera une belle saison », estime Julien Escande de Theza Fruits (Pyrénées-Orientales).
Prévisions de récolte 2025 d’abricot en France :
104 800 tonnes (+31 % sur un an et +1 % sur cinq ans) dont :
- Languedoc-Roussillon : 34 400 tonnes ;
- Rhône-Alpes : 52 000 tonnes ;
- PACA : 18 400 tonnes.
Comment progresse le verger français d’abricotier ?
« Le verger français ne progresse pas, estime Julien Escande. On voit l’arrivée de variétés auto-fertiles qui mettent l’accent sur le blush et sur la qualité. L’abricot va se spécialiser de plus en plus avec de moins en moins d’opérateurs. »
Jean-Raphaël Betton témoigne aussi : « L’abricot Bergeron continue de baisser petit à petit, remplacé par de nouvelles variétés ; mais c’est du renouvellement et non pas une extension de verger. »
Comment se présente la campagne commerciale française ?
« La campagne se présente bien mieux que l’année dernière, estime Raphaël Martinez. La production française est très concentrée sur le marché français. Avec 100 000 tonnes on est loin des 180 000 tonnes qu’on produisait il n’y a pas si longtemps ; on va tout vendre sans difficulté. Le problème que nous avons désormais à gérer est le nouveau pic de production qui n’est plus au 14 juillet mais depuis quelques années à la fin juin-début juillet : les fameuse semaines 26-27, sachant que fin juin n’est pas une période facile commercialement. L’AOP propose de faire la Quinzaine de l’abricot pour communiquer et dire que l’abricot français est là. »
Et la Turquie dont les abricotiers ont été décimés par le gel ?
En parallèle, la Turquie, premier producteur mondial d’abricot, avec un potentiel de production à elle seule supérieure à l’ensemble des pays producteurs de l’Europe, a subi une vague de froid exceptionnelle ce printemps, qui a réduit de plus de 70 % la production, en particulier dans la région de Malataya. Même si la grande majorité de la production turque est destinée à la transformation (séchage), une part était tout de même exportée (Europe de l’Est, Allemagne).
A ceci s’ajoutera un fort déficit de l’abricot grec. En Italie, les exportations seront limités car c’est le marché intérieur qui est privilégié. « Mais quand on a les volumes, on augmente les exportations en particulier vers l’Allemagne, précise Tomas Bosi. Cette année représente-t-elle une porte ouverte pour nous car la Turquie n’est pas au rendez-vous ? Cette opportunité s’ouvre aussi pour les autres pays producteurs. »
Pour l’Espagne notamment, connue pour « attaquer des marchés » à l’export. « Evidemment il est clair que s’il y a un manque de production en Europe, l’Espagne aura plus de chance de placer ses propres produits sur ces marchés », confirme Javier Basols.
Et pour la France ? La question sera de savoir si les prix à l’export seront assez soutenus pour suivre les coûts de revient français, mais ce n’est pas impossible, selon Raphaël Martinez.
Et pour les pêches nectarines ?
Medfel donne rendez-vous en visio le mardi 20 mai à 16h pour les prévisions de récolte européennes de pêches et nectarines. « Et il y aura des choses à dire ! promet Eric Hostalnou. Entre les conditions climatiques défavorables (orages de grêle), et des constats de charges réelles sur arbres qui changent chaque jour, les producteurs freinent l’éclaircissage. »