Le melon de Cavaillon enfin IGP : qu’est-ce que cela va changer pour les producteurs et le commerce ?
Le melon de Cavaillon bénéficie désormais d’un indication géographique protégée (IGP). La Commission européenne a rendu publique cette décision le 12 février. L'IGP va entraîner une meilleure valorisation pour les producteurs, une clarification de l'offre côté consommateurs et rendre possible l'ouverture de nouveaux partenariats commerciaux.
Le melon de Cavaillon bénéficie désormais d’un indication géographique protégée (IGP). La Commission européenne a rendu publique cette décision le 12 février. L'IGP va entraîner une meilleure valorisation pour les producteurs, une clarification de l'offre côté consommateurs et rendre possible l'ouverture de nouveaux partenariats commerciaux.
![Caisse de melons de Cavaillon avec un logo IGP apposé sur l'image](https://medias.reussir.fr/fruits-legumes/styles/normal_size/azblob/2025-02/melon_de_cavaillon_igp_melon_de_cavaillon_inao.jpg?itok=Pn0yTfu3)
Cela faisait 8 ans que producteurs et metteurs en marché du melon de Cavaillon attendaient ça ! C’est désormais une réalité : le melon de Cavaillon a obtenu son IGP. « Une fierté et une reconnaissance pour tous les producteurs. C’est le fruit d’un travail collectif qui met en lumière des décennies de savoir-faire », déclare, heureuse et « soulagée », Léa Gérin, présidente du Syndicat des Maîtres Melonniers de Cavaillon. Et une excellente nouvelle pour la filière melon française après une mauvaise année 2024.
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C’est la 4e IGP pour le melon français après le melon du Haut-Poitou, le melon du Quercy et le melon de Guadeloupe. « Un IGP valorise un terroir, ce sont des bassins de production avec des terroirs différents, rappelle Léa Gérin. Il n’y avait pas d’IGP pour le melon dans le Sud-Est, c’est désormais fait ».
L’aire de production du melon de Cavaillon IGP s’étend sur la Provence historique. Elle inclut le Vaucluse et une partie des Bouches-du-Rhône, des Alpes de Haute-Provence ainsi que quelques communes du Var. La culture du melon de Cavaillon et l’ensemble des opérations de la récolte à l’expédition (tri, calibrage, conditionnement…) doivent se faire sur l’aire géographique de l’IGP.
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Le melon de Cavillon IGP est un melon premium de type charentais jaune gustatif avec un taux de sucre optimum (« une moyenne supérieure à 13° Brix, avec aucun melon en dessous de 11° Brix », précise Léa Gérin). Il doit être dense de forme arrondie avec une chair d’un orange soutenu sans défaut.
Des qualités obtenues grâce aux facteurs naturels de la zone : ensoleillement (plus de 2800 heures de soleil par an), présence du mistral, ce vent provençal qui réduit l’humidité et limite ainsi la pression des maladies fongiques, mais aussi aux savoir-faire particuliers des professionnels du terroir en matière de choix des parcelles, choix des variétés, de paillage, de travail du sol, d’irrigation, de tri… Les producteurs et conditionneurs ont su conserver ces savoir-faire ancestraux. Les premiers indices de la présence du melon à Cavaillon remontent à 1495. Le melon a commencé à y être cultivé pour l’expédition dès 1882.
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Le melon de Cavaillon, c’est aujourd’hui environ 850 hectares de surface travaillés par 45 producteurs. Dix metteurs en marché sont agréés pour le commercialiser.
Valoriser le savoir-faire des producteurs de melons de Cavaillon
Le potentiel est aujourd’hui de 3 150 tonnes de melons « mais ce n’est rien par rapport au potentiel qu’on pourrait commercialiser, assure Léa Gérin, rappelant néanmoins « que sur un melon premium, 100 % des rendements ne partent pas en melon de Cavaillon bien sûr ».
Le fait d’avoir obtenu l’IGP peut participer au développement des surfaces : « On a la place », garantit la présidente.
L’IGP va permettre surtout de valoriser le savoir-faire des professionnels. « Le marché du melon est très particulier, rappelle Léa Gérin. Il y a de gros opérateurs qui ont de grosses surfaces mais aussi des petits qui sont multi produits. L’idée est de valoriser tout le savoir-faire de tous ces opérateurs ».
Segmenter l'offre et créer de nouveaux partenariats avec les enseignes de grande distribution
L’IGP aura aussi le mérite d’aider dans le consommateur à y voir plus clair dans l’offre melon qui croit souvent que tout melon affiché comme melon de Cavaillon vient… de Cavaillon. « Il n’y aura plus de souci d’identification, assure Léa Gérin, le melon de Cavaillon sera celui qui aura le logo IGP à côté. Cette IGP nous donne les moyens de défendre la qualité de notre melon ».
L’IGP va sans doute permettre de nouveaux partenariats avec les enseignes de la grande distribution. « Il y a des enseignes qui aiment segmenter avec des appellations comme le Label rouge ou l’IGP. Tant que le melon ne Cavaillon n’était pas IGP, on ne pouvait pas le faire rentrer dans ces cahiers des charges, cela va peut-être nous ouvrir des portes de ce côté ».
Y aura-t-il du melon de Cavaillon IGP bio ?
En 2017, au moment de la création de l’organisme de défense et de gestion (ODG) de l’IGP Melon de Cavaillon, le bio faisait partie de la segmentation pour le melon de Cavaillon. Qu’en est-il aujourd’hui alors le bio est, de manière générale, en perte de vitesse ? « Nous avons une petite partie en bio, répond Léa Gérin. La seule difficulté, c’est que le bio est déjà en lui-même une segmentation forte. Nous serions sur une double segmentation : bio et premium avec un prix assez élevé ». Y a-t-il en effet aujourd’hui une clientèle apte à payer cette double segmentation ? « Aujourd’hui, on vend très peu de bio en melon de Cavaillon, mais si la demande est là, on est capable de fournir des melons de Cavaillon IGP bio », précise la présidente du Syndicat des Maîtres Melonniers de Cavaillon.
La saison du melon de Cavaillon s’étend de mi-mai, grâce notamment aux melons sous serre, jusqu’à fin septembre. Les premiers melons de Cavaillon IGP arriveront dont sur les étals dès le mois de mai prochain.