La bio s'expose fièrement à Tech&Bio
Tech&Bio, rendez-vous incontournable de l’agriculture biologique, témoigne de la dynamique de ce secteur et des convergences techniques entre bio et conventionnel. La seule ombre au tableau est venue de l’annonce du ministre de l’agriculture de supprimer les aides au maintien de l’agriculture bio.
Tech&Bio, rendez-vous incontournable de l’agriculture biologique, témoigne de la dynamique de ce secteur et des convergences techniques entre bio et conventionnel. La seule ombre au tableau est venue de l’annonce du ministre de l’agriculture de supprimer les aides au maintien de l’agriculture bio.
18 000 visiteurs, 21 délégations étrangères, 360 exposants, la 6éme édition du salon Tech&Bio qui se déroulait les 20 et 21 septembre à Bourg-lès-Valence (Drôme) a fait le plein. Organisé tous les deux ans par les Chambres d’agricultures, l’évènement fait aussi le pont entre agriculture biologique et conventionnelle, puisque 45 % des agriculteurs visiteurs sont en conventionnel. Le fil conducteur de cette édition était la promotion de solutions alternatives à l’utilisation des produits phytosanitaires. Plus d’une centaine de démonstrations de terrain et une soixantaine de conférences ont permis de développer ce sujet. Outre la représentation toujours importante des secteurs du végétal, maraîchage, arboriculture, viticulture et grandes cultures, Tech&Bio élargit à chaque édition son pôle élevage.
Un « renoncement du gouvernement »
Après dix ans d’existence, Tech&Bio a également accueilli le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert. Lors de cette discrète visite en fin de journée, celui-ci a déclaré que son ministère ne cofinancera plus les aides au maintien de l’agriculture biologique. A partir de 2018, le versement des aides sera consacré uniquement à la conversion. « Le soutien à la conversion est nécessaire pour ne pas devenir plus dépendants des importations, alors que c’est au marché de soutenir le maintien de l’agriculture bio » s’est justifié le ministre. Ce sont donc aux Régions, aux collectivités locales et aux agences de l’eau, de prendre le relais si elles le souhaitent. Il s’agit là d’un « mauvais signal », a commenté Jean-Pierre Raynaud, président de la commission agriculture de Régions de France.
Florent Guhl, directeur de l’Agence bio, parle de « scénario catastrophe » si les aides au maintien venaient à ne plus être financées. Pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, la partie du co-financement venant du ministère représente 6 millions d’euros d’ici la fin de programmation. Dénonçant cette décision, la Fédération des agriculteurs biologiques (Fnab) rappelle que les aides au maintien sont « une juste rémunération des services environnementaux rendus à la collectivité », alors que la Confédération paysanne voit dans la décision un « renoncement du gouvernement ».
Un métaprogramme sur l’agriculture biologique
Pourtant selon l’Agence bio, 19 fermes bio se sont créées chaque jour au cours des six premiers mois de l’année et la consommation des produits bio est en croissance de 14 % sur la même période, avec un développement important des ventes en grande distribution. « Les circuits d’achats en bio sont plus variés qu’en conventionnel. Environ 45 % des achats de fruits et légumes bio se font en GMS, alors que cette part est de 70 % en conventionnel », a rappelé Dragana Mladenovic, d’Interfel lors d’une conférence sur le rapprochement de la production de légumes bio et des lieux de consommation grâce à la diversité des circuits de distribution ». Suivent les marchés et foires avec 22 % des achats bio (13 % en conventionnel) et les magasins spécialisés bio (17 %). La grande distribution est de plus en plus présente sur le marché du bio qui représente 500 millions d’euros tous produits confondus. « Le basculement s’est fait il y a deux ans, détaille Jeff Mahintach, directeur achats fruits et légumes au sein du groupe Casino. En 2015, Casino proposait 20 références bio en fruits et légumes. Un an plus tard, il y en avait 90. » Le groupe s’est également emparé de la question du local.
L’engouement pour le bio se retrouve à tous les niveaux. Ainsi, Philippe Mauguin, PDG de l’Inra, a annoncé que le 9e « métaprogramme » pluridisciplinaire de l’Inra sera l’agriculture biologique. A partir de 2018, il rejoindra les huit autres programmes qui bénéficient d’un budget de 500 000 euros. Autre signe de la dynamique de la bio, la présence pour la première fois à Tech&Bio d’un club de financeurs.