Fruits et légumes bio : « La décorrélation entre l’offre et la demande est trop importante », selon Interfel
Emmanuel Eichner, co-rapporteur du comité bio d’Interfel, fait le point sur la baisse de consommation des fruits et légumes bio, et sur les actions menées par l'interprofession pour relancer la demande.
Emmanuel Eichner, co-rapporteur du comité bio d’Interfel, fait le point sur la baisse de consommation des fruits et légumes bio, et sur les actions menées par l'interprofession pour relancer la demande.
Où en est la consommation de fruits et légumes bio ?
Emmanuel Eichner : « La consommation de fruits et légumes bio a subi un coup d’arrêt en 2021. La tendance à la baisse s’est poursuivie en 2022, avec un recul de 11 à 12 % en volume et en valeur. Pour 2023, la tendance est toujours à la baisse, mais moins marquée : - 4 % en valeur et - 9 % en volume à juillet 2023 pour les fruits et légumes frais. Il y a une légère augmentation du prix moyen payé, mais qui ne compense pas la baisse des volumes achetés. Les prix se sont améliorés par rapport aux trois dernières années qui étaient mauvaises. Mais ils ne sont pas plus hauts qu’il y a quatre ans, alors que les coûts de production ont augmenté.
L’avantage des producteurs de légumes est qu’ils peuvent revoir leurs assolements en fonction de la consommation. Il y a eu dans l’ensemble une diminution du volume de production de légumes bio cette année. Par moment, il y a même eu un déficit d’offre, ce qu’on n’avait pas connu depuis longtemps. Le déclassement des produits bio vers la vente en circuit conventionnel a été moindre cette année, cependant on constate des disparités en fonction des produits. »
Quelles actions mène Interfel en faveur des productions de fruits et légumes bio ?
E. E : « La décorrélation entre l’offre et la demande s’est révélée flagrante ces dernières années. Le problème est qu’on manque de chiffres concrets sur les productions à venir, on est dans l’inconnue chaque année. Il y a un vrai besoin de recenser les volumes pour avoir des tendances et informer les producteurs. Le comité bio d’Interfel a donc lancé une étude en 2021-2022 pour objectiver la problématique de l’adéquation entre l’offre et la demande pour les fruits et légumes, qui a mis en lumière des problématiques conjoncturelles mais aussi structurelles.
Outre les études, Interfel mène aussi des actions de communication à destination des professionnels, comme le programme UE Prenez en main la bio. La communication grand public est l’œuvre de l’Agence bio, que par ailleurs nous avons soutenu dans le cadre de la campagne Bio reflexe en 2022. Les moyens alloués à la communication de la part de l’Etat seront décisifs pour l’ensemble de la filière bio. Il y a besoin de plus d’accompagnement des pouvoirs publics notamment sur la diffusion des messages. »
En quoi consiste la campagne de communication Prenez en main la bio ?
E. E : « Prenez en main la bio est une campagne co-financée par l’Union européenne lancée en 2022, menée par Interfel et l’interprofession du lait, le Cniel. L’objectif est de promouvoir les produits laitiers bio et les fruits et légumes frais bio auprès des professionnels, notamment la restauration collective... On est encore loin de l’objectif de 20 % de produits bio en restauration collective. Si on arrive à l’atteindre, cela ferait beaucoup de bien à la filière bio. La campagne réalise un travail de pédagogie pour optimiser l’approvisionnement et le sourcing, et ainsi inciter les achats.
Pour les collectivités, le levier prix peut être intéressant en raison des gros volumes achetés. Prenez en main la bio prodigue également des conseils vis-à-vis des grossistes pour mieux maîtriser leurs coûts, et sensibilise les chefs de rayon en distribution pour la communication auprès des consommateurs. L’information au consommateur est essentielle. La compréhension du mode de production biologique et de ses impacts positifs constituent également le socle de nos communications. »