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En Alsace, les producteurs de fraises en sol en recherche de mécanisation

En Alsace, près de 70 % de la production de fraises en sol est désormais réalisée sur butte. Un mode de culture qui présente des avantages, mais complique la mécanisation. Des solutions commencent à apparaître.

En Alsace, 50 producteurs, dont beaucoup de céréaliers qui se sont diversifiés en fraise et/ou asperge, cultivent 230 ha de fraises, à 70 % dans le Bas-Rhin et 30 % dans le Haut-Rhin. 2 000 tonnes de fraises par an sont commercialisées, à 40 % en libre cueillette, 25 % en gros et 35 % au détail. Sur 230 ha, 85 % sont en plein champ, 15 % sous abri 9 m et 5 % en hors-sol. Et près de 70 % des cultures en sol se font aujourd’hui sur butte plastique, avec des buttes de 80 cm de large et 70 cm d’écartement entre buttes.

« Des buttes se réchauffent plus vite et sont plus drainantes qu’une culture à plat, explique Lilian Boullard, de Planète Légumes. La plantation sur butte facilite aussi la récolte. Et comme beaucoup de producteurs cultivent également de l’asperge, ils sont en général équipés pour réaliser les buttes. En dix ans, la région est passée de 40 à 60-70 % de cultures sur butte. L’inconvénient est que la plantation n’est pas mécanisable et qu’une culture sur butte complique aussi l’entretien de la culture. »

Paillage et binage pour gérer l'enherbement

La plupart des opérations se font manuellement. « En moyenne, une culture sur butte nécessite 1 450 h/ha de travail si les fraises sont récoltées et 450 h/ha en libre cueillette, indique Lilian Boullard. Jusqu’ici, les producteurs faisaient appel à de la main-d’œuvre polonaise. Mais depuis l’instauration d’un salaire minimum en Allemagne, certains Polonais et saisonniers de l’Est préfèrent travailler dans ce pays. La surface de fraises par exploitation ne dépasse plus 10-15 ha, car au-delà, le recrutement devient compliqué. » La difficulté à recruter du personnel et le coût du travail amènent aussi à rechercher des solutions de mécanisation. Le principal problème est la gestion de l’enherbement, sur la butte, où il ne peut se faire que manuellement, et dans l’inter-rang, notamment le long du plastique, où les adventices bénéficient de l’irrigation et de la fertilisation de la butte.

 L’herbicide Basta F1 ayant été retiré du marché français fin 2017, la technique la plus courante est le paillage des inter-rangs avec de la paille (1 kg de paille/m²), voire des bâches, ce qui améliore aussi la propreté des fruits et le confort des cueilleurs. Une autre solution est le binage, avec la difficulté d’atteindre les adventices situées près du plastique sans abîmer celui-ci. Terrateck propose depuis deux ans une bineuse à brosses pour paillage plastique à plat ou sur butte. Les brosses de 9 cm de large sont constituées d’anneaux de poils plastiques de trois duretés différentes, souple pour la partie qui passe sur le paillage, intermédiaire pour la limite paillage-sol et éventuellement dure pour la partie sur le sol. Leur angle est réglable jusqu’à 45°, ce qui permet d’intervenir sur des buttes.

Une désherbeuse qui ramène l’herbe vers l’élément de coupe

Une autre solution est l’engazonnement de l’inter-rang. « Le semis doit se faire après la plantation, avec un gazon nain à base de graminées, précise Paul Merkling, ancien conseiller fraises et légumes. Le gazon est ensuite tondu, avec la difficulté d’enlever l’herbe située près du plastique. » Des producteurs se bricolent des tondeuses ou des broyeurs adaptés à l’inter-rang. A la demande des professionnels, la société allemande Heuling a mis au point une désherbeuse entre buttes constituée de deux éléments de tonte par butte qui coupent l’herbe sur 60 cm de large.

Chaque élément animé hydrauliquement est doté de rotors munis de lames et est monté sur des roulettes brosses qui épousent la butte et ramènent l’herbe vers l’élément de coupe. Une autre opération est la coupe des stolons, qui se fait actuellement à la main. Heuling propose une destolonneuse équipée de trois éléments de coupe avec scie circulaire, qui épousent la butte, et de brosses qui relèvent les stolons. Autre solution du constructeur : une brosseuse équipée de deux brosses animées par des moteurs hydrauliques, qui enlèvent les vieilles feuilles et les tiges en sortie d’hiver.

La libre cueillette, une tradition en Alsace

En Alsace, la libre cueillette représente 40 % des débouchés pour la fraise. « L’investissement est deux fois moins important que si la production est récoltée par le producteur, indique Lilian Boullard, de Planète Légumes. Mais les rendements commerciaux sont moins élevés, de 8-10t/ha contre 14-18 t/ha si la production est récoltée, car les personnes en libre cueillette mangent beaucoup sur place. Les prix de vente sont également inférieurs, de 3,40 à 3,85 €/kg contre 5,5 à 8,5 €/kg en vente au détail. »

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