Dossier Pêche : L’eau d’Alqueva attire les investisseurs en fruits à noyau
Fairfruit a misé sur les nouvelles disponibilités en eau au sud du Portugal pour continuer son investissement dans les fruits à noyau et notamment les pêches.
Fairfruit a misé sur les nouvelles disponibilités en eau au sud du Portugal pour continuer son investissement dans les fruits à noyau et notamment les pêches.
L’eau, le climat et les terres agricoles disponibles autour du plus grand lac artificiel d’Europe, le barrage d’Alqueva au Portugal, ont attiré ces dernières années des centaines de nouveaux investissements en cultures permanentes. Ce barrage situé dans l’Alentejo, dans le sud du Portugal permet d’irriguer 120 000 hectares de terres agricoles et sera étendu à 50 000 hectares supplémentaires d’ici à 2023. Il a radicalement changé le paysage de l’Alentejo, autrefois une zone agricole de céréales non irriguée.
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L’un des investisseurs est le groupe d’origine suisse Fairfruit. Reconnaissant le potentiel agricole de l’Alentejo, Fairfruit a commencé par la production d’huile d’olive. Une première étape avant l’investissement en fruits à noyau. « Il y a une demande énorme de fruits à noyau en Europe et dans le monde, mais l’offre est insuffisante. Fairfruit recherche des matières premières pour approvisionner ses clients et considère que l’Alentejo est une excellente opportunité pour développer notre production vu la disponibilité en eau et en terrains agricoles », affirmait Pascal Felley, CEO du groupe Fairfruit, en 2016.
Des partenariats avec des producteurs
C’est fin 2015 que Fairfruit commence la plantation de ses vergers de fruits à noyau au Portugal totalisant aujourd’hui 180 hectares, dont une partie n’est pas encore en production. Principalement dédié à l’abricot, le site comprend aussi 31 hectares de nectarines, 15 hectares de pêches et 9 hectares de pêches plates. La première grande récolte, de 800 à 1 000 tonnes, est attendue cette année. A terme, les volumes produits se situeront autour de 500 tonnes de nectarines, 270 tonnes de pêches et 70 t de pêches plates. Le but du groupe au Portugal est d’obtenir une production précoce, entre mai et juin, pour fournir ses clients en Europe. Aujourd’hui, le groupe confirme que ce choix est un succès. « Dans l’Alentejo, nous obtenons des productions rentables et il y a nombreuses variétés adaptées à notre climat », assure Nuno Gois, directeur général de Fairfruit Portugal. Parallèlement, le groupe s’engage à créer des partenariats avec des agriculteurs pour augmenter le volume de fruits vendus. Le modèle de contrat propose un service de conseils techniques dans le choix des variétés et la production des fruits, aboutissant à la vente. Entre autres, des agriculteurs allemands, producteurs de grenades dans la région, ont commencé à planter pêches, nectarines et abricots, en s’engageant avec Fairfruit. Au total, 150 hectares seront en place en 2020. « Il y a de bonnes opportunités d’investissement pour produire des fruits et le service clé en main de Fairfruit est un atout », assure Nuno Gois, directeur général de Fairfruit Portugal.
Vergers intensifs mais durables
Les vergers de Fairfruit sont plantés avec des variétés sélectionnées pour leur précocité, leur taux de sucre, leur capacité de conservation sur l’arbre après maturation, leur calibre et leur productivité. La création variétale est assurée par PSB Producción Vegetal et Cot International. La variété de nectarine la plus innovante est Boreal, car il s’agit d’une variété à chair blanche de calibre moyen AA, sub-acide ou douce, à longue durée de conservation. Les vergers sont intensifs, plantés à 5 m x 3 m (677 arbres/hectare) pour les pêches et nectarines, mais conduits de façon durable. L’irrigation de précision est cruciale dans cette partie du sud de l’Europe où la pluie est chaque année plus rare. Fairfuit a choisi un système d’irrigation goutte-à-goutte de double ligne de goutteurs (tous les 75 cm). En pleine production, les vergers de pêches et de nectarines consomment une moyenne annuelle de 6 300 m3/hectare. La gestion de l’irrigation s’appuie sur des sondes de mesure d’humidité du sol et des recommandations hebdomadaires disponibles sur une plateforme en ligne, permettant d’utiliser l’eau en adéquation avec les besoins des arbres. « Notre objectif est d’irriguer de manière équilibrée afin que les arbres ne subissent pas de stress hydrique et ne compromettent pas notre production. Avec les sondes, nous pouvons ajuster les doses aux besoins des plantes », explique André Neves, membre de l’équipe technique de Fairfruit. Du côté de la protection des plantes, les agronomes de l’entreprise s’appuient sur une station météorologique in situ, qui mesure la vitesse du vent, la précipitation et le taux d’humidité dans les vergers. Ces infos aident à déterminer le bon moment d’application des produits phytopharmaceutiques.
Une nouvelle centrale de conditionnement
Le nouvel investissement du groupe suisse est la construction d’une centrale de conditionnement de 8 000 m2 en capacité de calibrer et d’emballer 10 000 tonnes de fruits par saison. Les travaux ont démarré ce mois d’avril et seront terminés fin 2019. Le projet est conçu non seulement pour travailler plusieurs espèces de fruits frais, mais aussi pour leur transformation (fruits coupés, déshydratés, congelés et en pulpe pour des confitures). « Nous voulons y travailler aussi des fruits récoltés à d’autres périodes de l’année (grenades, agrumes) pour rentabiliser la centrale. C’est une infrastructure très importante pour nous et pour la région. Il s’agit d’un investissement d’environ 14 millions d’euros », ajoute Nuno Gois, ravi de raconter que « le projet Fairfruit Portugal a même dépassé les attentes de ses promoteurs. Le climat, la terre et l’eau de l’Alentejo sont d’une grande aide ».
Nélia Silva
Une entreprise d’envergure européenne
Le groupe Fairfruit compte sur plus de 20 ans d’expérience dans la production de fruits à noyau. Son histoire a commencé dans les Alpes suisses, dans la région du Valais. Actuellement, ses vergers et ceux des entreprises partenaires totalisent plus de 1 300 hectares entre abricots, nectarines, pêches, prunes et cerises, sur plusieurs sites de production en Europe. Le premier pôle de production de FairFruit est apparu en Hongrie en 1997, ce sont 700 hectares de vergers (abricots et un peu de cerises), répartis entre le sud du pays, près du célèbre lac Balaton, et le nord, dans la région de Tokay. Le groupe a une centrale de conditionnement dans chaque région. En Autriche, Fairfruit compte 30 hectares de jeunes vergers d’abricots, la première récolte a été obtenue en 2017 et sera dirigée sur le marché autrichien. Au sud de l’Espagne, dans la région de Murcie, dans le parc naturel de Sierra Espuña, la production de Fairfruit totalise 400 hectares (abricots, nectarines et pêches). La filiale française du groupe, Bondev SAS, commercialise les fruits portugais et espagnols de Fairfruit à partir de ses deux plateformes logistiques situées à Rungis et à Perpignan.