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Cultivées sans pesticides : quel bilan pour les tomates bretonnes 5 ans après le lancement du label ?

Il y a cinq ans, les coopératives bretonnes lançaient une gamme de tomates estampillées « Cultivées sans pesticides ». L’offre, avec ses contraintes en production, est aujourd’hui entrée dans les mœurs des producteurs. Et la gamme, qui atteint des volumes au-delà des ambitions initiales, est devenue une référence et demeure, malgré l’inflation, dans les rayons des GMS. 

L’idée avait été annoncée lors du salon de l’Agriculture en 2018 et le concept lancé l’année d’après. Cela fait donc maintenant 5 ans que les 3 marques bretonnes composées de 4 coopératives (Solarenn,Savéol, ainsi que la Sica Saint-Pol-de-Léon et les Maraîchers d’Armor pour Prince de Bretagne) ont lancé un label commun « Cultivée sans pesticides » sur les tomates. S’associer tout en gardant leurs marques respectives permet aux opérateurs bretons, concurrents par ailleurs, de mutualiser leurs expériences et certains coûts (recherche, marketing…). Comme le scande la dernière communication de l’Alliance Nature & Saveurs (nom de l’alliance des 4 coopératives pour la gamme « Cultivées sans pesticides »), « il fallait un sujet phare pour mettre 3 Bretons d’accord ». « On travaillait déjà ensemble sur plusieurs sujets depuis de nombreuses années », rappelle néanmoins Dominique Picard, président de la section Tomates sous abri de Prince de Bretagne.

 

« Un label rassurant pour le consommateur »

En 2019, les coopératives bretonnes de fruits et légumes avaient l’ambition de proposer 30 à 40 % labellisées « Cultivée sans pesticides ». On est aujourd’hui entre 70 à 90 % de la production de tomates de ces 4 coopératives à être certifiées « Cultivée sans pesticides » avec un total de 200 000 tonnes. Pierre-Yves Jestin, président de Savéol, s’estime heureux du chemin parcouru et des efforts constants des producteurs pour parvenir à ces tomates cultivées sans pesticides. « C’est très rassurant pour le consommateur, estime-t-il. A l’heure où l’on parle de souveraineté alimentaire, à travers cette démarche, on montre le savoir-faire et la qualité du produit français ». Pour lui, cela montre aussi tous les atouts de la culture sous serre.  

 

Une demande sociétale et une culture dans le sens de l’histoire

« Au début, il y a 5 ans, les producteurs avait adhéré à la démarche Cultivées sans pesticides sans se poser de questions. On savait que c’était une demande sociétale, que c’était une culture vertueuse et porteuse. Mais aujourd’hui l’approche est un peu différente, on s’aperçoit que ce n’est pas aussi évident d’y arriver », explique Dominique Picard, qui produit des tomates sur 3 hectares avec son frère. Si en 2019, les producteurs des coopératives des trois marques bretonnes Prince de Bretagne, Savéol et Solarenn se sont lancés dans la démarche d’emblée, c’est parce qu’ils pratiquaient déjà depuis de nombreuses années une culture vertueuse et que la protection biologique intégrée (PBI) était appliquée dans les serres depuis longtemps. Mais le label « Cultivées sans pesticides », implique une obligation de résultat. « C’est un challenge au quotidien », atteste Dominique Picard. 

 

Coûts de production et valorisation

Concernant la valorisation de ces tomates cultivées sans pesticides, « en période d’inflation, il y a moins d’attente sur le cultivé sans pesticides. La plus-value, on ne l’a pas toujours eue. On arrive à dégager un peu plus de revenus parce qu’on insiste sur le fait que ça coûte plus cher à produire, on explique qu’il faut plus de main-d’œuvre, plus de technicité, parfois un peu plus de chauffage pour déshumidifier et éviter les fongicides par exemple, les produits de biocontrôle nécessitent aussi davantage de passages… ». Autant de coûts supplémentaires pour lesquels « on n’en retire pas autant que ça nous coûte. C’est compliqué d’expliquer tout ça au consommateur », rappelle Dominique Picard. Aujourd’hui, le « Cultivée sans pesticides » est davantage une porte d’entrée pour les rayons de la GMS selon lui : « On est aujourd’hui dans une dynamique de référencement et moins de valorisation ». 

Un propos moins affirmé du côté de Pierre-Yves Jestin : « C’est surtout que certaines tomates cultivées sans pesticides ne sont pas valorisées comme telles parce qu’on les commercialise en plateaux, sans emballage », précise-t-il. Il prend l’exemple d’une serre conduite sans pesticides où toutes les tomates sont forcément cultivées sans pesticides : les petits fruits porteront le logo « Cultivées sans pesticides » sur la barquette, ce qui ne sera pas le cas de tomates grappe par exemple vendues en vrac. 

 

Une fierté pour les producteurs et les personnels des coopératives 

Le sans pesticides c’est aujourd’hui le sens de l’histoire et les producteurs l’ont bien compris. « Aujourd’hui on doit produire mieux avec moins », constate Dominique Picard. C’est un challenge, mais le fait d’y arriver est une satisfaction à tous les niveaux, pour le producteur, mais aussi pour tous les salariés, à tous les niveaux dans l’entreprise », témoigne-t-il. 

 

Des expériences toujours en cours sur la fraise

En 2019, quand le label a été lancé, les opérateurs bretons anticipaient des produits autres que la tomate avec le label Cultivées sans pesticides. Des essais ont été faits sur la fraise mais le défi est encore plus technique sur ce fruit et la saison est courte. Savéol qui avait commencé à commercialiser des fraises « Cultivées sans pesticides » se concentre aujourd’hui sur la fraise Label Rouge. Des expérimentions sont toujours néanmoins en cours par le biais notamment de Frais’Nat qui œuvre pour la lutte biologique en fraise. 

 

Que recouvre le label « Cultivées sans pesticides » ? 

A la mention « Cultivées sans pesticides », les 3 marques bretonnes Savéol, Solarenn et Prince de Bretagne ajoutent « sans traitements pesticides de synthèse de la fleur à l’assiette ». Le label implique à la fois un engagement de moyens (pas d’intrants chimiques) et de résultats (pas de résidus non plus).
Avant la floraison, les producteurs utilisent en priorité les insectes et des mesures de prévention telles que l’observation quotidienne des plants, l’effeuillage…). Si un risque important pèse sur la culture et sans solutions alternatives, le producteur est autorisé à réaliser un traitement dans le cadre légal français. Une analyse de laboratoire externe (Capinov) garantit que cela n’induit pas de résidu dans les tomates.
Seules les tomates pour lesquelles les analyses démontrent l’absence de résidus (aucune quantification supérieure à 0,01 mg/kg, comme le prévoit la législation) sont commercialisées dans la gamme « Cultivées sans pesticides ». 

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