Ail français : comment sera vendu le cru 2023 qualitatif mais avec des défauts visuels ?
Pas de problème sanitaire cette année sur l’ail français, juste des défauts visuels qui font craindre cependant aux professionnels un déclassement important des aulx vers la catégorie II.
Pas de problème sanitaire cette année sur l’ail français, juste des défauts visuels qui font craindre cependant aux professionnels un déclassement important des aulx vers la catégorie II.
La campagne d’ail français 2023 s’annonçait prometteuse et ce sur tout le territoire français mais des orages tardifs se sont invités au moment de la récolte. Conséquence : davantage d’humidité dans les bulbes, un temps de séchage plus long et des défauts visuels. La campagne 2023 sera aussi marquée par un manque de coloration et peu de gros calibres.
Pour autant, la qualité gustative, comme sanitaire, est au rendez-vous. Ce qui n’était pas le cas des deux années précédentes, marquées par la fusariose et la présence de Waxy breakdown. Pas de problème sanitaire donc cette année. « Les années se suivent, ne se ressemblent pas, mais il y a toujours un problème », sourit Christiane Pieters, présidente de l’Aniail, qui ajoute néanmoins que « c’est beaucoup mieux que l’an dernier », lors du lancement officiel de la campagne ail français 2023 le 6 septembre au ministère de l’Agriculture.
Un différentiel de prix de 4 à 1 entre l’ail catégorie I et l’ail catégorie II
Le gros point noir pour cette saison 2023, c’est le risque de déclassement d’une partie importante de la production en catégorie II. Il n’y a aucune règle ou norme officielle pour le classement en catégorie II, « mais dès que l’on voit la gousse, le produit est classé en catégorie II », précise Sébastien Toupiac, président du Syndicat de l’Ail violet de Cadours. « Le produit n’est en aucune manière altéré, cela concerne juste l’aspect visuel », assure Christiane Pieters. « C’est une manière pour les distributeurs de faire baisser le prix payé aux producteurs, comme il n’y a pas de problème sanitaire cette année », a-t-on aussi pu entendre. Dommage qu’aucun membre de la grande distribution n’ait été présent cette année à cette réunion organisée par l’Aniail. « Nous n’aurons pas d’autre choix que de changer notre standard et notre référentiel. Cette année va nous y obliger », ajoute Philippe Quaranta, directeur de Jardins du Midi et représentant les metteurs en marché au sein de l’Aniail. « Au fur et à mesure, le second choix (la catégorie II) a disparu de l’offre en GMS », rappelle-t-il.
Pour Laurent Houy, coordinateur offre locale grands comptes au sein de Vivalya, la valorisation de la catégorie II n’est pas une cause perdue. « Avec plusieurs grossistes de différents groupes, nous avons travaillé et réussi à mettre en place une valorisation pour le muscat du Ventoux grapillon que l’on peut comparer à une catégorie II ». « Il y a des pistes pour demain mais on doit régler ce qui se passe maintenant, d’autant que sanitairement et gustativement, c’est le même ail que celui qu’on vend en catégorie I », insiste la présidente de l’Aniail. A noter quand même que l’écart de prix entre la catégorie I et la catégorie II équivaut à un ratio de 4 à 1 !
« Il faut que tout le monde profite de la marge qui est faite sur notre produit », en profite pour rappeler par ailleurs, Christiane Pieters. Ce qui ne semble pas être vraiment le cas comme le fait remarquer Dominique Viel, directeur commercial à la Ferme des Arches : « Nous payons en tant que metteur en marché 10 à 15 % de mieux nos producteurs pour faire face à toutes les hausses des coûts de production, mais cela ne nous est pas répercuté par la grande distribution ».
Un consommateur à reconquérir
La grande question est : l’origine France et les différents signes de qualité dont bénéficie une partie de la production suffiront-t-ils à faire vendre l’ail a un prix convenable pour permettre aux producteurs français la poursuite de leur activité ? D’autant que la consommation d’ail français baisse. Les données Kantar Wordpanel le montrent clairement. En 2022, la taille de la clientèle achetant de l’ail en GMS et hard discount a baissé de 2,5 % et ce dans toutes les strates de la population. En 2022, 61 % des ménages français ont acheté au moins une fois de l’ail dans l’année (contre 64 % en 2021 et 66 % en 2020). La quantité d’ail acheté en GMS par an et par ménage est passée de 540 g en 2020 à 500 g en 2021 pour descendre à 450 g en 2022.
« La baisse des volumes achetés est corrélée à une forte augmentation du prix moyen », note Fabienne Ruamps, animatrice pour l’ail français. On observe aussi une légère progression du vrac par rapport au pré-emballé. Dominique Viel rappelle aussi que la grande distribution a réduit son offre en supprimant des références pré-emballées et que le consommateur tend à se retourner vers le 1er prix.