Lancement de campagne
Abricot : quelles prévisions de récolte et quels sujets à surveiller pour 2023 ?
L’abricot européen devrait retrouver des niveaux à 500 000 t, selon les prévisions dévoilées sur le salon Medfel. La France se stabilise, l’Espagne retrouve son potentiel, l’Italie perd des surfaces. Sécheresse et hausse des coûts restent au cœur des débats.
L’abricot européen devrait retrouver des niveaux à 500 000 t, selon les prévisions dévoilées sur le salon Medfel. La France se stabilise, l’Espagne retrouve son potentiel, l’Italie perd des surfaces. Sécheresse et hausse des coûts restent au cœur des débats.
La campagne européenne d’abricots devrait être cette année sur des niveaux « moyens moins », selon les traditionnelles prévisions de récolte dévoilées à Medfel, le 26 avril. Après deux années très déficitaires en raison du gel, notamment en 2021, campagne qui était passée sous la barre des 400 000 t, la saison européenne 2023 devrait retrouver des niveaux à 500 000 t. C’est tout de même une baisse face aux 540 000 t de 2022 (-7 %) et à la moyenne quinquennale (-7 %).
Eau, coûts de la main d’œuvre, emballages… les inquiétudes sont toujours là
En 2022, après deux années de gel et deux années de grêle, la France avait -contrairement à ses voisins européens- « retrouvé des volumes, et surtout l’équilibre économique, avec des consommateurs et des distributeurs au rendez-vous », rappelle Bruno Darnaud, président de l’AOP Pêches et Abricots de France. Des niveaux similaires sont prévus cette année. Mais les prévisions françaises ne signifient rien sans les estimations des producteurs voisins et concurrents. Et à ce niveau-là, RAS. L’Espagne retrouve des couleurs (+40 000 t vs 2022), l’Italie au contraire en perd 50 000 t, et la Grèce reste stable, au potentiel [lire le détail ci-dessous].
Les inquiétudes, en France comme ailleurs : les coûts de production, comme l’année dernière, et la sécheresse et la gestion de l’eau. En abricot, l’eau est un facteur primordial qui joue sur les calibres. La hausse des coûts qui se poursuit inquiète. « L’énergie, le packaging… La hausse des coûts se fait désormais majoritairement sur la main d’œuvre avec plusieurs hausses successives des salaires minimums et dont les répercussions ne sont pas encore effectives, avertit Manel Simon (Afrucat). Ces hausses il faut les répercuter sur les prix sinon on est morts. »
« Il faut affirmer notre position pour faire augmenter nos prix de revient, même si on est conscient que l’inflation touche tous les rayons et pas que les fruits et légumes, approuve Bruno Darnaud. Mais l’abricot coûte plus ou moins 4 € le kilo, même si on augmente un petit peu le prix, ça n’est pas inatteignable. Les distributeurs sont désormais conscients, maintenant il faut trouver le juste prix. L’année dernière on était inquiet et finalement on a réussi à trouver le point d’équilibre, ensemble. »
Lire aussi : Pêches et abricots : producteurs et distributeurs veulent ensemble réussir 2023
Sur les emballages, important pour l’abricot (barquettes petits fruits), le président de l’AOP appelle à une législation européenne. A l’instar de la France, l’Espagne fait aussi face à une guerre contre le plastique qui inquiète la filière.
Prévisions France : similaire à l’année dernière
Pour 2023, les niveaux devraient être plus ou moins similaires, la France annonce un potentiel normal, à 125 000 t (+2 % sur un an ; + 16 % sur 5 an). Dans le détail des régions :
- Rhône-Alpes : 70 000 t (vs 63 400 t en 2022) ;
- PACA : 17 000 t (vs 17 600 t en 2022) ;
- Languedoc-Roussillon : 39 000 t (vs 42 200 t en 2022).
En termes de calendrier, après deux dernières années précoces, on serait sur une année normale. A date, on retrouve des calibres normaux, à voir selon la problématique de l’eau. Les éclaircissages sont en cours. « Le potentiel est normal, le nombre d’heures de froid a été atteint, expose Bruno Darnaud. En revanche, la problématique de l’eau nous inquiète, avec des arrêtés préfectoraux dans les départements producteurs. L’année dernière il y a eu des épisodes de chauds qui ont impacté la qualité gustative et le calibre. »
Rappelons que le verger est vieillissant, avec un potentiel de 120 à 130 000 t, loin des 150 000 t connues il y a des années. « On n’est même pas à 2 % de renouvellement du verger en abricot là où les pêches nectarines sont à 8 à 9 %. Il faut vraiment de nouvelles plantations si on veut pouvoir assurer toute la saison sur le maché », avertit Bruno Darnaud.
Prévisions Espagne : un potentiel récupéré
L’Espagne devrait récolter 100 000 t d’abricots, une belle récupération après les petits 65 000 t de 2022. Mais le pays reste loin de son potentiel de 120 000 t – 130 000 t, voire 150 000 t. Par région :
- Aragon : 25 000 t (hausse);
- Catalogne : 11 000 t (hausse);
- Castille-la-Mancha 14 000 t ;
- la principale région productrice, Murcia, 39 000 t (stable).
A date, aucun problème climatique n’a été rapporté en Espagne. Les effets de la sécheresse actuelle sont une inconnue : quels déficits à venir pour la campagne et l’incidence sur le verger à moyen terme ? Manel Simon (Afrucat), confirme : « L’eau est une incertitude. Hier [le 25 avril] a été annoncé la fermeture du canal à Llerida, or Llerida c’est 9 % de l’abricot et sans eau, pas d’abricot. »
Prévisions Grèce : RAS
La Grèce annonce des volumes stables et au potentiel, autour des 76 000 t pour 2023 (75 000 t en 2022 et 80 000 t produites en moyenne quinquennale).
- Sud (Péloponnèse) : 26 000 t ;
- Nord (Macédoine) : 50 000 t.
Pas d’accidents climatiques, quelques gelées ont été observées mais sans incidence majeure. La problématique pour la filière grecque : la main d’œuvre.
Prévisions Italie : une baisse en lien avec la diminution du verger
En 2023, l’offre italienne est annoncée en baisse, « de même que les surfaces, car il y a moins d’investissements dans la filière », regrette Tomas Bosi (CSO Ferrara). Plus de 250 000 t avaient été produites en 2022. Cette année les volumes devraient tout juste dépasser les 200 000 t.
- Emilie-Romagne : 50 000 t (vs 86 000 t en 2022) ;
- Sud : 135 000 t (vs 165 000 t en 2022).
Les vergers en plaine d’Emilie-Romagne ont souffert du gel. Le Sud de l’Italie est touché par l’alternance des vergers et par la sécheresse. Côté mise en marché, la production est en retard. Le CSO confirme qu’il y aura assez de volumes italiens pour couvrir le calendrier, qui va de mai à août. La baisse des surfaces se confirment, en particulier suite aux difficultés de la campagne 2022. Le Sud de l’Italie donne priorité aux variétés précoces.