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Faire cohabiter chevaux et moutons

Passionné d’élevage équin et de génétique, Franck Van Haaren a toujours souhaité disposer de son propre élevage de chevaux.

« J’ai toujours eu envie de monter mon affaire dans le monde équin, mais c’est assez risqué de se lancer, les investissements sont très lourds. Pour les supporter il faut faire de la pension mais, dans mon secteur, il n’y a pas de clients pour ce genre d’activité. Je ne suis pas dans un bassin de chevaux », explique Franck Van Haaren. Mais cela n’a pas empêché le jeune éleveur de suivre sa passion. En complément de ses 1 200 brebis, il fait pâturer ses quatre juments et poulains de l’année. Par le passé, l’élevage a compté jusqu’à sept ou huit juments accompagnées d’un étalon et de leurs poulains, qui tous cohabitaient avec les moutons dans les pâtures.

« Les moutons et chevaux sont complémentaires au pâturage »

Les chevaux sont plus demandeurs en surface que les moutons. Les quatre juments pâturent dans un parc de quatre hectares. L’entretien de la prairie est assuré par le travail conjoint des équidés et des ovins. « Les chevaux sont plus difficiles que les moutons. Le cheval est propre. Les zones de défécation sont pour lui des zones de non pâturage. Les moutons, eux, pâturent tout. Les deux animaux se complètent également au niveau des plantes pâturées. Les chevaux aiment bien les aliments ligneux que délaissent parfois les moutons et, pendant les périodes de forte pousse, les moutons viennent en renfort pour réguler la hauteur d’herbe ».

Les moutons permettent de nettoyer les pâtures des chevaux

Globalement, faire cohabiter les deux espèces permet d’avoir une meilleure gestion de l’herbe. Là où les centres équestres traditionnels passent trois passages de faucheuse par été, Franck Van Haaren lâche ses moutons et l’herbe ne pourrit pas par terre. Partager les pâtures peut également avoir un impact positif sur le parasitisme. Les moutons mangent les parasites des chevaux ce qui diminue la pression parasitaire sur l’ensemble de la parcelle. En plus d’être complémentaires pour le pâturage, les deux espèces ne rencontrent pas de problème de cohabitation. « Certes on ne verra pas un agneau dormir auprès d’une jument mais les deux espèces cohabitent bien. Chevaux et moutons restent généralement en groupes de même espèce dans la pâture mais cela ne cause pas problème. Mes juments ont toujours été habituées à être avec des moutons. Elles sont indifférentes à leur égard. Il faut juste prendre garde à ne pas laisser de très jeunes agneaux en compagnie des poulains qui pourraient leur faire du mal en voulant jouer. En règle générale, si le cheval n’est pas habitué aux moutons, il est conseillé de ne pas le laisser seul au sein du troupeau, mais accompagné d’autres congénères. Quoi qu’il en soit, je n’ai jamais eu de problèmes de comportement, chez les moutons comme chez les chevaux ».

Le produit de l’élevage de chevaux de course est plus aléatoire

Si aujourd’hui les juments sont soigneusement sélectionnées pour la reproduction et les poulains vendus aux enchères, il n’en a pas toujours été ainsi. Lorsque l’éleveur disposait de son propre étalon, les chevaux étaient placés en location pour les courses. Avec huit juments accompagnées de leurs poulains, l’élevage équin a déjà pu réaliser près de la moitié des revenus de l’exploitation pour une charge de travail similaire à celle de l’atelier ovin. Les revenus de la sélection équine sont cependant beaucoup plus aléatoires. Les mâles se vendent beaucoup plus chers que les femelles et les revenus des courses sont incertains. La mort de l’étalon a conduit Franck Van Haaren à se concentrer sur l’élevage ovin.

L’éleveur n’a pas laissé tomber sa passion pour la génétique. S’il sélectionne moins de juments, l’élevage dispose depuis cinq ans d’un troupeau de béliers destinés à la vente. Ce sont ainsi une trentaine de béliers Sufflok, Charmois et Texel qui sont écoulés chaque année. « J’aime bien avoir de beaux animaux, avec une bonne conformation, insiste l’éleveur. C’est plus agréable de travailler avec un troupeau qui se porte bien ».

Le choix de l’extensif pour limiter le coût de l’aliment

Concernant l’élevage ovin, Franck Van Haaren a opté pour une conduite extensive. Ayant démarré avec un troupeau de 350 brebis réparties sur 45 ha, l’éleveur a su développer l’exploitation en augmentant sa surface de pâturage. Ce sont maintenant 1 200 brebis qui pâturent presque toute l’année sur les 180 ha de l’élevage. Les agnelages ont lieu au printemps, de mars à juin selon les lots de brebis, à l’exception des 200 Charmoises qui agnellent à l’automne. Seules les brebis agnelant en mars sont complémentées car c’est la période la plus critique concernant la pousse d’herbe. La question de l’autosuffisance fourragère est centrale pour Franck Van Haaren : « Mieux vaut avoir moins de brebis et savoir les nourrir plus que de devoir acheter du fourrage. J’ai environ 6,5 brebis par hectare, je ne souhaite pas charger davantage mes pâtures pour pouvoir être serein face aux années sèches. » Si l’aliment correspond généralement au principal poste de dépense en élevage ovin, tout est ici optimisé pour qu’il soit le plus faible possible. Les agneaux sont engraissés avec le même mélange que les brebis. Les granulés, composés de pulpe, luzerne et drèche, coûte environ 30 % moins cher que le mélange traditionnel. « Les agneaux grandissent tout aussi bien à quelques jours près. Cet aliment est plus adapté à mes yeux. L’aliment agneau traditionnel est trop fort pour des agneaux élevés à l’herbe ». Si les conditions climatiques le permettent, les mères accompagnées des agneaux sortent deux semaines après l’agnelage pour pâturer et laisser de la place en bâtiment pour les suivants.

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Une conférence sur l’élevage équin mixte s’est tenue en décembre 2017 dans le Rhône. Toutes les présentations sont à revoir en vidéo sur energie-cheval.fr/menu-secondaire/mediatheque/galerie-videos/elevage-paturage-mixte/

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