Face au mal-être des agriculteurs, « il faut passer à la vitesse supérieure »
La feuille de route gouvernementale pour la prévention du mal-être des agriculteurs se déploie trop lentement au goût des représentants professionnels agricoles réunis lors de la 3e journée organisée sur le Conseil de l'agriculture française (Caf) le 18 juin à Paris.
La feuille de route gouvernementale pour la prévention du mal-être des agriculteurs se déploie trop lentement au goût des représentants professionnels agricoles réunis lors de la 3e journée organisée sur le Conseil de l'agriculture française (Caf) le 18 juin à Paris.
« La feuille de route pour la prévention du mal-être et l’accompagnement des agriculteurs en difficulté est sortie le 21 novembre 2021. Aujourd’hui sur sa mise en application on est entre la première et la seconde vitesse, des choses ont été faites mais on doit passer à la vitesse supérieure. On doit faire baisser la courbe des suicides dans le monde agricole le plus rapidement possible ». Ainsi s’est exprimé Luc Smessaert vice-président de la FNSEA le 18 juin lors de la 3e journée sur le mal-être des agriculteurs organisée par le Caf.
Un sentiment partagé par Olivier Damaisin, ancien député du Lot-et-Garonne, coordinateur national interministériel du Plan prévention mal-être en agriculture depuis le 28 mars 2023, venu s’exprimer malgré son devoir de réserve en période de campagne pour les législatives.
Ca a été un loupé, il fallait plus impliquer la MSA et les Chambres d’agriculture
Certes les comités départementaux du mal-être en agriculture sont désormais en place. Mais « les coordinateurs émanent de 60 à 65% des DDT, 30% de la MSA et 7% seulement des Chambres d’agriculture. Ca a été un loupé, il fallait plus impliquer la MSA et les Chambres d’agriculture qui connaissent mieux le terrain, ont plus de relationnel avec lui, que les services de l’Etat », déplore Olivier Damaisin qui estime que seul le ministère de l’Agriculture s’est vraiment investi dans la feuille de route interministérielle.
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Vers un nouveau plan de prévention contre le mal-être agricole à 5 ans
Après le mouvement de mobilisation agricole du début d’année, le coordinateur national a écrit aux préfets (le 26 mars 2024) pour les alerter d’ « un risque suicidaire élevé en milieu agricole » devant faire l’objet d’une vigilance accrue des différents acteurs intervenant au sein des comités départementaux.
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Un courrier qui a permis la tenue d’une réunion interministérielle le 14 juin dernier. « J’ai fait remonter des informations. Il aurait fallu le faire plus tôt. Il a été décidé de remettre à jour la feuille de route en prenant en compte les demandes des agriculteurs lors de la mobilisation », a confié Olivier Damaisin le 18 juin. Et de plaider pour des moyens humains et financiers supplémentaires pour la MSA et les Chambres d’agriculture.
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Proposition d’une mesure de « passage de relais » ou « préretraite »
Le coordinateur se dit aussi favorable à la proposition de « passage de relais » ou « préretraite » faite par les Jeunes agriculteurs et retenue lors de la première lecture de la loi d’orientation agricole à l’Assemblée nationale. « Les gens qui partent à la retraite sont ceux qui passent le plus à l’acte avec les jeunes de 35 ans. Transmission et installation sont les deux moments les plus difficiles », reconnaît-il. « Cette mesure coûterait 10 millions d’euros pour aider des agriculteurs à moins de 5 ans de la retraite à transmettre leur exploitation. C’est une très bonne mesure mais c’est tabou. Il faut du courage politique pour que ça aboutisse », complète Luc Smessaert, qui se défend : « il ne s’agit pas d’un plan de restructuration de l’agriculture française ».
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Simplifier le dispositif Area
A l’occasion de la journée dédiée au mal-être agricole, les professionnels ont aussi appelé à la simplification et l’amélioration de l’aide à la relance de l’exploitation agricole (Area). « Quand on dispose de 7 millions et que seulement 1 est engagé par an, c’est que l’outil n’est pas bon, il faut revoir le dispositif », a résumé le président de la FNSEA Arnaud Rousseau.
Quand on dispose de 7 millions et que seulement 1 est engagé par an, c’est que l’outil n’est pas bon
« Il y a un travail nécessaire car les critères d’accessibilité font que souvent la seule solution retenue est celle de la sortie de l’agriculture, a estimé pour sa part Sébastien Windsor, président des chambres d’agriculture. Il faut que le fonds soit plus simple, plus rapide ». Plusieurs participants à la journée ont d’ailleurs reconnu ne plus traiter de dossier Area tant les difficultés sont grandes. Dans le cadre du chantier de simplification, « deux réunions se sont tenues sur le sujet au ministère », a indiqué Olivier Damaisin, en soulignant que le ministère avait compris la complexité du dispositif. Une réunion serait prévue le 26 juin sur le sujet.
🗓️ Mal-être agricole : parlons en ! | 🎙️Pour @AurelieHudry #JA74 : "Le droit à l'essai m'a permis de constater que je ne trouvais pas ma place dans un premier #GAEC familial. Cela permet de se donner le temps et d'analyser la complétude du projet." [...]
"J'ai ensuite été… pic.twitter.com/eAz4O2hx9B— La FNSEA (@FNSEA) June 18, 2024
Une période d’essai à généraliser
Face à l’autre période particulièrement difficile pour les agriculteurs, la période post-installation, plusieurs responsables professionnels agricoles ont espéré que la généralisation du droit à l’essai proposée dans le cadre du projet de loi d’orientation agricole, en suspens avec la dissolution de l’Assemblée nationale, soit rapidement adoptée.
Pour moi c’était essentiel d’avoir un droit à l’essai
Aurélie Hudy, éleveuse et secrétaire générale de Jeunes agriculteurs en Haute-Savoie, a ainsi pu témoigner le 18 juin de cette mesure déjà en place dans son département et dont elle a profité. « Il faut pouvoir se tester sur un an complet pour trouver sa place », témoigne-t-elle. Après une première période d’essai dans l’exploitation familiale avec son frère, elle s’est rendu compte que « ça n’allait pas coller » et a pu refaire une période d’essai dans une exploitation où elle était salariée avant de s’associer. « Pour moi c’était essentiel d’avoir un droit à l’essai. En Gaec on est tout le temps ensemble, quand le robot de traite tombe en panne on passe la nuit sur place. On déborde sur la vie privée », a-t-elle témoigné.
🗓️ Mal-être agricole : parlons en ! | 🎙️Pour @AurelieHudry #JA74 : "Le droit à l'essai m'a permis de constater que je ne trouvais pas ma place dans un premier #GAEC familial. Cela permet de se donner le temps et d'analyser la complétude du projet." [...]
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